Notre Histoire et nous, quel fil conducteur ?

Si  nos gouvernants, les politiciens et d’autres franges de l’élite dominante avaient lu  et bien compris l’histoire de la guerre de l’indépendance, en particulier les leçons de la bataille de la Crête à Pierrot et de celle de Vertières, ils auraient réfléchi mille fois avant de poser un acte quelconque qui déshonore le pays et qui souille la mémoire des Aïeux. 

Si chaque Haïtien avait une notion approfondie de cette tranche d’histoire qui lui ferait voyager dans les profondeurs de son passé pour découvrir et comprendre les torts et les tares du système colonial esclavagiste et les  comparer aux affres de l’enfer actuel, il verrait  qu’il y a un dénominateur commun qui le chosifie et contre lequel il a besoin de se battre sans relâche pour retrouver son identité et sa dignité humaine, pour  jouir pleinement de ses droits et libertés, et pour accomplir en bon citoyen son devoir. 

Mais, dans cette lutte existentialiste, le venin de la haine et de la violence a perduré et fait trop de dégâts.  C’est le moment de travailler pour la paix, pour enfin vivre dans l’amour.  Sachons alors cultiver le pardon, la justice, l’éducation et l’effort, comme fondamentaux et principale locomotive de transformation de notre tragédie actuelle en opportunités de création de la valeur pour la prospérité de la Nation. Le pardon peut faire toutefois problème à plus d’un. Mais, « pardonner » n’est pas « oublier » et ne doit être ni un sacrifice, ni au-dessus de nos moyens. Selon Mandela, seul le pardon permet de construire une nation.  Autrement, c’est le jeu « mwen pap kite pou ou » qui va toujours primer pour chaque acteur et chaque gouvernement, comme c’en est déjà trop le cas sur notre échiquier politique bloquant systématiquement le progrès du pays. 

Cependant, pour vaincre l’impunité, cicatriser les plaies et créer l’apaisement social nécessaire à la reconstruction du pays, il importe de chercher à établir quoi pardonner, quoi et comment juger. N’est-on pas actuellement en plein dans ce dilemme, alors que nos institutions ne sont apparemment pas en mesure d’y répondre valablement.  C’est cet exercice salutaire que la réalité actuelle nous invite à faire.  Cela requiert une démarche pluridisciplinaire, impliquant des profils de gens expérimentés, impartiaux et désintéressés qui, tout en mettant à contribution leur science sur le plan méthodologique et leur conscience sur le plan éthique, et tout en exploitant à fond les données du contexte, pourront aussi s’inspirer d’exemples d’ailleurs qui ont fait leur preuve.  C’est là l’une des conditions fondamentales qui feront passer le pays de l’ombre à la lumière.