Il est écrit dans la Bible « mon peuple périt par manque de connaissance ». Sans vouloir faire une présentation du Saint Évangile, nous pensons que cette déclaration pourrait s’appliquer à divers aspects de la vie quotidienne et représenter un constat révélant une relation directe entre la connaissance et le risque de périr. Il convient aussi de souligner que l’on ne peut se contenter de connaissances minimales. Le principe de demi-mesure n’est pas applicable ici. Soit on accumule des connaissances pour éviter le pire, soit on embrasse celui-ci aux dépens de celles-là. Cependant, indépendamment de ce que représente le pire, il n’en reste pas moins vrai que l’obtention des connaissances demeure obligatoire pour accomplir des objectifs précis et déterminés.
Philosophes et chercheurs ont établi une variété de formes de connaissances les unes plus distinctes par rapport aux autres. Cette divergence de formes s’explique à partir d’origines et de philosophies différentes. Si quelqu’un peut périr par manque de connaissance, on peut en déduire qu’on se réfère à celle dont l’origine est liée directement à la spiritualité ou matérialisme. « La connaissance est le fruit de l’expérience » (Simon de Bignicourt, 1755). En d’autres termes, la connaissance est l’ensemble des théories prouvées ou acceptées par une société ou un groupe. Une fois acceptées, elles deviennent des conditions et règlements régissant nos comportements et nos actions. À défaut de leur acquisition, le risque de périr s’accroît. S’approprier de ces connaissances devient donc impératif, sauf en cas de suicide littéraire collectif.
Cependant, un puits de connaissances reste inutile si celles-ci ne sont pas utilisées à bon escient. L’une des meilleures façons de les transférer est l’éducation. Bien qu’il y ait des facteurs pouvant gêner ce moyen de transfert qu’est l’éducation, des efforts colossaux doivent être déployés pour en bénéficier et la rendre efficace. Toute éducation adaptée à la réalité d’un environnement est vouée à des résultats louables pouvant transformer une société. À cet égard, on n’a pas besoin de réinventer la roue. Plusieurs autres nations ont mis l’accent sur une solide éducation. Ce qui leur a valu d’en retirer des avancées significatives et considérables. Pour une nouvelle Haïti en général et un nouveau Sud en particulier, nous devons apprendre à manœuvrer adroitement ce véhicule de transfert de connaissances afin de mieux alimenter les esprits et les cerveaux.
La période estudiantine se révèle cruciale dans les développements social et physique d’un enfant. Durant cette période, des traits sociaux, psychologiques et intellectuels se forment à partir des relations amicales vécues dans un environnement structuré et contrôlé. Priver un enfant de cet encadrement formateur sain peut avoir et a des impacts négatifs sur toute sa vie. En fait, c’est commun de trouver des enfants devenus adultes éprouvés des lacunes émotionnelles et communicatives. Souvent, ces enfants manquent de contrôle de soi pour n’avoir pas été exposés à des situations leur enseignant comment gérer les états de faiblesse. Des matières psychologiques ne sont simplement pas offertes à ces étudiants pour leur apprendre certains aspects de base en lien avec les réalités de la vie.
La situation alarmante de nos institutions indique notre position exacte dans ce processus de péril collectif. Au moment de la rédaction de cet article, la plupart des établissements scolaires restent fermés plus de deux mois après la date officielle de la rentrée et personne ne peut prédire avec certitude la date de réouverture des classes. La société, parait-il, accepte ce fait. Car, souvent, l’état fait l’objet de blâmes pour cette situation, bien que n’étant pas le seul responsable de ce chaos. Le pire est que, trop souvent maintenant, les écoles haïtiennes sont utilisées comme outils politiques, soit par les étudiants eux-mêmes ou par les propriétaires. Dans d’autres cas, ceux-ci s’en servent comme moyens économiques pour s’enrichir sans aucun souci de transmission adéquate et universelle de connaissances. On a assisté au cours des dernières années à une multiplication de « kalòj scolaire » qui sont totalement privés des conditions minimales pouvant favoriser une éducation complète et solide. Des conséquences fâcheuses en ont découlé par ailleurs.
La fuite des valeurs morales dont nous sommes témoins dans nos rues et quartiers n’est que la résultante des générations d’étudiants n’ayant pas reçu une éducation viable. Un sentiment d’irrespect à l’égard de la noblesse et des choses sacrées a vu le jour. Dans les services publics ou privés, l’accueil de jadis chaleureux a bel et bien disparu pour s’être fait remplacer parfois par une réception rude et irrévérencieuse.
Il fut un temps, la notion d’amour pour son prochain et sa patrie était inculquée. Malheureusement, aujourd’hui c’est la pratique du « chen manje chen ». Xaragua Magazine sonne la cloche de l’urgence freiner cette dégradation de notre système de valeurs. Le moment est donc venu pour que tous les descendants du Sud plaidoient en faveur de l’éducation universelle et de qualité, unique option pour la survie de notre région. Tous ensemble, revalorisons l’éducation pour un futur prometteur et souriant pour notre département et pour le pays tout entier.