Un jour comme aujourd’hui, 35 secondes ont suffi pour voir la courbe de notre existence se redessiner. Le séisme du 12 janvier 2010, un événement qui ne cessera jamais de nous hanter l’esprit et qui a changé en profondeur le cours normal de notre vie.

Un jour comme aujourd’hui, 35 secondes ont suffi pour voir la courbe de notre existence se redessiner. Le séisme du 12 janvier 2010, un événement qui ne cessera jamais de nous hanter l’esprit et qui a changé en profondeur le cours normal de notre vie. Haïti souffrait déjà de tous les maux depuis plus de deux siècles. Et ces 35 secondes allaient suffire pour réduire à néant l’espoir d’un peuple plongé dans une agonie accablante. 

Ceux qui étaient encore debout après le cataclysme pouvaient constater l’effondrement littéral des immeubles, des vies ensevelies sous des tonnes de béton, des cris, des blessés, des morts, des morts, et encore des morts couvrant les trottoirs d’une capitale devenue en l’espace d’un cillement un cimetière. La violence de cette secousse de magnitude 7.3 poussait les survivants à invoquer le Bon Dieu, les loas ou tout autre être capable d’apporter un peu de répit aux effets infernaux de ces 35 secondes de cauchemars.

Il s’en suivit une nuit glaciale totalement peinte aux couleurs de la tristesse qui envahissait toutes les familles. Personne n’était épargnée. Les survivants n’avaient assez de larmes pour pleurer leurs disparus ou le fruit de toute une vie de labeurs emporté.

L’émoi avait définitivement un visage en ce moment. Et une fois encore, nous avons réalisé que, en dépit de nos différences, nous sommes liés par le sang et par la terre. Plus questions de couleur, de classes sociales, plus de question de richesse ou de pauvreté. Il a fallu ces 35 secondes pour nous appeler pendant un certain temps que nous étions une seule nation, un seul peuple, un seul pays, condamnés à nous unir, vivre ensemble et nous protéger l’un l’autre contre nos ennemis.

Voir la mort nous frôler ainsi devrait susciter un changement chez nous ou nous pousser à prendre une résolution.  Mais quel changement ? Quelle résolution ?

Onze années plus tard en 2021, malheureusement, nous constatons que la situation du pays et du peuple n’a fait que s’aggraver. L’insécurité et la violence sont devenues un mode de vie. Etre en vie est un privilège rare. L’économie est anémiée. Presque toutes les promesses faites à la population ne sont pas tenues. Personne ne croit en personne. La confiance est une denrée rare.  

Ce qui nous porte à nous demander, où est passée l’unité que nous avons affichée le 12 janvier 2010 et après. Où est passé notre détermination à construire une nouvelle Haïti ? Que sommes-nous devenus aujourd’hui. Quelle est notre histoire ? Quel avenir nous attend demain ? Tant de questions qui restent sans réponse.

Nous nous amusons à préparer des plans conjoncturels non des plans d’avenir. Le séisme du 12 janvier était une alerte pour nous sensibiliser à repenser notre société. Il nous a laissé un gout amer à la bouche mais il me semble que nous n’avons appris aucune leçon de cette tragédie. Il faudrait y penser et nous ajuster puisqu’il n’est pas trop tard. C’est maintenant ou jamais.