Les Taïnos avant et après le débarquement des espagnols

 

Les Taïnos avant et après le débarquement des espagnols

Au commencement, Haïti ou terre montagneuse était peuplée d’Indiens. Peuple simple vivant en parfaite harmonie avec la nature, il avait un profond respect pour tout ce que le créateur a mis à leur disposition. Il vivait des produits de l’agriculture, de la pêche et de la chasse. Son respect pour la nature était tel que chacun de ses éléments représentait un dieu qu’il vénérait et adorait. Ne connaissant aucune religion, la terre, l’eau, les nuages, la lune, le vent, les végétaux, les minéraux et les animaux constituaient un monde d’harmonie pour ses croyances spirituelles.

Ses principales distractions étaient la musique, la danse et les jeux de pelote. Les principaux rituels mettaient en scène des danses sacrées appelées areytos accompagnées de divers instruments, notamment du tambour. Les Indiens étaient de remarquables sculpteurs. Leur bonheur était éclatant.

Il a fallu cependant l’arrivée des conquistadors espagnols pour que ce bonheur prenne fin. Croyant qu’ils étaient des dieux venus du ciel, les Tainos les reçurent pacifiquement. Mais c’était mettre la main dans la gueule du tigre.

Une fois sur l’île, les Espagnols découvraient le trésor qui faisait accélérer le rythme de leur cœur « l’Or ». A tout prix ils devaient s’en emparer. Ainsi le paradis de cette île s’est vu transformer en cauchemar.

 

Comme l’a pensé Claude Bernard Sérant : « Haïti a eu le malheur de receler des mines d'or à l'arrivée des Espagnols sur l'île ».

Ne pouvant accepter d’être asservis et de travailler durement dans les mines, ils ont préféré se battre. Malheureusement, ne disposant pas d’armes aussi puissantes que celles des envahisseurs, ils succombaient en grand nombre et d’autres prenaient la fuite pour se réfugier dans les grottes et dans les montagnes.

 

L’arrivée des Africains

Pour remplacer la main-d'œuvre indienne dans les champs et dans les mines, les nouveaux maîtres d’Hispaniola faisaient venir des Africains victimes des guerres tribales qui secouaient ce continent. Une fois arrivés sur le sol d’Haïti, ces Africains provenant de régions diverses de l’Afrique étaient des étrangers les uns pour les autres à leur arrivée sur cette île. Leurs langages étaient différents parce qu’ils provenaient de tribus différentes.

Au fil des nombreuses années passées sous le fouet et les supplices de toutes sortes infligés par les maîtres, Ils étaient devenus unis, malgré leur différence de langage par une seule et même force : « le désir de liberté ».

Dans cet état d’esprit, qui pouvait remarquer comment cette perle avait accueilli ce peuple dont l’unique priorité était de se libérer du joug des colons enfiévrés par la quête de l’or ? Qui pouvait aussi se souvenir que cette terre était devenue notre berceau quand notre conscience collective fixait un seul point « La liberté »?

C’est juste pour nous rappeler qu’Haïti souffrait déjà de l’injustice des conquistadors avant l’arrivée des Africains. Étant témoin de la perte de ses enfants dans les combats et les travaux forcés ; sa souffrance s’était accrue au fur et à mesure qu’elle accueillait nos ancêtres après un long et périlleux voyage.

Ces hommes furent arrachés de leur terre natale, le cœur lourd et laissant parfois derrière eux femmes et enfants maltraités et violés, ils sont jetés comme des sardines dans les cales infectes du Négrier pour une destination inconnue. Cette mer qui les mène vers Haïti leur chantait tantôt des berceuses par le cri des mouettes qui sillonnaient le bateau, tantôt elle leur arrachait des cris ou des plaintes par des vents tempétueux d’un ouragan. Leur souffrance venait aussi des chaînes en fer rouillées qui leur ceinturaient le cou, les poignets et les chevilles.

