A Joli, le futur appartient à ceux qui osent.

A Joli, le futur appartient à ceux qui osent.


La ville des Cayes dort déjà. Il fait noir à l'entrée du club. Ce soir, peu de gens sont venus danser. La piste de danse a perdu ses airs de grandes soirées ; aussi vide qu'une bouteille de rhum après minuit. La musique qui engouffre la salle essaie tant bien que mal d'enjoliver cette fête qui n'en est pas une. Ils y a des hommes qui scrutent la salle de fond en comble, des filles assisses qui les regardent d'un regard aussi vide que la piste. Devant, il y a le bar et ses serveuses courtement vêtues. Derrière, des hommes se prélassent dans la section VIP, leurs regards fiers racontent qu'ils se sentent rois du monde. A gauche, deux jeunes filles se tiennent dans une danse lente. Je réalise que je suis content de vivre dans un pays où deux femmes peuvent s'aimer à la vue de tous. Un viel homme les guette un peu plus loin. Je regarde passer un homme, vêtu de blanc, il offre des roses aux belles femmes du club. Et puis là, tout près, il y a toi. Assise sur la manche d'un canapé. Je ne t'avais pas vu. Ton amie avec sa grosse coiffure ne laissait pas rayonner ton calme. Je dois te parler, je prends un verre de cognac, sec pour plus de courage. Je m'approche et je vois ta copine refuser un prétendant. J'ai peur d'un refus. Je m'arrête, et marche lentement vers toi. Un homme plus rapide que moi s'approche de toi. Avec ses vêtements blancs et ses cheveux longs, il est beaucoup plus confiant que moi. Et toi tu lui refuse une danse. Maintenant, je suis sûr que tu me rejetteras aussi. Mais je prends mon courage à deux mains. Une femme aussi belle que toi vaut la peine.
-puis je danser avec vous madame ?
-Non.... La prochaine.
Je m'éloigne de toi et les deux prochaines minutes de la chanson ont l'air de deux heures. Et finalement un nouveau morceau. Je m'approche de toi, le pas léger, le sourire aux lèvres. Tu me souris aussi et je t'entraine sur la piste de danse. Elle est toujours vide mais je ne vois que ton sourire qui m’envoute. Pendant trois minutes, le monde tourne dans tes bras, dans tes hanches où je m'agrippe.  Je caresse ton corps, là sur la piste de danse. Je te fais l'amour dans ma tête en prenant soin de ne pas t’offenser ; je suis quand même assez timide. Et tu me tapes sur l'épaule, tu me fais savoir que la musique s'est terminée. Tu éteins mon paradis, comme la bougie d'un miséreux. Il fait un peu plus noir tout d'un coup. Je te regarde partir dans cette courte robe qui semble emporter mon bonheur. Je pars pour mieux revenir.
-Je peux vous offrir un verre.
-ils n'ont pas ce que je veux.
-que veux-tu ?
-du vin
-blanc ou rouge
-blanc
Je repars vers le bar comme empreint d'une mission. Je trouve ton vin blanc et je me sens roi du monde comme ces hommes assis seul dans la section VIP. Je reviens vers toi, le sourire aux lèvres, le verre à la main te dire que je fais des miracles. J’ai envie de te parler, de t’apprendre, te voir sourire encore une fois. Mais les mots me font défaut, j’ai l’impression d’avoir seize ans une fois de plus. Et nous dansons encore et encore. Je crois finalement te posséder, juste pour une soirée car un homme comme moi ne peut t’avoir pour la vie. Je me saoule de ton sourire, de ton corps majestueux qui m’ensorcelle. Je pense à la vie, à l’amour, au bonheur que je pourrais te construire. Mais tu me refuses ton numéro de téléphone et je comprends que le paradis n'existe que le temps de quelques morceaux de musique, le temps d'une soirée.
 

A propos de

Alain Ménélas

Alain Ménélas est un natif des Cayes. Après des études primaires à la Nouvelle Ecole Primaire, Il compléta ses études classiques aux Cours Prives Edme à Port-au-Prince. Quelques années plus tard, Alain reçut son diplôme en Sciences Economiques avec une spécialité en…

Biographie