Très souvent, on entend parler, dans le domaine éducatif, de certains handicaps tels que l’exclusion à l’école, l’échec scolaire, le harcèlement scolaire, l’abandon scolaire, et tant d’autres. Cependant, si l’on se décide à effectuer une enquête beaucoup plus exhaustive dans le domaine éducatif haïtien plus particulièrement, on se rend vite à l’évidence que l'abandon scolaire, en l’occurrence, demeure le handicap le plus fréquent.

Très souvent, on entend parler, dans le domaine éducatif, de certains handicaps tels que l’exclusion à l’école, l’échec scolaire, le harcèlement scolaire, l’abandon scolaire, et tant d’autres. Cependant, si l’on se décide à effectuer une enquête beaucoup plus exhaustive dans le domaine éducatif haïtien plus particulièrement, on se rend vite à l’évidence que l'abandon scolaire, en l’occurrence, demeure le handicap le plus fréquent.  Quelles en sont les causes ? Les conséquences qui en découlent ? Et comment pourrait-on y remédier ? 

En Haïti, comme il nous est donné de le constater, beaucoup de jeunes se retrouvent à un moment ou à un autre dans l’obligation d’abandonner la voie de l’instruction qu’ils avaient empruntée quelques années auparavant. La cause première qui nous vient à l’esprit est l’affaiblissement économique du bas-peuple et de la classe moyenne que certains analystes persistent encore à associer au premier, vu la similarité de leurs situations précaires. Ce qui se produit en fait c’est que face à leur manque de ressources financières, les parents vont se résigner et abandonner leur rêve d’amener leurs enfants vers la fin de leurs études scolaires.

Une des autres causes de l’abandon scolaire en Haïti est l’ensemble de difficultés auxquelles doivent faire face les élèves au moment des épreuves du baccalauréat. En effet, au moment où la classe de rhétorique exigeait les examens d'État, un grand nombre d’élèves ne pouvaient franchir cette étape, la réussite de ces examens leur étant impossible, comme c’est souvent le cas également pour ceux de la terminale. Après plusieurs tentatives sans succès et voyant le temps filer, ils se résignent à tout abandonner et à opter pour l’apprentissage sur le tas d’un métier manuel, car, très souvent, ils doivent pouvoir prendre soin de leurs parents avant que ces derniers ne meurent. À cela, on pourrait ajouter l’imposition de la langue française (qui n’est pas la langue d’usage) aux élèves qui, ainsi, se retrouvent dans l’incapacité de bien traduire leurs pensées, de bien comprendre les notions enseignées et de les mémoriser. Donc, leurs lacunes s’accumulent, ce qui cause un grand retard dans leur cheminement et débouche sur un abandon face à leur échec répété des examens d’état. 

Par ailleurs, la démission de certains parents contribue également à ce fléau d’abandon scolaire.  Nous ne parlons pas ici de démission dans la mesure où ces derniers n’envoient pas leurs enfants à l’école, pour des raisons financières, mais nous faisons plutôt référence à ces parents démissionnaires devant leurs enfants qui, à l’école, décident de faire n’importe quoi de leur vie d’écolier. En effet, de nos jours, dans ce pays sombrant chaque jour davantage dans la déliquescence, certains élèves utilisent l’école comme une passerelle pour solutionner leurs problèmes, pour régler leurs conflits de clans (d’où l’apparition de grandes bagarres dans les établissements scolaires avec souvent pour conséquence l’emprisonnement de ceux qui y sont impliqués). Ils/elles  utilisent l’école comme lieu pour se faire des petits amis ou des petites amies, écouler toutes sortes de marchandises. Ils y restent jusqu’à des heures tardives pour participer aux activités des Disk Joker (DJ) où on les voit fumer et consommer de l’alcool à volonté, tout en se livrant à des danses obscènes. C’est dans ce sens que certains parents se retrouvent coupables de leur abandon scolaire, synonyme de situation où l’enfant est toujours à l’école, mais n’a guère un comportement d’élève. Ils sont coupables parce qu’ils n’ont pas su diriger leurs enfants rebelles d’un bras de fer et les ramener dans le droit chemin. 

Pour remédier à tous ces maux, on doit jeter un coup d’œil sur la situation des gens du bas-peuple. Elle n’a cessé de se détériorer. En effet, à mesure que les années s’écoulent, leur précarité s’accroît. L’État devra donc, dans le cadre d’un programme social prioritaire, leur accorder un soutien particulier.  Ensuite, des mesures spéciales devront être prises pour aider les élèves à augmenter leur taux de réussite scolaire. Un vrai débat devra être mené sur le choix de la langue d’enseignement qui, selon plus d’un, n’est pas étrangère aux difficultés scolaires de certains Haïtiens. Personnellement, je pense qu’il faudra accorder une plus grande place, la place prépondérante au créole qui, dans les faits, est la langue de tous les Haïtiens. La situation deviendra alors beaucoup plus facile pour les élèves tant au niveau de la compréhension des notions enseignées que lors des activités pour leur mise en application. Par ricochet, le taux d’échec aux examens officiels diminuera considérablement, diminuant conséquemment le taux d’abandons scolaires. 

Sur le plan purement logistique, l’état devra faire sa part pour permettre que des services de base comme l’accessibilité à l’énergie électrique ou autre ne soient plus un luxe. Les élèves seront bénéficiaires d’une telle mesure et pourront étudier dans un certain confort, utiliser l’internet, avoir accès à de la nourriture saine et bonne… 

Pour les parents insouciants, l’état devrait organiser des séminaires pour les aider à mieux comprendre et à mieux exercer leur rôle, et surtout à mieux saisir toutes les conséquences de l’impasse dans lequel se retrouveront leurs enfants si, de très tôt, eux parents ne s’affirment pas  face à des enfants qui, sous de mauvaises influences, tombent dans la pleine délinquance. 

Notre système éducatif est très boiteux. L’abandon scolaire est un vrai fléau et un problème transversal. En effet, de nombreux autres secteurs qui dépendent directement ou indirectement du secteur de l’éducation souffrent considérablement de sa déficience. Nous devons donc, à tout prix, redynamiser ce secteur, traquer le problème de l’abandon scolaire et, ce faisant, nous viendrons à bout de bien d’autres problèmes.