C’est mille couleurs dans le frimas…

Au Feu de l’Automne

                                                   I

Le doux feu de l’automne nous suscite des floralies :     

Il transforme de vertes feuilles en tuiles d’ardoise,

En perles de pluie ; les embrasse en gouttes de sang,

En pétales de rose ; les colore en jaune d’œuf,

En languettes de feu ; les mue en chrysalide pourpre,

En buvard de cacao ; les éclate en paillettes d’or,

En étoiles d’argent ; les éprouve en larmes d’acier,

En vol de machaon ; les exhibe en chars allégoriques,

En uranies foliacées ; les dessine en morpho bleus,

En as de pique ; les mûrit en croissants de lune,

En grenade violacée ; les brandit en drapeau enflammé,

En cartes jaunies ocellées ; les fige en oiseau musicien,

En vieilles bouteilles jetées à la mer, en textes anciens…

                                                                                                                                                                                                                                                                             

                                    II

La fraîche saison refroidit les chimères exubérantes,

Les délires psychédéliques ; assagit les dévergondés,

Les sadiques morpions ; adoucit les mûres sauvages,

Les biches indomptables ; apprivoise les vierges timides,

Les pigeons d’argile ; agite de folles boussoles,

De frêles myosotis ; dégarnit les orchidées d’apparat,

Des carrés de soleil ; étanche la soif ivre d’absinthe,

De souvenirs d’antan ; rend des hommages posthumes

Aux arcs-en-ciel déchus ; nourrit les rêves idylliques

Des aquarelles d’enfant ; durcit les cires d’abeille, 

Le pain de seigle moisi ; noircit les vestiges d’incendie,

L’ondée de fiel, la courroie des camisoles de force…

                                                                                                                                                                                                                                       

                                    III

La marchande d’ambre apaise les nichées bruyantes,

Les chevaux fous ; ravive les incantations holistiques,

L’encens d’Électre ; épaissit le petit lait de chèvre,

La pulpe des baies rouges ; amplifie le supplice d’Œdipe,

Les cris d’alouette comblée; module la flûte à traverses,

L’envol des geais noirs ; régule la traversée des huards,

La tonte des brebis égarées ; accorde le violon d’Ingres,

Le chalumeau d’érable ; exhale des parfums narcissiques,

Une chlorophylle curatrice ; écarte, des vases brisés,

Les éclats rutilants ; déguise la triste mélancolie,

L’insidieuse nostalgie ; rase, dénude les têtes adultères

Des flammes du Saint-Esprit… parfaits ovales de rubis !

 

En Triptyque Floral,

 

J’aime partir fureter au sous-bois de la forêt,

Cueillir du gui avec mon cep au pommeau d’or,

Découvrir l’hystérie d’une nature vivifiante.

Sylvestre randonnée qui enchante et réjouit.

 

Marcher sur une  pelouse veloutée, tapissée 

De feuilles flamboyantes, pourpres, orangées,

Rosées, cuivrées, poivrées, argentées, luisantes,

Baignées de rosée, d’eau de pluie, de clair-obscur… 

 

Je chemine dans l’air frais, la solitude et le calme.

Cristallisant mes pensées qui deviennent claires, 

Comme l’eau de roche d’une source montagneuse

Se déversant en aval dans des puits improvisés.   

 

Je ne pense pas au froid qui engourdit mes doigts,

Ni à la brise glaciale qui me brûle l’aire faciale,

Animant les titans de l’Arctique et du pergélisol

Qui vacillent, se morcellent… puis chancellent.

 

Je m’abandonne à la flore vis-à-vis d’un ruisseau,

Observant la morphose du feuillage en floraison...

Puis, cumulant une pléiade de toutes les textures,

De toutes les formes, de toutes les essences et

 

De toutes les couleurs, j’en ai revêtu mon buste.

Noble éventail que j’ai enfoui dans ma besace,

Pour rapporter chez elle la pelletée d’Automne,

Où j’expose mon pastel, sur ses trois canevas.

 

Jean Stanley Augustave, Haïtien, est de la Plaine du Fond des Cayes, du Sud
d’Haiti.

Études :
Jardin d’enfants chez les Soeurs de Sainte Marguerite d’Youville aux Gabions.
Écoles Primaire et Secondaire des F.I.C. : -Collège Frère Odile …

Biographie