Cela fait déjà environ un mois depuis que plusieurs milliers de manifestants foulent le sol presque chaque jour pour exiger le départ du premier ministre Ariel Henry qui dirige le pays à la suite de l’assassinat du président Jovenel MOÏSE le 7 juillet 2021. Depuis cet évènement tragique, la situation du pays ne fait que s’aggraver. Les gangs armés se multiplient, l’insécurité bat son plein, les habitants peinent à subvenir même à leurs besoins primaires. Ce sont entre autres les raisons pour lesquelles la population, mécontente, gagne les rues de plusieurs villes en Haïti avec pancartes revendicatives et branches d’arbres en mains. Entre temps, les écoles, les institutions publiques et privées gardent leurs portes fermées.
Cela fait déjà environ un mois depuis que plusieurs milliers de manifestants foulent le sol presque chaque jour pour exiger le départ du premier ministre Ariel Henry qui dirige le pays à la suite de l’assassinat du président Jovenel MOÏSE le 7 juillet 2021. Depuis cet évènement tragique, la situation du pays ne fait que s’aggraver. Les gangs armés se multiplient, l’insécurité bat son plein, les habitants peinent à subvenir même à leurs besoins primaires. Ce sont entre autres les raisons pour lesquelles la population, mécontente, gagne les rues de plusieurs villes en Haïti avec pancartes revendicatives et branches d’arbres en mains. Entre temps, les écoles, les institutions publiques et privées gardent leurs portes fermées.
Depuis le 15 janvier dernier, la population cayenne a suivi celle de Jérémie qui a donné le ton au soulèvement contre le premier ministre Ariel Henry. Même si la veille, les gens sont nombreux à participer au défilé des bandes à pieds, les lundis, ils ne chôment pas pour les séances de manifestions. C’est comme s’ils se disent : « Je vais danser pour une dernière fois car je ne sais pas comment se déroulera la journée de demain. Ce sera peut-être ma dernière sur terre, qui sait ? » Le Rassemblement des Citoyens Intégrés du Sud (RACIS) a donné une conférence de presse afin de contraindre le PM de partir. RACIS a aussi demandé aux parents de garder leurs enfants chez eux car les multiples mouvements de contestation prévus risquent d’être violents dans le but d’éviter des dommages collatéraux en cas de dérapage. Comme planifié, la ville des Cayes a connu trois journées de mobilisation consécutives les 15, 16 et 17 janvier sans aucun incident majeur. Le jeudi 18 janvier 2024, les partisans de Guy Philippe ont observé une trêve dans leur mouvement contre le gouvernement actuel.
Le 19 janvier 2024, Rasanbleman Kretyen pou Devlopman (RAKDEV) a invité la population à investir les rues pour continuer leur lutte tout en accordant au premier ministre le 30 janvier 2024 pour dire adieu au pouvoir. La trêve étant terminée, les manifestants ont recommencé avec leurs activités revendicatives. Les routes sont à nouveau bloquées et les gens de la localité de Derrière-fort ont fait entendre leur voix cet après-midi-là. Il est à noter que leur instant de revendication s’est avéré éphémère à cause du gaz lacrymogène lancé par les policiers.
Nous sommes le 26 janvier 2024 et la barrière principale de l’aéroport Antoine Simon reste fermée sous l’ordre des autorités depuis le lancement des mouvements dans la ville des Cayes. Néanmoins, l’aéroport est fonctionnel et toute personne voulant y accéder doit utiliser la petite porte. La destination prévue par les protestataires pour la journée du 29 janvier fut l’aéroport, mais les policiers allaient disperser la foule au niveau de l’usine Centrale Dessalines, ce qui a causé une grande panique sur la route nationale #7 ce jour-là.
Une messe de délivrance pour Haïti a été célébrée à l’Église Saint-Michel de Charpentier, le 30 janvier 2024. La requête des prêtres et des fidèles ne se détache pas de celle des manifestants : Le départ d’Ariel Henry sans condition. À un pas du mois de février, Me. Ketnor Estinvil, délégué de la ville des Cayes, rappelle à l’ordre tous les agents de la Brigade de la Sécurité des Aires Protégées (BSAP) du département afin qu’ils cessent toutes leurs activités comme la Primature l’a ordonné sur tout le territoire. Cependant, les agents resteront dans leur base située dans la commune de Camp-Perrin.
Le parti politique EDE dans le Sud a critiqué le gouvernement d’Ariel dans une conférence de presse le jeudi 1er février 2024. Dans l’après-midi, un groupe de contestataires se sont promenés dans la ville avec un cercueil sur lequel était accrochée une photo du PM. Ils ont chanté ses funérailles, disent-ils. Ce cercueil a fini en cendre tout près de la Place d’Armes.
Plusieurs organisations et partis politiques se sont réunis le 2 février pour lancer une table de mobilisation dans la ville. Cette initiative vise l’organisation de trois grandes journées de manifestations (du 5 au 7 février) contre le gouvernement en place.
