L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise la santé mentale comme « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ».

Les attitudes envers la santé mentale doivent changer. Kate Middleton Duchesse, Femme d'état (1982)

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise la santé mentale comme « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ». Selon cette définition, être en bonne santé mentale ne consiste donc pas uniquement à ne pas avoir de maladie ou d’infirmité mentale. Des altérations qui affectent la pensée, des altérations de l'humeur ou du comportement individual porteuses de détresse ou de souffrance sont parties intégrantes des maladies mentales. Le comportement de la personne atteinte peut mettre en exergue des signes de changement qu’un observateur attentif dans l’entourage du patient peut aisément observer. Parfois, le patient lui-même peut ressentir ses propres symptômes avec un tant soit peu d’introspection.

Un professionnel de la santé mentale considère l’ensemble des signes et des symptômes rapportés par le patient ou par son entourage pour évaluer l’état de la personne et poser un diagnostic. Par exemple, les proches d’une personne atteinte peuvent remarquer qu’elle s’isole. La personne atteinte, de son côté, peut avoir du mal à se concentrer, à dormir, à se nourrir, ou peut se sentir triste ou anxieuse. 

Sans faire fi des définitions éloquentes de la santé mentale, force est de constater que tout comme le secteur de l’éducation, la santé mentale est traitée en parents pauvres de par le monde. Dans toutes les cultures la santé mentale est stigmatisée et méprisée à certains niveaux, les uns plus criant et révoltant que les autres. 

Si nous considérons les données statistiques, près de 20 % de la population du Québec, soit 1 personne sur 5, souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. Pourtant, moins de la moitié des personnes qui souffrent d’une maladie mentale consultent un professionnel. L’OMS estime que 25% de la population mondiale est affectée et qu’en 2020, la dépression sera la 2e cause de maladie et d’incapacité, après les maladies cardiovasculaires. La plupart des Québécois seront un jour ou l’autre touchés par la maladie mentale, personnellement ou chez un parent, un ami ou un collègue. Tout comme les maladies physiques, les maladies mentales peuvent frapper n'importe qui, sans distinction d’âge, de sexe, de statut social, de niveau d’instruction, de nationalité ou d’origine ethnique. 

La situation n’est pas plus rassurante aux Etats-Unis d’Amérique ou en Europe. Point n’est besoin de mentionner les contrées ou la carence des ressources est outrancière. Le CDC ou Centre Américain de contrôle des maladies et de prévention, rapporte une morbidité mentale de 11.2% chez les plus de 18 ans dont 4.7% sont régulièrement déprimés. En 2016, les besoins en santé mentale ont causé 56.8 million de visites médicales en soins primaires contre 4.8 million de visites aux Salles d’Urgence. La mortalité par suicide donne froid au dos avec 48.344 soit 14.8 fatalités pour 100.000 habitants.

Si les données statistiques présentent un tableau plutot déprimant, les données financières plutot renversantes sont carrément décourageantes et montrent la légereté avec laquelle les gouvernements du monde font face à ce probleme mortel. Il est criant de constater que les promesses politiques durant les campagnes ne se traduisent jamais en allocations budgétaires substantielles ayant une chance d’améliorer les conditions de nos malades mentaux. 

Lors de mes recherches sur le sujet, j’ai rencontré des discours avec des envolées oratoires les une plus éloquentes que les autres. Nous avions été témoin de campagnes de sensibilisations après campagnes de sensibilisations concernant la santé mentale avec pour objectif avoué, l’élimination des stigma. 

Selon l'Atlas, le rapport global sur les indicateurs de base en santé mentale publié en 2014 par L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 88 % de ses états membres y ont contribué. 

68 % des Etats membres de l'OMS ont une politique ou un plan spécifique dédié à la santé mentale. 

51 % ont une loi spécifique sur la santé mentale. 

Les ressources humaines et financières allouées à la sante mentale font peine à concevoir.  Les niveaux de dépenses publiques pour la santé mentale sont très faibles dans les pays ayant un niveau de revenu bas et moyen (moins de 2 $ US par habitant). Une large proportion de ces fonds est destinée aux soins hospitaliers, en particulier les hôpitaux psychiatriques. Globalement, le nombre médian de professionnels en santé mentale est de 9 pour 100 000 habitants, mais de grandes variations existent (moins d'un pour 100 000 habitants dans les pays à bas revenu à plus de 50 dans les pays à haut revenu).

