Alfred Nobel (1833-1896) fit ses études à Saint-Pétersbourg, où son père dirigeait les chantiers navals et avait installé une usine fabriquant la nitroglycérine. Cet explosif liquide, découvert en 1847 par le chimiste italien Sombrero, était resté jusque-là d’une manipulation si dangereuse que l’on songeait à en interdire l’emploi : le moindre choc, une élévation de température suffisaient, en effet, à le faire détonner.

 

Alfred Nobel (1833-1896) fit ses études à Saint-Pétersbourg, où son père dirigeait les chantiers navals et avait installé une usine fabriquant la nitroglycérine. Cet explosif liquide, découvert en 1847 par le chimiste italien Sombrero, était resté jusque-là d’une manipulation si dangereuse que l’on songeait à en interdire l’emploi : le moindre choc, une élévation de température suffisaient, en effet, à le faire détonner.

Combien paradoxal est le destin de ce Suédois, inventeur de la dynamite ! Alfred Nobel, ayant œuvré comme ses frères et son père dans les industries de mort, y édifia une prodigieuse fortune et devint le magnat des produits explosifs et incendiaires. Or, cet homme qui approvisionnait tous les champs de bataille du monde fonda, en chaleureux philanthrope et en généreux mécène, les prix fameux qui portent son nom et honorent chaque années les purs ouvrages de l’esprit, les nobles conquêtes de la science, sous le signe de la compréhension et de la concorde universelles… Dans son dernier testament rédigé en 1895, le Suédois demande que soit créé une institution qui se chargera de récompenser chaque année des personnes qui auront rendu de grands services à l’humanité, permettant une amélioration ou un progrès considérable dans cinq disciplines : physique, chimie, médecine, littérature et paix. En 1968, avec l’accord de la Fondation Nobel, La Banque de Suède a institué un prix en économie. Les lauréats de chaque prix Nobel se partagent chaque année un montant d’environ 900,000 euros. Les premières récompenses ont été attribuées en 1901 à Wilhelm Röntgen (Nobel de physique), Frédéric Passy et Henry Dunant (Nobel de paix), Emil Adolf (Nobel de médecine), Jacobus Henricus (Nobel de chimie), et Sully Prudhomme (Nobel de littérature).

Une de ces hautes récompenses est attribuée, selon son vœu le plus cher de l’industriel, chimiste, « à celui qui aura fait, le plus ou le mieux, pour l’œuvre de fraternité des peuples, pour la suppression des armées permanentes, ainsi que pour la constitution et la propagation des congrès en faveur de la paix ». Ce prix Nobel de la paix, il se l’était déjà, peut-être en son cœur, décerné à lui-même, puisqu’il proclamait en toute sérénité – l’avenir, hélas, devait le contredire – que « plus les moyens de destruction seront terribles, plus on évitera d’assumer la responsabilité d’une déclaration de guerre ».

Qui peut gagner le prix ? Il est inscrit dans le testament d’Alfred Nobel que la nationalité de ces savants ne devrait en aucun cas être un critère de sélection. Un prix ne peut être remis à titre posthume, sauf si la mort survient après l’annonce du nom du lauréat. Personne ne peut y être exclue, pas même Hitler. D’ailleurs, en janvier 1939, ce dernier avait été proposé par un député Suédois. Tout le monde peut soumettre une candidature, mais toutes les propositions ne seront pas étudiées. Au XXIe siècle, les prix sont décernés au cours du mois d’octobre de chaque année. La cérémonie de remise de prix a lieu le 10 décembre, jour de l’anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.

S’il y a des vivants qui rêvent jour et nuit de se voir attribuer une telle distinction, il y en a qui ont été élus et qui ont choisi de refuser le Prix Nobel. Le premier refus de plein gré est celui de Jean-Paul Sartre (Nobel de littérature 1964) opposé à toute distinction décernée à une personne vivante. La deuxième déclinaison de plein gré a été faite par le Vietnamien Phan Dinh Khai (Nobel de paix 1973). Il y eut aussi des refus sous contrainte. Adolf Hitler força trois allemands à refuser ce prix, mais ils en prirent possession après la deuxième guerre mondiale. Le gouvernement soviétique contraignit Boris Pasternak à décliner le Prix Nobel de littérature en 1958.

Un récipiendaire du prix Nobel devient instantanément une « star » médiatique bien au-delà de son champ disciplinaire, et jouit d’un prestige qui a peu d’égal chez les chercheurs et universitaires, d’autant que ce prestige touche largement le grand public. Pour l’année 2020, le prix Nobel a été décerné : 

1.- Aux anglo-saxons Harvey Alter, Michael Houghton et Charles Rice (Nobel de médecine) pour leurs travaux respectifs sur le virus de l’hépatite C
2.- Au Sir Roger Penrose et à l’allemand Reinhard Genzel (Nobel de physique)
3.- À la française Emanuelle Charpentier et à l’américaine Jennifer Doudna (Nobel de chimie)
4.- Au (PAM) programme alimentaire mondial, organisme de l’ONU (Nobel de Paix)
5.- À la poétesse américaine Louise Glück (Nobel de littérature)
Aux américains Paul Milgrom et Robert Wilson (Nobel d’économie)