D’une superficie de 2 653,3 km2, s’étendant de la commune d’Aquin à celle de Tiburon, le département du Sud, de par ses reliefs et ses potentialités, réunit tous les atouts pour se constituer un pôle de développement modèle pour le pays et pour la région de la Caraïbe.
D’une superficie de 2 653,3 km2, s’étendant de la commune d’Aquin à celle de Tiburon, le département du Sud, de par ses reliefs et ses potentialités, réunit tous les atouts pour se constituer un pôle de développement modèle pour le pays et pour la région de la Caraïbe. Des attraits historiques et artisanaux de St-Louis du Sud et d’Aquin, les fortes potentialités touristiques et maritimes des villes côtières (Port-Salut, Roche-à Bateau, Coteaux, Port-à-Piment et Chardonnières) ; en passant par les capacités artisanales, agricoles et industrielles des Cayes, de Torbeck, de Cavaillon, de Camp-Perrin, jusqu’aux fortes possibilités d’élevage et de pêche de Chantal, de l’Ile-à-Vache. Le Sud a largement de quoi retenir ses fils et les maintenir au travail au lieu de leur laisser le choix d’aller renforcer l’exode massive vers la capitale haïtienne ou de tenter l’expérience Chili, Brésil, Equateur, etc.
Malheureusement, la fragilité de cette espace géographique face aux intempéries et l’incapacité de la machine administrative haïtienne à trouver une solution à ce problème, compromettent le développement du Grand Sud et du pays en général en mettant la population et ses biens dans un état permanent de danger. En témoigne le passage de Matthew en octobre dernier et les ravages monumentaux que ce cyclone a causé dans la région.
Si on parle de 2,8 milliards de dollars de pertes totales enregistrées pour tout le pays, après le passage de Matthew, pour le Grand Sud, cela a pris l’ampleur d’un cataclysme infernal. L’agriculture et ses infrastructures, l’élevage, la pêche ont payé un lourd tribut à cet ouragan dont les rafales et les inondations qui l’accompagnaient ont transformé les plantations, la flore et la faune du Grand Sud en un vrai champ de ruine. Même le jardin botanique n’a pas été épargné. Ainsi, le Sud, longtemps reconnu pour sa végétation luxuriante, est devenu une immense savane où le soleil enflamme de ses rayons la terre dénudée.
Au palmarès destructeur de Matthew, il convient de signaler également le balayage des infrastructures touristiques. Ces deux dernières décennies ont surtout été marqué par un réveil touristique du département du Sud. En effet, le département, particulièrement, la zone côtière s’est mise à l’ère du tourisme. De nombreuses infrastructures ont été érigées tout le long de la côte. Des sites très prisés par les visiteurs font partie de ce paysage enchanteur que les excursionnistes venus de partout ont admiré.
Tout cela avait donné un allant économique assez important au département et aux habitants de la côte qui profitaient de la présence des étrangers pour exhiber et vendre certains produits locaux. Le passage de Matthew a mis coup d’arrêt à cette progression du tourisme dans le Sud en terrassant copieusement la majorité des hôtels, notamment ceux de Port Salut.
Ce coup d’arrêt a des répercussions sérieuses sur la population de cette région, car l’économie du Sud, essentiellement axée sur l’agriculture, la pèche, l’élevage, la production d’huiles essentielles et le tourisme, est littéralement mise en veilleuse par Matthew qui a réduit à sa plus simple expression la capacité des habitants à se remettre à flot.
Qui pis est, la conjoncture telle qu’elle se présente, ne permet pas aux victimes de miser sur l’Etat. Le processus électoral engagé depuis tantôt deux ans, ne laisse aucune place à la planification de la relance post Matthew. Le pays ne dispose pas de ressources suffisantes pour apporter une réponse appropriée aux besoins des régions affectées.
Le ministère de l’Agriculture a un plan de relance agricole qui nécessite un fonds de 5 milliards de dollars. Mais ce plan ne vise pas essentiellement les zones touchées. Parlant des interventions post Matthew, le ministre de l’Agriculture, Guito Laurore, a laissé entendre que ces interventions marchent bien, même si certains partenaires attendent la fin du processus électoral pour accélérer leurs interventions. Autant dire, les urgences peuvent encore attendre.
Les planteurs de la Vallée des Cayes qui bénéficiaient depuis quelques années de l’aide du Projet de Coopération Haitiano-Taiwanaise pour le développement des filières riz, haricot et maïs vivent désormais avec la peur au ventre. Car ledit projet doit boucler sa deuxième phase au début de janvier 2017. Or ce projet symbolise l’espoir de ces cultivateurs que l’ouragan Matthew a quasiment handicapé. Ainsi, ils prient pour un renouvellement du projet qui a apporté une amélioration dans leur vie.
En effet, avant le projet, les planteurs cultivaient moins d’une tonne de riz par hectare. Avec ce dessein, la production a quasiment quadruplé, soit en moyenne 3,5 tonnes à l’hectare, explique un bénéficiaire. Pour le maïs, la production est passée d’une tonne à deux. Alors que le haricot est passé de 700 kg à 1,5 tonne.
Au passage du cyclone, le projet a connu de grandes pertes en semence, en engrais, en matériels et en produits. Alors qu’on s’approchait de la récolte d’hiver, 500 hectares de riz et 700 hectares de maïs ont été détruits par Matthew. Le projet disposait de 11 moulins qui ont tous été ensevelis sous le poids des murs renversés par les rafales ; ce qui double les préoccupations des paysans de la Plaine de Torbeck, grands bénéficiaires du Projet. Car, désormais il faut non seulement penser à la continuité mais aussi envisager la réhabilitation du Centre et des systèmes de production sévèrement endommagés.
A quand la mise sur pied d’un système d’assurance agricole, de service de crédit ou de service financier capable de répondre aux attentes des agriculteurs ou des entrepreneurs victimes de catastrophes naturelles dans un pays aussi fragile ? Certains établissements hôteliers notoires dans le Sud n’avaient même pas une couverture d’assurance. Ce qui rend la situation plus complexe pour amorcer la relance.
Un bon système d’assurance et un système de crédit efficace sont à l’économie ce que le sang et l’air sont à l’organisme humain. L’avenir économique d’Haïti (du Grand Sud en particulier), pays à risque par excellence, est inconcevable sans des services d’assurance et de crédit capables de garantir aux propriétaires, consommateurs et entrepreneurs contre les risques multiples auxquels sont soumis les acteurs économiques évoluant dans cet environnement fragile.
Comment se protéger des intempéries ? Haïti, comme beaucoup d’autres pays de la région, se trouve dans une zone géographique où les intempéries sont fréquentes. Avec le temps, les autres pays ont appris à se protéger des phénomènes naturels en se dotant de moyens de défense adéquats et en respectant l’environnement. Mais, Haïti tarde encore à se mettre au diapason des normes de sécurité internationalement établies.