Ils souffraient le martyr. Quelques-uns jouissaient de certains privilèges. Le travail de la terre ne leur était plus attribué. Des femmes se sont vues devenir les maîtresses des blancs, accouplement dont sont sortis des enfants d’un mélange rare (Métis). Quelques hommes, de par leur intelligence, avaient rempli certaines tâches domestiques qui leur garantissaient plus tard l’affranchissement. (Réflexion pour plus tard)

La poignée d’hommes et de femmes jouissant des faveurs des blancs était minime, voire insignifiante par rapport au nombre d’esclaves dans les champs et dans les mines. Fuite, marronnage, rébellion, rassemblement, conspiration, s’alignaient depuis déjà quelque temps dans les camps esclaves. Cette succession de mouvement de protestation contre l’esclavage va s’acheminer vers la première étape d’une révolte inévitable qui éclata le 21 août 1791.

 

 

Rôle des esprits loas dans notre indépendance

En nous fiant à l’histoire, nos ancêtres avaient fait appel à des esprits guerriers venant de leur continent pour combattre leurs assaillants. Avec leur aide, ils avaient atteint leur objectif sublime de liberté.

Il est bon de se souvenir de ces esprits libérateurs dont une grande partie de la population haïtienne voue un culte reconnaissant. En effet, ils méritent notre reconnaissance. Bien entendu nos ancêtres n’ont pas pu jouir longtemps de leur présence mais ils nous ont légué cette terre qui continue jusqu’à aujourd’hui de nous bercer.

Il est temps d’accorder une attention toute particulière à cette mère qui fait encore appel à notre gratitude. Nous ne vous demandons pas de vous vêtir de pagne et de plume comme les Tainos. Cette mode n’est pas encore de mise chez nous. Ou de vous agenouiller devant un arbre pour prier, la religion nous a appris que notre créateur étant un Dieu tellement jaloux qu’il nous a envoyé par Moïse les commandements à respecter pour mériter son royaume. Mais l’amour de la nature nous défendra de détruire un arbre sans le remplacer. Plusieurs d’entre nous ne prendront plus plaisir à entendre ou voir hurler un animal, etc.

Faisons un peu de mathématiques spirituelles : les Tainos nous ont laissé l’amour de la nature, nos ancêtres nous ont légué le vaudou, et au centre nous avons la religion apportée par les Européens. Ces trois forces forment un triangle que nous peuple haïtien avons choisi de placer la religion à l’angle droit (au sommet) de ce triangle ; l’amour de la nature se trouvant au point le plus éloigné de l’angle et le vaudou un peu plus proche de la religion. Et si nous utilisions ces trois forces pour enrichir notre intellect puisque ces richesses nous appartiennent ?

Les vrais fils de cette terre n’ont-ils pas eu le temps de nous inculquer une infime partie de leur connaissance mystique et /ou spirituelle ? Plusieurs d’entre nous ont adopté certains cultes et y sont restés attachés, d’autres consacrent leur foi aux entités vodouesques.

Cherchons à comprendre ces bienfaiteurs qui nous ont adoptés, aimés et qui malgré leur souffrance veulent encore nous instruire, nous indiquer le chemin à suivre. Pour les comprendre et finalement jouir sainement et pleinement de la richesse de cette île. Ce petit bout de terre riche.

Nous nous entêtons toujours à croire que l’histoire d’Haïti a commencé avec l’arrivée des Africains, pourtant elle date de plus loin.

Nous pouvons dire que, malheureux au début, nous avons souffert de notre détachement de notre terre natale, de la perte de nos familles et des mauvais traitements des colons. Mais cette terre chérie qui nous a accueillis est comme une femme après l’accouchement. Malgré le très long cauchemar de l’esclavage qui a duré plus de trois siècles (1492 – 1804), nous sommes fiers aujourd’hui d’être les dignes héritiers de la terre qui symbolise la liberté.

Nous devons une fière chandelle à la tête pensante et reconnaissante de ce magazine (Xaragua) qui ramène notre conscience à cette partie presque oubliée de l’histoire de cette île.

 

 

 

Lucie Edline Geneus est née aux Cayes un 18 décembre. Dès sa tendre enfance sa passion pour la nature était sans borne (chiens, chats, oiseaux cherchaient une place sur ses genoux ou devant son lit. Amoureuse de l'innocence, elle prenait soin pendant les vacances, des bébés d…

Biographie