« Songer sans cesse comment tous les événements qui présentement se produisent se sont produits identiques autrefois et songer qu’ils se reproduiront. »

Marc-Aurèle

 

« Songer sans cesse comment tous les événements qui présentement se produisent se sont produits identiques autrefois et songer qu’ils se reproduiront. »
                                                 Marc-Aurèle   

Aujourd’hui, il est incontestable que l’étude de l’Histoire, branche importante des sciences humaines et sociales qui se porte sur l’étude et la sauvegarde du passé des hommes et des civilisations, prend une place de choix, dans l’orientation des sociétés. Dans son œuvre « l’Enquête », Hérodote, le père de l’histoire, précise que le temps ne doit pas abolir le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits ne tombent pas dans l’oubli... 

L’histoire est donc un facteur essentiel pour une bonne compréhension du présent, ce qui nous permettra de prendre du recul par rapport aux événements qui surviennent par la suite. Cette fonction, héritage de l’antiquité, participe encore à la manière de présenter, de comprendre et d’expliquer les événements.  

Il se révèle, au fil du temps, que le plus important n’est  pas l’histoire elle-même mais le sens que nous en donnons, le sens qu’elle prend à travers le temps, l’interprétation que nous en faisons et l’importance que nous lui donnons. Ce qui nous porte à produire une réflexion sur le terme « sens » : Par qui l’histoire est-elle élaborée ? Dans quel but ? Comment se construisent les mythes ? Pourquoi apprendre aux gens à découvrir le monde au fil des événements qui le structurent ? Les sociétés humaines ne sont-elles pas toujours en évolution ? Les historiens ne répondent-ils pas à une fonction éducatrice d’éclaireurs ?

N’est pas donnée à n’importe qui la tâche d’écrire l’histoire. Le métier d’historien exige non seulement des aptitudes mais aussi une formation. Hérodote d’Halicarnasse, identifié par Cicéron comme père de l’Histoire, écrivait déjà au Ve Siècle Av. JC. : «  Il faut observer, rapporter, raconter tout ce qu’on a vu ou ce que l’on a entendu… » 

L’observation se définit comme l’action d’examiner avec soin. Elle constitue l’une des bases, le point de départ que nous trouvons impliqué dans la méthodologie de presque toutes les sciences humaines et sociales.

S’impose à l’historien, l’obligation de dire la vérité, cette vérité qui n’a jamais plu aux tyrans. François René de Chateaubriand, en son temps, exprimait la redoutable fonction dont l’histoire a joui au fil des siècles. « Lorsque tout tremble devant le tyran, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. » 

L’historien a recours aux témoignages, il juge, il décortique, il interprète, il s’exerce à comprendre, à saisir la dynamique des événements. En somme l’historien, pris dans les contraintes d’un métier extrêmement difficile, se situe à la limite de l’actuel et de l’inactuel, du passé et du présent comme l’évoquait si bien le célèbre Marc Bloch (1949) dans son ouvrage « Apologie pour l’histoire ou métier d’historien.» 

Au fil du temps, la méthodologie dont s’inspire l’histoire s’est complexifiée, raffinée, enrichie bien au-delà des normes qu’avait privilégiées Hérodote. Hegel (1965) signalait qu’il ne suffit pas d’avoir été le contemporain des événements qu’on raconte ou d’en être bien informé. L’auteur d’une œuvre historique doit appartenir à la classe et au milieu social des acteurs qu’il décrit ; leurs opinions, leurs manières de penser et leurs cultures doivent être les mêmes que les siennes.          

A ce propos, la conclusion serait que les interprétations des faits soient aussi multiples et différentes les unes des autres qu’il en existe de visions et de conceptions de l’histoire, mais la manière d'enseigner l'histoire est aussi capitale que préoccupante pour la subsistance plus ou moins réelle des faits historiques en empêchant l’altération de ceux-ci ; bien que de là, une confrontation de la question objectivité-subjectivité nous emmènerait à un débat interminable, tel n’est pas notre objectif dans ce texte. Dans ce cas, l’histoire est-elle une succession de faits présentée le plus objectivement possible ? Est-ce une prise de recul pour mieux comprendre ce qui s'est passé et en tirer des leçons pour éviter les mêmes erreurs ? En effet, est-il donc possible que notre ignorance de l’histoire nous condamnerait à la revivre ?

Hegel précise qu’une civilisation se trouvant en difficulté d’écrire sa propre histoire en est aussi incapable d’évolution culturelle. Il est palpable que l’ignorance de l’histoire influe beaucoup sur l’orientation des peuples et leur développement. L’histoire et l’expérience témoignent et nous enseignent que les peuples et les gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire et qu’ils n’ont jamais agi en fonction des maximes qu’on apprend dès notre plus jeune âge sur les bancs de l’école.

A chaque époque, chaque peuple se trouvant dans des conditions particulières, réagit en fonction de cette situation unique. Les grands caractères que l’on retient en histoire sont précisément ceux qui à  chaque fois, ont trouvé la solution appropriée dans la circonstance déterminée. La vérité est que nul cas ne ressemble exactement à un autre. Cela ne réduit pas pour autant l’importance d’émettre des réflexions sur l’histoire. 
            En tenant compte de la linéarité de celle-ci, l’histoire ne se répète pas, mais les phénomènes sociaux, les déviations sociétales des peuples ne cessent de se répéter. Dans certains pays c'est avec consternation  que l'on remarque la fréquence croissante et anormale de la répétition.