La question de l’éducation, l’une des grandes conquêtes de l’homme dans sa marche évolutive, ne se pose plus en termes d’alternative sociale. De l’Antiquité à nos jours, l’éducation s’impose de plus en plus comme une nécessité incontournable aux communautés humaines constamment en quête de dépassement, d’évolution et de perfectionnement.

La question de l’éducation, l’une des grandes conquêtes de l’homme dans sa marche évolutive, ne se pose plus en termes d’alternative sociale. De l’Antiquité à nos jours, l’éducation s’impose de plus en plus comme une nécessité incontournable aux communautés humaines constamment en quête de dépassement, d’évolution et de perfectionnement. Aujourd’hui, aucun pays, aucune société humaine digne de ce nom ne se conçoit sans la mise en place d’un système éducatif fiable.

Malheureusement en Haïti, après plus de 215 ans d’indépendance, les clivages sociaux se répercutent dans un système scolaire à vitesses multiples. Ce qui fait qu’on y trouve une école pour les nantis, une école pour les humbles et une école pour les pauvres, avec un taux de fréquentation très en dessous de la moyenne.  Pourtant, les experts en la matière soutiennent que le je en développement, Haïti fait face à des problèmes tant au niveau de l’offre que de la demande scolaire. 

« En ce qui concerne l’offre, il n’y a pas suffisamment de places dans les écoles pour accueillir les enfants. Pour ce qui est de la demande, le coût moyen des frais de scolarité qui s’élève à 80 dollars par enfant et par an, hormis les coûts des livres, des uniformes et du transport, rend l’éducation de base inaccessible pour de nombreux enfants. Le système scolaire haïtien est dominé par le secteur non-public, l’enseignement étant dans ce cas dispensé par des organismes religieux, non gouvernementaux ou à but lucratif. Plus de 80 % des écoles primaires ne sont pas publiques et accueillent plus de 80 % de l’ensemble des élèves », informe le GPE dans un rapport.

Toujours selon les données du GPE, Haïti est l’un des pays qui dépensent peu dans son système éducatif.  En 2014-2015, les dépenses dans le secteur de l’éducation représentaient 19,8 % du total des dépenses du gouvernement d’Haïti, soit 9 % du produit intérieur brut, estime l’organisme.

Malgré les promesses des deux derniers gouvernements haïtiens de faire de l’accès à l’éducation de qualité une de leurs priorités, le système éducatif continue à montrer des faiblesses criantes à bien des égards.  Pour la formation de base pourtant primordiale, elle ne fait l’objet d’aucune attention particulière. Cette formation, selon les normes pédagogiques admises, offre la possibilité à l’enfant d’acquérir des connaissances, des aptitudes et attitudes lui permettant de comprendre son environnement, d’interagir avec lui, de poursuivre sa formation au sein de la société et de participer plus efficacement à son développement économique, social et culturel. D’autre part, la formation des professeurs constitue un autre déficit majeur de ce système que l’État rechigne à combler.

Et comme résultat, nous avons actuellement le système éducatif le plus stérile, un système que l’instabilité sociopolitique fragilise encore davantage.  Ajouté à cela, l’exode massif de nos cadres vers des cieux plus cléments n’aide en rien la situation. Avec un tel environnement, on comprend facilement le classement d’Haïti au plus bas niveau du palmarès des institutions internationales lié au développement humain, à la croissance ou à la compétitivité mondiale. 

La situation telle qu’elle se présente aujourd’hui n’augure rien de positif pour l’avenir. Haïti est le seul pays qui n’est pas en guerre, mais qui, pourtant, reporte l’ouverture de sa rentrée scolaire à une date indéterminée. Le 20 novembre dernier ramenait la journée mondiale de l’enfance et également le 30e anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. Pourtant, près de deux millions d’enfants haïtiens attendent de retrouver les bancs de l’école après environ 5 mois de vacances forcées.  

Une telle situation ne peut qu’affaiblir un système éducatif déjà décrié et qui ne demande qu’à être renforcé. Cependant, loin de s’entêter à trouver une issue favorable à la crise, les parties en conflit, concernées par celle-ci, campent sur leur position, aggravent la situation et condamnent le pays et le système éducatif en particulier à l’asphyxie.

Cette crise, qui nous guette en permanence, témoigne du déficit de compétences et de connaissances académiques, mais aussi et surtout du déficit d’éducation civique et morale qui nous prive de citoyens consciencieux, responsables, honnêtes, avec une tête bien faite et capables d’ériger une société viable. Les plus sceptiques diront que cette société équilibrée tant désirée n’est pas pour demain, en se référant à l’état actuel de dégradation de notre système éducatif. Car, on ne saurait faire mentir l’adage « Tant vaut l’éducation tant vaut la société, tant vaut l’avenir ».

L’éducation ne doit pas être seulement un élément décoratif, prompt à être exhibé. Elle doit permettre d’extirper l’homme de l’emprise de la pauvreté pour l’élever ‘’à la dignité de son être’’. En été 2016, la Banque mondiale (BM) a fait état de grands progrès réalisés dans le domaine de l’éducation à travers le monde. 

La BM rapporte que « Dans toute l’histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu autant d’enfants à l’école qu’aujourd’hui ».  Son rapport, intitulé « Le rôle crucial de l’éducation dans le développement économique », souligne, grâce à une projection, qu’en un siècle et demi (de 1900 à 2050), les chiffres de l’accès à l’éducation dans le monde auront donc plus que quintuplé... Pourtant, 124 millions d’enfants et d’adolescents ne sont toujours pas scolarisés. À ceux-là s’ajoutent plus de 250 millions d’enfants qui ont été à l’école, parfois pendant plusieurs années, mais qui ne savent pas lire ».

Dans ce même rapport, la BM a démontré, à travers une série de démarchés bien précises, que l’éducation est un investissement ; l’éducation est rentable ; le marché du travail exige des compétences nouvelles (les TIC); la nécessité de se concentrer sur les résultats scolaires, de développer les opportunités tout en veillant à l’équité.

La BM conclut son rapport en soutenant que « l’éducation est de toute évidence l’un des instruments les plus puissants pour lutter contre la pauvreté et les inégalités, ainsi que pour jeter les bases d’une croissance économique solide. Il est grand temps d’investir davantage dans ce secteur ».