Biographie
Née le 14 novembre 1958 à Port-au-Prince, Marie Yvonne Margaret Papillon est la cadette d'une fratrie de sept enfants. Elle a fait des études primaires chez les soeurs du Sacré-Coeur de Turgeau, les soeurs de la Charité de Saint-Louis de Bourdon et aux cours privés Claire Benoît-Edelyne Gousse. Ses études primaires terminées, elle entre au Centre classique féminin (CCF) pour des études secondaires qu'elle poursuivra au Collège canado-haïtien où elle a également décroché un diplôme de secrétariat et de teneur de livres.
Obligée de travailler très tôt pour s'occuper de sa famille, elle a dû mettre fin à son rêve de devenir médecin afin d'aider ses parents et de s'occuper de ses frères et ses soeurs. Elle avait seulement 13 ans quand elle a eu son premier emploi. A 15 ans, elle prenait en charge la maison familiale. En 1975, lors de l'affaire dite ''le procès des timbres'', son père qui travaillait à l'office des postes a été arrêté à cause de son lien de parenté avec le ministre du commerce, Serge Fourcand. Des hommes en civil se sont présentés à la maison un soir et l'ont emmené, sans mandat aucun. Revenu neuf mois plus tard, il a été totalement traumatisé et affaibli psychologiquement après tout ce temps passé loin de sa famille. Margaret n'avait à l'époque que 17 ans. Elle suivait des cours de commerce au centre technique Canado pendant la journée et travaillait à la Culligan, Automatic Ice.
Après l'obtention de son diplôme en 1978, elle a été engagée comme secrétaire et responsable de payroll par Karl Débrosse à la compagnie. Le déclic, l'auteure de la ''La légende de Quisquéya'' conte pour enfants qui a été mis en scène par la très talentueuse Florence Jean-Louis en 2001. Elle n'avait que treize ans quand elle a écrit son premier texte. Dans les cahiers d'école ou sur des bouts de papier, elle écrivait des histoires sans suite. A l'époque, sa vraie passion était le sport -le volley et le basket-ball surtout. Ce n'est que cinq ans plus tard, soit à dix-huit ans, qu'elle a finalement découvert que l'ange de la création sommeillait en elle. Qu'elle avait le don ou la capacité de donner une forme à toutes ces histoires qui ont bercé son enfance et continuent à prendre chair dans son for intérieur.
Margaret Papillon ne vit que pour et par l'écriture. L'acte d'écrire est chez elle le geste le plus spontané qui soit, précise-t-elle. C'est une bonne raison pour elle de se débarrasser du trop-plein et du train-train quotidien en racontant les péripéties de personnages qui la hantent. C'est un métier qu'elle exerce avec beaucoup de bonheur. Sa vie à elle seule est un récit. Elle a toujours une histoire à raconter. Un fait à partager avec les autres. Toute petite, on disait qu'elle avait l'air d'une grande blagueuse. Une conteuse hors du commun. C'est si vrai que ses premiers textes étaient des contes pour enfants. Aujourd'hui, elle est devenue une auteure très prolifique.
Premier titre, premier succès Dès la parution de son premier roman, ''La marginale'', publié en 1987, Margaret a vu les portes du succès s'ouvrir devant elle. Quoique heureuse, elle ne s'est pas laissée gagner par la grosse tête mais a fait de son mieux pour garder ses pieds sur terre. D'ailleurs, elle est une habituée du succès, dit-elle. Enfant, elle a fait les beaux jours du Collège Saint-Pierre au gymnasium Vincent à la ruelle Romain. Elle a reçu plusieurs médailles sportives et permis à son école, (le Collège classique féminin, CCF), de gagner une coupe de volley-ball en catégorie minime et au Canado de remporter plusieurs trophées en catégorie, cadette et junior dans le basket-ball.
En effet, dès ses plus jeunes années, son public avait toujours été réceptif à tout ce qu'elle inventait, nous rapporte la directrice de Butterfly's Publication, une maison d'édition basée à Miami. Aussi le succès de La marginale a-t-il été perçu comme une suite logique de tout ce qui se faisait depuis pas mal de temps dans sa vie. ''À la parution de La marginale, nous étions en 1987, Jean-Claude Duvalier venait tout juste de tomber (1986) et la plupart des auteurs étaient en exil depuis près de trente ans.
C'était déjà une chose merveilleuse de pouvoir publier sur place, moi qui, sous la dictature, n'avais pas connu le bonheur de fréquenter une bibliothèque, vu que cela était défendu dans le pays''. De l'ombre à la lumière Comme Moïse, sauvé des eaux, l'auteure de ''La promise'' a été sauvée de l'ombre grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) à savoir l'internet, précisément les réseaux sociaux. Car à un certain moment, elle avait l'impression d'être un écrivain placé en isolement. Celle dont tout le monde s'abstenait de prononcer le nom. A qui l'on refusait toute visibilité. Aussi l'internet lui a permis d'élargir son public.
Grâce à des distributeurs électroniques mondiaux comme Amazon et Barnes & Noble, ses livres ont pu atteindre des lecteurs dans les quatre coins du globe. Un cercle fragile Aux yeux de Margaret Papillon, le milieu littéraire haïtien n'est pas du tout catholique. C'est un cercle fragile, qui ne fait pas de cadeau. Il regorge de gens méchants, jaloux et haineux, précise-t-elle. ''Je n'ai jamais eu d'éditeur à proprement parler. Il y en a en Haïti qui ont tout fait afin que je n'aie aucune structure éditoriale derrière moi. Avant, je leur en voulais, mais aujourd'hui je leur dis merci... c'est grâce à eux que j'ai le contrôle total de mes royalties. « Le méchant fait toujours une oeuvre qui le trompe ! », comme le stipule la Bible''. Auteure incomprise, marginalisée, la peintre est sans pitié pour la classe littéraire haïtienne qui ne l'a pas épaulée, ni supportée dans les premiers moments de sa création. Elle se réjouit toutefois de l'attitude que cette classe a eue à son égard. ''Des fois, cela fait énormément de bien de sortir des sentiers battus même si cela demande des efforts supplémentaires''.
Margaret Papillon est une créatrice qui ne dort pas. Elle a toujours des projets de création en gestation.