Dans une vidéo tournée dans la nuit du 28 au 29 juin écoulé à l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie (https://youtu.be/-D4lrZXrPxM) , le reporter Kadhafi Noël illustre, de façon à faire pleurer, le cauchemar dans lequel l’incompétence et l’insouciance de nos dirigeants ont plongé la Grand’Anse et l’ensemble du pays au cours des dernières années. Kadhafi a promené sa caméra dans la cour de l’Hôpital, les couloirs et les chambres des patients, mettant au grand jour la multitude des drames humains qui se déroulent au quotidien dans cette institution presque centenaire. Ce n’est pas seulement la mort qui frappe à nos portes, c’est tout l’édifice des services sanitaires et des soins de santé légués par les générations d’hier qui s’effondre.

 

Dans une vidéo tournée dans la nuit du 28 au 29 juin écoulé à l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie  (https://youtu.be/-D4lrZXrPxM) , le reporter Kadhafi Noël illustre, de façon à faire pleurer, le cauchemar dans lequel l’incompétence et l’insouciance de nos dirigeants ont plongé la Grand’Anse et l’ensemble du  pays au cours des dernières années. Kadhafi a promené sa caméra dans la cour de l’Hôpital, les couloirs et les chambres des patients, mettant au grand jour la multitude des drames humains qui se déroulent au quotidien dans cette institution presque centenaire. Ce n’est pas seulement la mort qui frappe à nos portes, c’est tout l’édifice des services sanitaires et des soins de santé légués par les générations d’hier qui s’effondre.

 

Déboussolé par la situation catastrophique qui sévit à Jérémie à la veille du 99e anniversaire de son hôpital, l’animateur vedette Alex Saint-Surin  me demandait avec insistance il y a quelques heures : « Que faire ?  Que faire ? ». Incapable de trouver une réponse tant soit peu réaliste, je lui renvoyai la balle en murmurant « Que sais-je ? »

 En juin 2012, il y a donc exactement dix ans, la directrice médicale adjointe de l’époque, Concepcia Pamphile, me téléphonait, un matin de Jérémie, pour m’inviter à participer aux célébrations du 90e anniversaire de l’inauguration de l’établissement. Ne sachant que faire devant le dénuement de l’Hôpital et l’impossibilité d’offrir le moindre souvenir des célébrations aux dignitaires attendus, elle me proposait de rédiger en catastrophe « un p’tit quelque chose » à l’intention de ces invités. Le choix oscillait entre un imprimé d’une trentaine de pages et un texte photocopié de quelques pages.

Sans budget et à court de temps, je n’ai pu m’acquitter de cette mission que grâce à la générosité des commanditaires et des donateurs sollicités. Non seulement les délégués présents ont pu ainsi repartir de Jérémie avec une brochure d’une bonne trentaine de pages illustrées, mais le produit de la vente des deux cents exemplaires additionnels a servi à acheter du tissu pour confectionner des draps et des taies d’oreillers pour les lits des patients. Concepcia ne pouvait pas se faire à l’idée que ses patients soient forcés de dormir à même les sommiers ou les matelas de son hôpital !

Par la suite, j’ai repris la brochure  pour en faire un livre, et la communauté jérémienne d’Ottawa a mis sur pied un mouvement de solidarité qui a aidé à approvisionner l'hôpital en médicaments et en matériel médical. Après le passage de l’ouragan Matthew en 2016, cette initiative allait aider l’Hôpital à assurer son alimentation en eau potable à l’aide d’un puits artésien. Avec le recul, et surtout dans la profonde  tristesse qu’a laissée dans nos cœurs la nouvelle  complètement inattendue du décès de la Grande Concepcia en mai dernier, je revis chaque jour encore la période de travail intense de production de la brochure commémorative. Le souvenir également de la réalisation du livre Autour des 90 ans de l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie. Le sentiment que j’éprouve est un mélange de satisfaction du devoir accompli et d’une angoisse mal définie face aux incertitudes entourant l’avenir de cet établissement presque centenaire. À cela s’ajoute un certain regret de m’être arrêté en chemin après le constat d’une semi-réussite. Je me rends compte aujourd’hui qu’il faut reprendre la truelle et le marteau pour se remettre à rebâtir. L’Hôpital Saint-Antoine se meurt !

En me souvenant du triste destin de l’École Frère Paulin, qui a été  laissé à la dérive et a disparu après avoir célébré dans le faste son centenaire en 1977, j’écrivais déjà en 2012 qu’il fallait commencer immédiatement à préparer avec quelques projets d’envergure les célébrations du centenaire de l’Hôpital. Hélas, rien n’a été fait en ce sens et nous voilà de nouveau pris au dépourvu à l’approche de cet événement qui arrive à grands pas. Les nombreux fils de la Grand’Anse étant en général énergiques et  généreux, il s’est trouvé, ici au Canada et aux États-Unis, un noyau de bénévoles suffisamment inspirés  pour lancer l’idée de voler au secours de cet établissement menacé d’abandon.

De partout, les Jérémiens veulent s’organiser pour sauver leur hôpital, car l’insouciance des dirigeants est telle que la population ne peut plus compter sur ces derniers. L’explosion démographique et l’évolution rapide des besoins de la population en services sanitaires et en soins de santé obligent à repenser de fond en comble à la fois la structure et la gestion et le mode de financement de l’Hôpital. À la veille du Centenaire de cet établissement, il ne peut être seulement question de replâtrage ni de rafistolage de ces installations vétustes. Maintenant, il nous faut du neuf. Davantage d’espaces. Du sang neuf. Des idées nouvelles. Tandis que tout semble s’effondrer sous nos pas, nous sommes tenus de rêver d’un avenir meilleur pour nos concitoyens. Nous devons penser grand et élaborer un projet grandiose de transformation de ce petit hôpital de province qui nous a vus naître en un grand centre hospitalier de référence. En un hôpital universitaire  bien pourvu et capable de mobiliser le vaste bassin de ressources humaines et matérielles éparpillées dans le pays et à l’étranger. Nous pourrons pour cela compter sur les initiatives de solidarité désintéressée et de réciprocité que nos fréquents malheurs  inspirent aux nations sœurs d’Amérique latine et d’ailleurs. 

Pour éviter que cette aide ne soit une forme d’aumône, il faudra que les pouvoirs publics et les Grand’Anselais contribuent dans la mesure de leurs moyens au financement et au fonctionnement du nouvel établissement. Parmi les nombreux projets de transformation de l’Hôpital qui sont sur la table, il y a celui du chirurgien Blondel Auguste qui, en sa qualité de représentant de l’Association médicale de l’Amérique Latine (AMECA), lançait déjà à Beaumont l’an dernier, avec le concours de l’inoubliable Mérès Wèche, l’initiative très prometteuse du Club des 120 ans. Je partage avec lui l’idée que l’aide internationale doit être, d’où qu’elle vienne, le complément d’un effort local. En aucun cas, un projet d’une telle envergure ne devra être, uniquement ou essentiellement, l’œuvre de donateurs étrangers.

Grand’Anselais et Grand’Anselaises, tournons nos regards vers l’avenir et unissons nos efforts pour doter notre ville, notre arrondissement et notre département d’un centre hospitalier moderne qui fera la fierté de toute la région.

 

A propos de

Eddy Cavé

Eddy Cavé est un écrivain haïtiano-canadien qui s’est établi à Ottawa en 1971 après un début de carrière à la banque centrale d’Haïti et des études en droit, en banque, en affaires internationales et en statistiques économiques. Mettant à profit sa formation  multidiscip…

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