Coté accessibilité, les services de santé mentale sont difficiles à acquérir. Le nombre médian de lits en santé mentale pour 100 000 habitants varie de moins de cinq, dans les pays à revenu faible et moyen-inférieur, à plus de 50 dans les pays à haut revenue. De grandes disparités existent également pour les services de soins ambulatoires et l'aide sociale.

En ce qui concerne promotion et prévention en sante mentale, seulement 41 % des Etats membres de l'OMS ont au moins deux programmes en cours de promotion et de prévention en santé mentale. Parmi plus de 400 programmes recensés, plus de la moitié visaient à améliorer les connaissances en santé mentale ou à lutter contre la stigmatisation.
Qu’en est -il d’Haiti dans tout cela? 

En Haïti, la longue liste de nos malheurs quotidiens s’est vue aggraver avec la COVID-19 et toute attention à la santé mentale est renvoyée aux calendes grecques. Une fois de trop, une situation qui était déjà à la limite du désespoir s’est empirée. L’Organisation Mondiale de la Santé appelle les différents acteurs à investir sérieusement dans la santé mentale. Le confinement généralisé (pays lock), la perte d’emplois, le stress et l’anxiété occasionnés par la situation d’incertitude quasi généralisée sur l’avenir, la mort de proches sont des raisons avancées par l’organisme mondiale.

Sans édulcoration, selon les chiffres rapportés par l’OMS en 2017, Haiti dispose de 131 professionnels de santé mentale, tous niveaux confondus. Ceci représente en moyenne 1.22 professionnel de santé mentale pour 100.000 habitants dont 0.07 psychiatre. Le taux de suicide est de 11.7 pour 100.000 habitants. Du côté des dépenses publiques, si on ose utiliser ce terme, 1.62% du budget alloué à la santé en général supporte la santé mentale. Cela signifie que l’état haïtien dépense en moyenne 5.46 Gourdes par haïtien par an pour fournir des soins mentaux. On se demande avec curiosité, quelle qualité de soin mentale peut on se procurer pour 5 gourdes en Haiti???

Nonobstant les problèmes chroniques d’Haiti, ajoutons le ralentissement de la vie économique, la fermeture des écoles, nous faisons face à une série d'événements qui renversent nos vies et qui sont pour le moins traumatisants pour les plus fragiles d’entre nous, augmentant ainsi la nécessité et l’urgence de l’accès de nos besoins en santé mentale. Si l’Organisation mondiale de la santé met l’emphase sur la nécessité d'investissement en santé mentale, ce besoin est exposé à nu dans le contexte haïtien.

Actuellement, l'Association haïtienne de psychologie offre son aide à la population à travers une ligne d’assistance psychologique gratuite: 2919-9000. Le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle en partenariat avec le Volontariat pour le développement d’Haïti(VDH) offre le 8113 comme service de télé-assistance psychologique pour les jeunes. Je veux monter au créneau pour la défense de la santé mentale, nous avons besoin d’un investissement humain et économique ciblé pour la prévention et la prise en charge. Je prévois certes, un travail soutenu et continu, mais le besoin est  réel et l’objectif est vital.

Nous devons tous nous soucier de prendre soin de notre santé mentale et de notre bien-être. Tout comme nous importent les autres aspects de nos vies comme notre sécurité physique et sécurité de l’emploi. Pour les personnes déjà atteintes de maladie mentale, il est essentiel de demander de l’aide. Il est important de continuer à recevoir l’assistance nécessaire afin de surmonter les difficultés plus rapidement que si vous vous renfermiez sur vous-même. 

Faisons face ensemble aux préjugés sociaux et financiers liés aux maladies mentales. N’hésitons pas à consulter un professionnel de santé à cause de nos propres préjugés ou de ceux de notre entourage envers la maladie. Certains d’entre nous n’utilisent pas les services disponibles par peur du jugement des autres, par manque de moyen ou parce qu’ils se croient être  exempts de pareilles afflictions. Les maladies mentales ne sont pas des faiblesses personnelles. Ce sont des maladies comme les autres, et elles peuvent être soignées.

Je lance donc un appel solennel à l’investissement dans la santé mentale en Haïti. Visitez l’encadré en bas pour toutes les données statistiques sur Haiti. www.who.int/mental_health/evidence/atlas/profiles-2017/HTI.pdf


 

Tout ce qu'on nourrit s'épanouit. Oubliez ce qui vous blesse, vous rend triste ou mine votre santé mentale.   Lume.