De nos jours, se programmer pour regarder un match de football est un exercice facile. La mondialisation des moyens de communication ayant passé par là, on n'est plus à l'époque des années 80, où on devait se tracasser pour voir un match de football.

De nos jours, se programmer pour regarder un match de football est un exercice facile. La mondialisation des moyens de communication ayant passé par là, on n'est plus à l'époque des années 80, où on devait se tracasser pour voir un match de football. 

Si cette réalité, les amoureux du football de la capitale haïtienne (Port-au-Prince) l'ont vécue à l'époque dont j'ai fait mention plus haut, malgré le fait que certaines familles avaient la chance de recevoir des images de Télé Haïti par câble, dans les villes de province, c'était pire. Et les Cayes ne faisait pas exception. 

Je me garde de vous raconter les péripéties que nous, fans de football, avons endurées pour voir, quand la chance était avec nous, un match du mondial argentin en 1978. 

Comme pour les vrais fans de football que nous, Berthony Fantal, Roger St-Preux, entre autres, et moi que nous avons toujours été, le football ne se résume pas uniquement à la Coupe du monde, il nous fallait à tout prix trouver un moyen de regarder les matchs de la Coupe d'Europe des clubs champions, l'ancêtre de la Ligue des champions, les matchs de la Coupe des vainqueurs de coupe ou ceux de L'UEFA, devenue Europa league depuis. 

À défaut de regarder ces matchs en direct, nous nous contentâmes de les voir en différé sur des vieilles cassettes Bêta, grâce justement à Berthony Fantal, qui prenait un plaisir de passer nous "ramasser" presque tous les samedis, pour visionner ces rencontres, souvent disputées depuis deux semaines auparavant ou même plus. Donc, le football international était devenu pour ce petit clic (Roger, Berthony, Liné Clautaire [décédé], Johnny Saliba, etc et moi) que nous formions, un élément essentiel à notre existence. 

Si les matchs en différé que nous  proposa Toto Fantal nous aidaient à assouvir notre passion, il restait en nous quelques sentiments de frustration, dus au fait que les résultats des matchs, nous les savions déjà. 

C'est justement dans cette période d'appréciation de l'hospitalité de Toto, mais aussi d'insatisfaction relative que le Docteur Gérard Dupervil fît son apparition sur la scène avec sa fameuse antenne parabolique. Les mercredis de coupe d'Europe et les dimanches de Calcio étaient devenus de véritables programmes de football international chez le Dr Dupervil, à qui j'adresse mes meilleures salutations et à qui aussi et surtout je souhaite une bonne santé. Si pour une raison ou une autre il ne serait pas en mesure de lire ce "papier" , je délègue Maître Rigaud Benoît de lui transmettre mes meilleurs sentiments. 

 Grâce à sa grande disponibilité et son grand esprit d'ouverture, le Dr Dupervil nous permit de nous mettre à jour dans les matchs, de discuter, de comprendre le jeu et de nous familiariser avec certains jeunes joueurs bourrés de talent à l'époque, qui allaient devenir par la suite des cracks du football mondial. Dans cette liste, je pense à Van Basten qui était à l'Ajax d'Amsterdam, à Ronnie Koeman (PSV), Romario, Marius Lacatus, qui nous avait épatés lors de la finale de la coupe d'Europe des clubs champions en 1986 avec le Steaua Bucarest contre le FC Barcelone, etc. Souvenirs!  Souvenirs ! 

À propos du Dr Dupervil, j'ai aussi une anecdote à vous conter. Alors que les discussions sur tel ou tel joueur faisait débat dans le salon de Gérard Dupervil, je me rappelle, très jeune à l'époque, qu'il sollicitait régulièrement mon point de vue final pour mettre fin aux discussions. Point n'est besoin de vous dire combien je me sentais flatter d'avoir une telle importance de la part de celui qui fut à l'époque, le président de la Ligue de football des Cayes. C'est d'ailleurs lui qui proposa un jour au feu Marcel Mathieu de me contacter pour commenter avec Pierre Michel Bolivar, les matchs de la Copa america de 1987 à l'Audio Vision, car il estimait que les commentateurs attitrés de la RDC ne connaissaient pas le nom des joueurs. Ceci dit, mes premiers pas comme commentateur ou descripteur de matchs de football portent sans aucun doute la signature du Dr Gérard Duperville. Merci Docteur! 

Voilà donc ce que fut la réalité des mordus du ballon rond comme moi,  à une époque où la télévision était un luxe aux Cayes. Si nous avons pu assouvir notre passion, c'était grâce à des aînés ouverts d'esprit qu'étaient Berthony Fantal et Dr Gérard Duperville. Sachez, chers aînés, que ma génération ne vous oubliera pas de si tôt. Enfin, JAMAIS! .

A propos de

Surguy Rivière

Surguy Rivière, plus connu sous le nom de Guyto Rivière, est un journaliste et analyste de football haïtiano-canadien vivant actuellement au Canada. 

Dès son enfance, le gamin que Guyto exposait sa passion pour la retransmission des matchs de …

Biographie