Reclus en ce pays mondain
Point de gardien à lui ne vient.
Ce parvis est l’unique abri
Où l’eau de pluie parfois se gît.
Reclus en ce pays mondain
Point de gardien à lui ne vient.
Ce parvis est l’unique abri
Où l’eau de pluie parfois se gît.
Quand les longues nuits de rafale
S’abattent sur lui tel un grand châle,
De cette obscure galerie
Parfois où il se réfugie
Les résidents de rage pleins
Au lendemain en leur dédain
N’hésiteront au crépuscule
Dans l’espérance qu’il ulule,
Diligemment à le proscrire
Lorsqu’en leur visage le rire
Aussi odieux que cruel
S’assortira à leur vaisselle
D’où jaillira le froid fluide
Qui sur l’humide corps morbide
S’aplatira telle une tape
Qui l’ôtera de cette trappe
N’étant qu’un sommeil léthargique
Mais bien peu profond qu’idyllique.
Et sous les premières lueurs
De l’astre illuminant les fleurs
Sous le vent, trempé, il s’en va ;
La froidure en ses pans de drap,
Piètres rideaux de haillons,
Infiltre les piteux sillons
De son trapu corps éraflé,
Telle l’Europe des tranchées,
Et s’unissant à la famine
Qui des lustres durant lamine
Ses navrants boyaux altérés,
Si profondément empêtrés,
Et ses efflanquées côtes nues
Dont l’allure de détenu
De la Rue Toussaint Louverture
Voile la béate ouverture
En sa poitrine s’étendant,
Et d’où les latents battements
Du creux noyau d’où part la vie
S’en allaient imitant sans bruit
Le languissant rythme des gouttes
Lorsqu’il pleuvine sur la croûte.
Alors qu’arrivent les dévots
Sous le retentissant écho
Des euphoniques accords d’orgue
Aussi funèbres que les morgues,
Il s’en va vers la cathédrale
Se cantonner sans nul dédale
Sous l’arcade de la façade
Où pour une maigre panade
Qu’il gobera afin d’attendre,
Sa main il est venu pour tendre
À tout compatissant passant
Dont la plupart point ne ressent
À l’odorat l’odeur fétide
De sa peau la fange qu’élide,
Car beaucoup de jours s’étaient vus
S’écrouler sous les cieux émus
Sans que sur ses pieds goudronnés
De l’eau propre ne fût versée ;
Et que ces tissus assortis
Auréolant ce gai petit
Qui tout matin par-là passant,
En son galbe un feu flamboyant,
Au bras de sa mère agrippé
Qui de son sac s’était chargée,
Point sur lui n’avait été mis,
Bien qu’en ses alanguies nuits
Il n’ait constamment eu pour rêve
L’école de sa faim pour trêve.