Au mois d'octobre 1878, plus précisément le 20, Boisrond CANAL alors Président de la République, le gouvernement haïtien conséda à l'Église Catholique, par l'entremise de Monseigneur Morice, cette portion de terre oú se trouvaient encore les ruines de la caserne et du palais du Général André RIGAUD pour l'édification de la paroisse du Sacré Coeur.
Au mois d'octobre 1878, plus précisément le 20, Boisrond CANAL alors Président de la République, le gouvernement haïtien conséda à l'Église Catholique, par l'entremise de Monseigneur Morice, cette portion de terre oú se trouvaient encore les ruines de la caserne et du palais du Général André RIGAUD pour l'édification de la paroisse du Sacré Coeur.
Un mois plus tard, soit le 23 Novembre de la même année, la population du Sud en général, celle des Cayes en particulier, se sont jointes aux Autorités haïtiennes, et aux autorités religieuses pour célébrer dans une ferveur hors pairs la fondation de cette paroisse dédiée au CACRÉ COEUR DE JÉSUS, avec pour premier Curé le Révérend Père GUILLAUME Casimir.
Ce Curé, devant l'immensité de la besogne à abattre, réfléchit seulement quelques jours et sans perdre de temps, se met courageusement au travail. Des chapelles furent créées dans diverses contrées où il va porter le message de l'Évangile. Ainsi ont vu le jour les chapelles de Saint Michel de Charpentier, de Laurent, de Simon, de Miserne, de Barthe, de Faucault, de La Porte, de Flandière etc.
Le Curé a sollicité et obtenu l'arrivée des Soeurs de Sainte Anne et l'ouverture de leur école congréganiste dans la paroisse. Plusieurs de ces écoles ont vu le jour. La besogne devient de jour en jour plus immense; car de plus en plus de fidèles adhèrent au mouvement de la chrétienté par le catholicisme.
Le clergé breton français s'est seint les reins et s'est sacrifié pour le bien de ce peuple qui lui a été confié. Et les prêtres envoyés pour prêcher la bonne nouvelle de la sainte évangile, ont trouvé un terrain propice à leur travail.
Ils ont sensiblisé la population qui leur accordait une confiance béate, jusqu'à organiser et réussir en 1943 la fameuse CAMPAGNE DES REJETÉS, par laquelle les vaudouisants ont consenti à aller déposer eux mêmes sur la cour de l'église les reliques vaudou qu'ils entretenaient chez eux jusque là. Mais la paroisse du SACRÉ COEUR a toujours eu la chance d'être toujours dirigée par de bons Curés, toujours dévoués au service de Dieu et de la population. C'est ainsi qu'en 1960 est arrivé à la paroisse du Sacré Coeur des Cayes, sans doute sous l'instigation du jeune Évêque, Monseigneur Jean Louis Collignon, le fougueux et talentueux Père Roland Lussier, américain d'origine comme nouveau Curé de la paroisse où il va passer 22 ans à semer la bonne parole de l'évangile.
C'est la plus belle et la plus active période de la vie de cette paroisse qui a connu une vie active et florissante avec des activités eucuméniques multiples : cathéchèse, naissance des chorales des Gais Lurons et des Juniors, Choeur d'hommes, visites mensuelles avec messes dans toutes les chapelles, visites dans les foyers qui en ont besoin. Comité liturgique. Club des Gais Lurons avec des réunions culturelles chaque vendredi soir.
Le Père Charles Héon, vicaire, apportait une assistance sans mesure à son curé. D'autres prêtres ont également assisté le Père Lussier dans la besogne: le Père Bolduc, le père Roger Halley, le Père Renaud Bouffard. Celui là assassiné à Chardonnières le 25 Mai 1971. Et j'en passe.
Le premier coup dur pour ce bâtiment fut le cyclone Cléo qui, le 24 Août 1964, a emporté une partie du toît et enfoncé l'autre. Á ce moment là le Curé était en vacances aux États Unis. Il devait rentrer au début d'octobre. Mais il a dû prolonger d'un mois, ses vacances et s'est mis à faire la quête au près de ses amis américains pour son église et sa paroisse sinistrées. À son retour au début de novemdre, il a ouvert toutes les portes de l'église et il a crié : "PIYAAY". Il a promis une église du Sacré Coeur neuve pour la messe de minuit le 24 décembre.
Des sceptiques se demandaient s'il pouvait gagner cette gageure. Et il l'a gagnée. Le 24 Décembre, le jour de Noël la messe de minuit est célébrée dans une église du Sacré Coeur rénovée, flambant neuf.
