Nombreux sont ceux qui, par libre choix, ont décidé d’adopter cette coiffure appelée “dreadlocks”. Ces gens malheureusement font l’objet de discriminations parce qu’ils se font très souvent juger sur leur coiffure.

Nombreux sont ceux qui, par libre choix, ont décidé d’adopter cette coiffure appelée “dreadlocks”.  Ces gens malheureusement font l’objet de discriminations parce qu’ils se font très souvent juger sur leur coiffure. En effet, bon nombre d’entre eux ont perdu ou perdent encore aujourd’hui une opportunité de progresser dans leur carrière professionnelle à cause justement de notre perception négative d’eux ?  

Selon ce qui est rapporté dans l’histoire, cette coiffure tire son origine tantôt des indiens immigrés en Jamaïque vers 1930, tantôt des anticolonialistes du Kenya connus sous le nom de “Mau Mau”, ou encore du mouvement Young Black Faith. D’autres écrivains font aussi remonter son origine à l’Égypte Antique où les hauts fonctionnaires et les familles royales la portaient généralement. 

Par ailleurs, en se basant sur la culture hindoue, celle des Sadhu, le style “dreadlocks” décrit une certaine sagesse chez l’homme.  Pour les pauvres marginalisés adeptes du mouvement Rastafari dont le port de dreadlocks est associé au groupe de jeunes Rastas appelé Young Black Faith, elles représentaient des mèches de la peur. L’on ne peut exclure la racine spirituelle même des dreadlocks Il suffit de se rappeler Samson dont la force résidait dans ses fameuses tresses. Il s’est retrouvé sans force face à ses ennemis après se les être fait couper à son insu. Associés à la religion Rastafari, des fidèles recommandaient d’enterrer leurs cheveux pour en éviter toute forme d’utilisation après leur départ. Ainsi, un tel attachement réfère aux dreadlocks comme symboles de pouvoir et de fierté. D’autres sources révèlent l’influence de la musique reggae dans le mouvement Rasta qui, entre autres, prône que fumer un joint aide à penser mieux et clairement. De ce fait, on peut conclure que porter des locks ne veut pas dire que vous appartenez à la religion Rasta. Ce que plusieurs ignorent. Tout cela n’est pas connu de tous.

Durant ces dernières décennies, les dreadlocks sont devenues à la mode et nombreux sont ceux qui suivent le courant. J’ai parlé à Sara, une étudiante en psychologie qui a partagé les raisons de son désir de porter les locks : “Tout d’abord, je voulais essayer quelque chose de nouveau, aller à l’encontre de toutes normes et des stigmatisations attribuées à la gente féminine sur sa façon d’être. Et puis, vivant seule à Port-au-Prince, je ne pouvais pas me coiffer facilement. Il me fallait toujours faire appel à une amie qui, par ailleurs, n’était pas tout le temps disponible. Durant cette transition à l’université, je m’étais aussi dit que, pour une fois, je pourrais me faire plaisir. Pour la première fois, je prenais une décision qui me qualifiait de majeure et responsable. Donc, l’idée m’est venue de changer de coiffure et de transformer mes cheveux en locks. Au fil du temps, j’ai réalisé que c’était une de mes meilleures décisions. J’ai pris confiance en moi. Cela symbolisait une nouvelle étape dans ma vie et un pas vers la liberté dans cette société conformiste. Tout en respectant mes principes, j’ai essayé de m’isoler de cette formule de vie qu’on nous (les femmes) impose. J’adore mes locks et c’est d’ailleurs le seul moyen qui m’a permis d’avoir enfin de longs cheveux (lol). C’est triste de voir des gens me traiter comme un enfant du diable ou encore comme quelqu’un qui s’intéresse à la violence. Je ne suis qu’une étudiante aujourd’hui, mais demain, je servirai ma communauté en tant que psychologue.” 

Que l’on parle de liberté, de résistance, de résilience ou de symbole de rébellion, celles et ceux qui portent les dreadlocks sont mal vus. Ils sont perçus comme des criminels, des voleurs, des kidnappeurs… Ils font peur aux autres et projettent la violence ou toute autre déviance comportementale malsaine. La liste des préjugés à cet égard est assez longue. Peut-être a-t-on raison sur certains critères, mais qui sommes-nous pour étiqueter l’autre? De génération en génération, on s’est égaré sur ces attributs qui nous aveuglent, devant ces âmes remplies de mystère. A quoi ça sert d’avoir une société qui regroupe les gens selon leur seule apparence? Tout est centré sur l’avoir et non sur l’être. Je ne porte que des marques connues, donc je suis un bon citoyen. Nous sommes des êtres humains. Accepter l’autre tel qu’il est, c’est reconnaître que ses capacités et sa personnalité ne se résument pas à sa façon de se coiffer. La phrase d’or répétée si souvent “L’apparence est souvent trompeuse” trouve ici sa pleine justification et nous rappelle que nous devons nous efforcer de voir au-delà de ce que nos yeux nous renvoient comme image. 

Enfin, une société sans préjugés devrait être la mission de tout un chacun. Retrouvons le sens de la charité qui est la mère de toutes les vertus pour le bon développement communautaire. Tournons le regard vers l’autre avec respect et cessons également d’associer la couleur des cheveux ou la coiffure aux capacités intellectuelles.
 

Randy C. Pierre-Louis est  mariée et a une petite fille d’un an, est née à Port-au-Prince en 1991 mais pour des raisons personnelles, sa famille avait déménagé aux Cayes en 2000. Elle a fait ses études primaires chez les Soeurs de La Providence et les frères Odile Joseph…

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