Dans notre imaginaire d’adolescent régnant en sillonnant les rues de Jérémie, on avait la certitude qu’il n’y avait aucun interdit. Tout ce que dans le respect des normes et des valeurs familiales d’autres ne pouvaient tenter, on s’imaginait l’avoir déjà fait. A une période ou l’on découvrait les redresseurs de tort, Bruce Lee, Zorro, Robin des Bois, ou la parole se libérait peu a peu et ou dans la Cathédrale les mots de justice sociale, d’équité d’entraide et solidarité résonnaient avec fracas dans nos tympans, un personnage nous fascinait mais a distance. Ce qui nous intriguait davantage c’est le lourd silence de nos professeurs concernant ce Monsieur comme Il faut, qu’on saluait avec déférence, qui dégageait une auréole, une puissance. On le croisait religieusement, drape dans sa dignité tout en nous faisant l’honneur de répondre a nos salutations. On était heureux, flatte dans notre ego d’adolescent.

Dans notre imaginaire d’adolescent régnant en sillonnant les rues de Jérémie, on avait la certitude qu’il n’y avait aucun interdit. Tout ce que dans le respect des normes et des valeurs familiales  d’autres ne pouvaient tenter, on s’imaginait l’avoir déjà fait. A une période ou l’on découvrait les redresseurs de tort, Bruce Lee, Zorro, Robin des Bois, ou la parole se libérait peu a peu et ou dans la Cathédrale les mots de justice sociale, d’équité d’entraide et solidarité résonnaient avec fracas dans nos tympans, un personnage nous fascinait mais a distance. Ce qui nous intriguait davantage c’est le lourd silence de nos professeurs concernant ce Monsieur comme Il faut, qu’on saluait avec déférence, qui dégageait une auréole, une puissance. On le croisait religieusement, drape dans sa dignité tout en nous faisant l’honneur de répondre a nos salutations. On était heureux, flatte dans notre ego d’adolescent.

« N’entre pas Fiston, il n’y a pas de place pour un homme déshonoré dans cette demeure ».
Elle avait 76 ans ; la blancheur de ses tresses et la tristesse de ses yeux s’amalgamaient dans la tiédeur de cet après-midi d’automne.  

« Je ne suis pas venu pleurer Mère mais plutôt pour prendre mes armes, te serrer dans mes bras en vous disant Adieu. »

 Son plus jeune fils, l’enfant de son Amour était conduit a la maison par son ainé, le colosse, bien bâti, naturellement calme et efface .les voisins ne pipaient mot. La douleur, l’ignominie.la honte s’infiltraient dans les rues, pénétraient les galeries, envahissaient les chambres et inondaient les cœurs. La ville était pétrifiée ; la gifle résonnait dans la sphère auditive de tout un chacun On ressentait la brulure, on pouvait tâter les balafres. 

Les marines depuis quelques mois avaient occupé la ville et regardaient avec mépris ceux qui ne venaient pas faire allégeance dans cette baraque installée sur l’habitation des Lestage, ancienne propriété du General Dommage. Jérémie vivait a leur rythme et le son du clairon comme le rythme saccade de leur pas troublaient la quiétude des gens comme des jours.

La rivière Grand ’Anse serpentait la vallée et les pipirites charriaient des vivres vers la ville. L’alexandrin métallique n’avait pas encore pris corps dans ce décor paradisiaque qui avait enchante Dumarsais Estime. Les marines construisaient une barge susceptible de permettre la traversée du courant. La beauté des lieux, le doux parfum et le gout d’un clairin anise joint a la chaleur ambiante éloignaient rapidement le bons sens de la tête des jeunes soldats. Deux d’entre eux n’ont pas su résister a la force des eaux. La panique gagna le groupe………des paysans de la zone repêchèrent un corps  Le Capitaine Frederick M Whise se présenta sur les lieux  et chassa curieux et gens dévoués a leur apporter assistance dans un moment si cruel.

Valcourt revenait calmement de Gebeau, ne sachant pas que la Parque avait déjà tranche sans hésitation le fil de vie de deux jeunes recrues. Il vit de loin les uniformes kaki et une civière sur les épaules de quatre soldats. Continuant calmement sa route il ne porta pas attention a un son, un juron, un ordre…  N’ayant ni la langue ni l’attention sur ce qui se passait, son chapeau de paille vise sur sa tête, le corps en sueur, il voulait arriver comme promis à sa sœur pour le TomTom traditionnel du samedi.

Le sergent Caperton leva sa cravache et le fouetta au dos rageusement. Il se ressaisit, bondit sur le militaire mais tomba  rapidement sur la sauvagerie de plus de six marines. Ils le clouèrent au sol au carrefour wharf, le relevèrent .le frappèrent a la tête puis, comble de l’horreur le sergent lui administra une paire de gifles. L’écho ébranla la grand rue, se heurta au clocher de la Cathédrale, provoqua un hurlement de nos morts gisant au pied de la colline de Bordes et plongea dans les gorges de Fond Rouge d’Ayer. La ville prit froid.

Comme un couperet la nouvelle tomba ; A la Pointe a l’usine de savon un homme se leva serein et déterminé .Figée dans une attitude indescriptible, Jérémie, a travers chaque famille, enleva de leurs cachettes : pistolets, vieux fusils dagues et poignards. Valcourt croisa son Frère près de l’Ecole  Frère Paulin .Les portes se fermèrent par égard, pour ne pas augmenter leur honte, un peu pour partager leur peine mais surtout pour ne pas croiser le regard de l’occupant. 

« As-tu vu celui qui t’a souffleté lui demanda l’aine
Oui répondit-il, Il va mourir 
Tom et Dumogene sont cachés derrière les poteaux au corridor trésor Ils vont nous aider 
Le poids du cadavre et de l’alcool avait ralenti la marche du peloton Ce qui permit a nos compatriotes de bien se positionner. Repus, les pas trainant la colonne remonta la rue principale de la ville sans se douter que comme un boulevari quatre mousquetaires allaient s’abattre sur eux. Une tête sauta ; le sang gicla et provoqua une peur grandiose chez les soldats. Valcourt trancha une seconde tête tandis que les bras de trois marines furent sectionnes par C Noel et D.Legagneur  Avec une vitesse incroyable les quatre gravirent le couloir du corridor traversa la Place Dumas et se refugia dans le cimetière qui leur ouvrit la route de Bordes.

Un accord tacite existait entre les gens de la ville On regardait avec admiration l’homme qui, après un séjour a la voute Laforest, gagna Cuba et revient au pays après l’occupation mais personne ne transmettait a vive voix son exploit On l’admirait de loin comme  une planète dans notre firmament.

A un moment ou la mainmise de l’Oncle Sam était dénoncée dans les sermons religieux ,ou Manno et Marco a travers leur chanson nous incitait a nous opposer a l’impérialisme américain, dans le tréfonds de notre âme notre jeunesse avait un modèle, le dernier Caco Lucien Mauclair  Quand il mourut j’avais conscience que ce pays allait connaitre des jours sombres Une rue de la ville portera un jour son nom.