Le 5 février 2024, un mur composé de blocs et de ciment a rendu impraticable la route nationale #2 à partir de Charpentier. La circulation sur la route nationale #7 et celle menant à la côte Sud était entièrement interrompue alors que le centre-ville était sujet à des barricades composées de pierres, de carcasses de voitures, troncs et branches d’arbres, pneus enflammés, etc. En revenant de la route nationale #7, les manifestants ont jeté des pierres en direction des agents de l’Unité Départementale de Maintien de l'Ordre (UDMO). Cette action a chambardé le cours des choses. Ces derniers n’ont pas tardé à riposter en utilisant des grenades, des tirs et du gaz lacrymogène qui ont éparpillé la foule. Peu de temps après, un manifestant d’une trentaine d’années environ a été retrouvé mort sur le boulevard des Quatre Chemins, tandis que trois blessés allaient se faire soigner à l’Hôpital Immaculée Conception des Cayes. Les militants ont classé cet acte dans la catégorie des différentes formes d’intimidation auxquelles ils ont l’habitude de faire face et ont juré de ne pas laisser tomber cette bataille qui, une fois gagnée, fera le bonheur du peuple. En gros, un mort et trois blessés ont été enregistrés lors de cette première journée de protestation initiée par les membres de l’opposition et des partisans de l’ancien sénateur élu de la Grand’Anse, Guy Philippe, qui est manifesté par le désir d’être le sauveur du peuple haïtien, après avoir purgé une partie de sa longue peine aux États-Unis pour trafic de drogue. Il a réitéré son appel à la rébellion en cette même date via une vidéo très virale sur les réseaux sociaux où il exhorte les haïtiens à se serrer les coudes pour montrer à Ariel Henry et aux secteurs nationaux le niveau de notre unité en tant que peuple qui peut mener à la RÉVOLUTION, au renversement du gouvernement en place.
Le mardi 6 février 2024, Guy Philippe s’est rendu à Port-au-Prince comme promis pour piloter la révolution. Il a été remarqué dans les rues de Pétion-ville et un accueil chaleureux lui a été réservé à travers un défilé de plusieurs dizaines de motocyclettes conduits peut-être par ses partisans. Connu pour son implication dans la rébellion de 2004, Guy a promis à ses concitoyens de les rejoindre le lendemain sur le béton, accompagné des agents de la BSAP qui l’ont supporté dès le début.
Le 7 février est une date très essentielle dans l’histoire politique d’Haïti. Il marque le jour où un président élu par les urnes doit prendre la tête du pays pour une durée de cinq ans et déménager pour le palais national (lorsqu’il existait). Le 7 février 2024, quant à lui, Ariel devrait entendre raison et remettre sa démission en tant que premier ministre afin que le peuple puisse respirer un nouvel air. Au lieu de cela, les manifestations se sont intensifiées à travers tout le pays. Aux Cayes, les policiers ont une fois de plus réduit la durée de cette journée de protestation décisive avec des jets de gaz lacrymogène. Bilan de cette journée : un manifestant blessé à coup de couteau dans la foule et un autre arrêté car il avait une machette en sa possession.
Après tous ces jours à crier « Viv Guy Philippe » par ci et « Aba Ariel » par-là, les manifestants n’ont récolté qu’une adresse à la nation où le président-ministre a versé de l’huile sur le feu. Dans son discours, nous avons pu déceler sa volonté de tenir le pouvoir en otage et de ne pas réaliser les élections comme prévu. Il s’est aussi indirectement déchargé des accusations qui feraient de lui le principal responsable de l’insécurité et de l’instabilité politique qui rongent le pays. Pendant ce temps, le meneur du jeu, à savoir Guy Philippe, a disparu de la toile.
À la suite des trois jours de manifestations revendicatives très mouvementées, les policiers ont procédé au nettoyage des rues le 8 février. La population, de son côté, a profité de cette pause pour s’approvisionner en matières premières. En fin d’après-midi, Roosevelt Constant dit Tipa, âgé de 20 ans, a reçu une balle à la tête des agents UDMO qui continuaient leur séance de nettoyage pendant qu’il était dans sa chambre, dans les bras de sa maman à Bourdet, une localité de la ville des Cayes située sur la route nationale #7 qui conduit à l’aéroport Antoine Simon. Son père, larmes aux yeux, inconsolable, a montré trois projectiles qu’il a ramassées dans la chambre où est mort son fils, le benjamin de la famille.
Même si le Premier ministre a évoqué le déroulement de la période carnavalesque sur le territoire, il n’y a que le communiqué de la Primature qui allait confirmer que son excellence ne blaguait pas. En effet, comme à l’accoutumée, le congé national a été décrété. Si Port-au-Prince a son carnaval, les quelques bandes à pieds ayant défilé la veille du lundi gras étaient à peine au nombre de deux avec environ cinq fois moins de participants que d’habitude. Le lendemain, la ville, sale et sans vie, jouissait d’un calme inquiétant. Plusieurs passages étaient encore occupés par des résidus de pneus enflammés, de pierres et des amas de tessons de bouteilles. Quelques marchandes ont regagné leurs activités tout en s’abritant au cas où les manifestants ou du moins les policiers troubleraient le calme existant dans les rues. Toutefois, la vente a été très restreinte et le prix des produits ont considérablement augmenté. Effectivement, plusieurs dizaines de protestataires du côté de Croix-des-Martyrs n’ont pas chômé. Ils réclament encore et toujours le départ du premier ministre de facto qui n’a pas respecté l’ultimatum qui lui a été fixé. Ce dernier reste jusqu’à présent insensible face aux demandes de la majorité des haïtiens vivant sur le territoire. Les séries de manifestations n’ont donc pas atteint l’objectif visé. Est-ce-que le peuple hissera le drapeau blanc sans aboutir à la RÉVOLUTION souhaitée ? Est-ce-que la reprise des activités sera possible après la période carnavalesque qui a valu un décaissement de 190 millions de gourdes ? Est-ce-que les enfants pourront reprendre le chemin de l’école ? Tant de questions auxquelles seul l’avenir saura répondre…