Toute suite après, au début de 1965, le Père Lussier a pu, avec l'aide de ses parents et amis américains, obtenir le projet de construction de logements pour ceux qui ont vu leurs maisons emportées par le cyclone et pour d'autres sans abris qui le désiraient à des prix modestes. Ainsi sont nées les cités UNION et OXFAM, l'une en face de l'autre, dans le même quartier; et qui ont heureusement et fièrement résisté à ce tremblement de terre dévaststeur du 14 Août dernier. Quand, au fort de sa retraite, aux États Unis, un groupe de jeunes de la Cité UNION, présidés par le jeune Réginald Mercier, ont eu la noble et grandiose idée d'aller visiter leur BIENFAITEUR pour le remercier, le féliciter et lui remettre une plaque d'honneur au nom de la ville et la Cité, il leur a dit avec sa simplicité et sa modestie coutumières que c'était tout simplement l'oeuvre du Seigneur soutenue et administrée par toute une équipe.
invité à assister à un Noël des Pauvres organisé par le groupe socio culturel SIMBI à l'Abattoir où logeaient des démunis, le Père Lussier fut touché par l'état d'insalubrité, de misère et de pauvreté de ces gens qui dormaient à même le sol, en compagnie des boeufs destinés à être abattus pour la consommation, il a déclaré que ce n'est pas possible et a entrepris lui même, à ses propres frais, de construire un asile à ces pauvres. C'est ainsi qu'est né, moins d'un an plus tard le "FOYER SAINT ÉTIENNE" dont il confia la gestion à une équipe de paroissiens dont Limone Jeune, Madame Édèle Cassion, Denise Souverain. Cet asile, bati sur un terrain marécageux, et négligé par les autorités, est aujourd'hui abandonné. Les occupants, sans doute, ont déjà tous quitté ce vulgaire et bas monde. Les deux parties de l'asile sont aujourd'hui submergées et nos autorités se croisent les bras. La Municipalité ou l'Évêchée aurait dû intervenir et préserver ce local qui pourrait servir à bien d'autre choses.
L'intelligent Père Roland Lussier, s'était fait entourer d'une équipe de jeunes sensibilisés et dévoués comme lui à la cause de l'Église. Parmi les plus belles têtes je me souviens encore des Lhérisson: Pierre Saurel, Marthe Solange, Maryse,Lucie. Les Dorélus: Bertin, Denise et l'autre soeur, dont le nom m'échappe. Les Morpeau: Marie Yves, Jean Marie et l'autre soeur. Les Antoine: Nicole, Yolande. Évelyne, Gérard, Barthélemy Léonel, Gérard Chalviré. René Guichon, votre serviteur William GUILLAUME. Je vous fais grâce du reste.
C'est le moment pour nous de rendre publiquement un hommage bien mérité à cette vaillante équipe de jeunes intrépides qui ont aidé le père Lussier à abattre une besogne si immense dans la cité de Louis Étienne Lysius Félicité Salomon Jeune. Chapo les amis. Même ceux qui nous ont déjà précédés ont droit à cette reconnaissance postume et à celle de toute la communauté des paroissiens du SACRÉ COEUR.
Au départ du Père Lussier, la paroisse, fut confiée pour la première fois à un Prêtre Séculier Haïtien: le Père Yves Jocelyn qui a bénéficié de la confiance et de la collaboration de toute l'équipe pastorale de son Prédécesseur et qui l'a aidé à faire oeuvre qui vaille dans la vigne du Seigneur.
Puis, est venu le Révérend Père Nérestant, jeune, fougueux, entreprenant, il s'est taillé une place de choix dans le coeur des fidèles en général, et plus particulièrement des jeunes de la paroisse. Intellectuel de belle eau, sensible pour l'éducation et la bonne formation des jeunes, il entreprit des démarches, avec l'autorisation de ses supérieurs hiérarchiques bien entendu, pour concrétiser dans la glaise du réel, un rêve longtemps caressé : celui de doter la paroisse d'une bibliothèque multidimentionnelle. Et en 1999, en grande pompe cet outil, qui jusque là manquait, fut inauguré et remis à la jeunesse de la paroisse.
Et aujourd'hui, c'est avec beaucoup de regret et de consternation que nous, Cayens, Paroissiens du SACRÉ COEUR, assistons à la démolition de notre haut lieu de prières, de rencontres, de communion, de partages, ce lieu saint oú nous venions, en toute confiance déposer nos larmes, nos plaintes et nos douleurs, ce lieu où le Vendredi Saint nous venions déposer au pieds de Jésus sur le Bois du Calvaire, mourant pour nos péchés après la quatorzième station nos douleurs, nos peines et nos souffrances.
Cette église, avec son imposante architecture, va t elle disparaître à jamais ? Souhaitons que non. Mais, dans combien de temps encore retrouverons nous notre sainte espace pour nos cultes religieux ? La besogne est immense. L'église catholique d'Haïti ne pourra pas à elle seule faire face simultanément à tant de besoins.
Chrétiens Catholiques, Paroissiens du Sacré Coeur, gémissons. Gémisdons et pleurons. Réfléchissons. Prions et quêtons pour notre église sinistrée.