Le concept pays jeune est fascinant comme si en réalité un pays avait une vie semblable à celle d’autres organismes ou êtres vivants : il naît, croît et meurt éventuellement. Un pays comme Haïti est non seulement Haïti chérie ou Haïti Thomas mais c’est aussi un pays jeune.

Le concept pays jeune est fascinant comme si en réalité un pays avait une vie semblable à celle d’autres organismes ou êtres vivants : il naît, croît et meurt éventuellement. Un pays comme Haïti est non seulement Haïti chérie ou Haïti Thomas mais c’est aussi un pays jeune. Malheureusement, être un pays jeune n’a rien de poétique dans les faits. La jeunesse d’un pays est très rarement synonyme de puissance. Les pays jeunes figurent généralement parmi les plus pauvres.  

Être un pays jeune présente quand même des avantages mais il faut savoir les saisir. Il existe un dividende démographique à initier et à tirer du statut de pays jeune. Haïti étant un de ces pays, il sied de se demander ce que le pays y gagne. Il est encore plus important de voir comment s’assurer que le pays puisse profiter de cette jeunesse.  

Cet article propose deux pistes d’action évidentes et en phase avec la littérature sur le dividende économique. Pour bénéficier du dividende démographique qui vient avec une population active jeune Haïti doit investir dans ses jeunes et maintenir un climat social propice au développement d’activités économiques viables et créatrices de richesse
 

Le dividende démographique
Un pays est jeune en fonction de ses caractéristiques démographiques comme les taux de natalité, fécondité et de mortalité. Pour savoir si un pays est jeune ou vieux il faut voir la pyramide des âges, l’âge médian de la population, ou le taux de population âgée. Ainsi, l’Europe est le vieux continent et l’Afrique celui le plus jeune.  Avec un âge médian de 24.1 années Haïti est sans l’ombre d’un doute un pays jeune.  

Le dividende démographique est défini comme l’essor économique sous forme de croissance économique accélérée que peut connaître un pays qui fait baisser la fécondité et contrôle l’évolution de la structure par âge de la population. Pour obtenir ce dividende il faut d’une part une baisse de la fécondité qui réduit la population dépendante et un encadrement de la population jeune en âge de travailler ce qui réduira la dépendance économique.  Pour y arriver il faut investir dans la population jeune en lui offrant l’accès à l’éducation, aux soins de santé, et en créant les conditions économiques favorables à son insertion et son épanouissement.  

Investir dans le capital Humain 
 

 

 

Les pistes proposées ci-dessous sont tirées des leçons apprises et de recommandations d’instances concernées dans plusieurs pays.  Des pays asiatiques ont misé sur la qualité du capital humain, la création d’emploi et la diminution de la pauvreté ainsi que l’épargne et les investissements pour bénéficier du dividende démographique. 
Plus de la moitié de la population haïtienne a moins de 25 ans. Un haïtien sur deux vit en situation de pauvreté et les jeunes ne sont pas exempts. Les jeunes représentent le groupe le plus sévèrement touché par la dégradation des conditions de vie après le séisme.  Suivant l’indice de capital humain d’Haïti tel que mesuré par la banque mondiale, un enfant né en Haïti est 45% aussi productif qu’il aurait pu être s’il avait bénéficié d’un accès complet à l’éducation et aux soins de santé. En plus du taux de fréquentation relativement bas, des problèmes comme le retard à l’entrée, les redoublements et les abandons persistent.  Les inégalités sont criantes aussi entre les jeunes comme le prouvent l’accès à l’éducation mais aussi l’accès au marché du travail. L’espérance de vie à la naissance ne dépasse pas 65 ans.  En termes d’âge médian Haïti fait partie des 100 pays les plus jeunes.  
Des investissements conséquents et de qualité doivent être consentis pour encadrer, protéger, former et valoriser les jeunes.  L’éducation et la santé sont les priorités. Il faut en finir une bonne fois pour toute avec l’analphabétisme et offrir à chaque jeune gratuitement l’éducation primaire. Pour l’instant seuls 20% des établissements d’enseignements sont publiques. L’état doit investir dans l’éducation et garantir un repas chaud à chaque enfant aussi pour améliorer les conditions d’apprentissage. Au niveau professionnel, les formations doivent être pensées pour répondre aux besoins du marché et augmenter l’employabilité des jeunes. Il faut aussi agir sur les disparités au niveau de la qualité de l’éducation offerte que l’on dénonce souvent au sein de la société en parlant d’éducation à plusieurs vitesses. L’offre privée étant souvent offerte par des institutions de niveau hétérogène qui ne se conforment pas aux normes. 
 La santé ne se réduit pas aux soins de santé traditionnellement prévalentes mais aussi à la santé sexuelle. C’est important car pour bénéficier du dividende il faut contrôler l’évolution de la population.  Et s’assurer que les jeunes en âge de travailler dépassent la population d’âge scolaire. Des mesures doivent être prises pour améliorer et faciliter la mobilité des jeunes et leur autonomie financière. 
Il faut maintenir un climat propice à la création de richesse et d’emplois
Les jeunes ne sont pas seulement appelés à être des demandeurs d’emplois. L’état doit garantir un climat propice aux affaires, aux investissements étrangers, à l’innovation pour que les porteurs d’idées d’entreprises puissent réaliser leur projet, créer de la richesse et des emplois. Les projets dans les secteurs à forte intensité de main d’œuvre sont à prioriser car les personnes à employer sont nombreuses.  Les jeunes sont connectés au reste du monde grâce à Internet en dépit de nombreux problèmes structurels ce qui élargit le champ des possibilités sans pour autant justifier un manque d’investissement pour faciliter l’accès à plus de personnes aux technologies. La technologie peut faciliter les processus d’innovation. De plus un climat serein peut aussi aider à prévenir la délinquance juvénile et garantir que les jeunes puissent continuer à se former ou à créer et produire. 
Au-delà des jeunes
Les jeunes évoluent dans les mêmes conditions précaires que le reste de la population. Au-delà des jeunes, des actions pour améliorer les conditions dans le pays, développer des infrastructures, dynamiser l’économie. améliorer l’offre et la qualité des emplois finiront quand -même par rejaillir sur les jeunes. Même sans une attention particulière pour les jeunes, un intérêt pour le développement réel du pays fera d’Haïti un gagnant à tous les coups.
C’est tellement cliché qu’on croirait que ce n’est qu’une expression mais investir dans les jeunes revient effectivement à investir dans l’avenir. Investir dans les jeunes et leur garantir un environnement favorable est important pour bénéficier du dividende démographique mais l’inverse est tout aussi vrai. Investir dans les jeunes est un gage de stabilité pour un pays comme Haïti qui a tellement besoin de paix et de prospérité.