Présenter un rapide « état des lieux » à propos des programmes de l’enseignement élémentaire et secondaire (classes de 5ème, de 4ème et de seconde), des manuels et des ouvrages destinés à la préparation de la classe, des productions de l’édition pour la jeunesse (littérature, programmes, manuels, documents pédagogiques, ouvrages questions/réponses pour la jeunesse, documentaires) 1 ;
1. Présenter un rapide « état des lieux » à propos des programmes de l’enseignement élémentaire et secondaire (classes de 5ème, de 4ème et de seconde), des manuels et des ouvrages destinés à la préparation de la classe, des productions de l’édition pour la jeunesse (littérature, programmes, manuels, documents pédagogiques, ouvrages questions/réponses pour la jeunesse, documentaires) 1 ;
2. Mener une réflexion critique sur les questions pédagogiques que cette nouvelle façon d’enseigner doit adresser aux professeurs des écoles;
3. Proposer quelques pistes didactiques dans une perspective interdisciplinaire : promouvoir les approches interdisciplinaires : histoire, géographie, textes littéraires, peinture, musique, sculpture
4. Mener une réflexion sur les finalités de notre enseignement et sur nos responsabilités pédagogiques.
5. Documents écrit avec un format « regards croisés » sur les différentes périodes, époques, points d’histoire á travers les siècles.
6. Encourager l’élève à établir la différence entre un temoignage, un roman historique, le texte d’un historien, un reportage, le filmage de sources documentaires, une reconstitution historique ou une œuvre de fiction cinématographique. Tout ceci est dans le but de lui permettre d’assurer son héritage historique.
7. Graduellement reformer les manuels d’enseignement de l’histoire et le contenu des programmes par la formation des formateurs qui pourront suivre des cours bien spécifiques enseignés par des professionnels pluridisciplinaires : géographes, artistes, historiens, écrivains, etc.…
8. Enseigner à l’élève comment mettre en relation témoignage et images.
9. Que la mémoire devienne devoir d’interprétation dans la formation de l’identité
10. Mettre en évidence les confrontations malaisées des idéologies qui ont façonné l’homme haïtien du 19 au 21 e siècle.
N.B.
Il faut que l’enseignement de l’histoire et de la géographie puisse toujours se référer à la situation régionale et à l’héritage culturel local. L’adaptation des programmes d’histoire et de géographie ne doit pas bouleverser l’architecture des textes actuellement en vigueur dont elle maintient l’essentiel des contenus. Les finalités de ces programmes, qui veulent aider les élèves à connaître et à comprendre le monde d’aujourd’hui, á se mieux placer dans l’histoire pour des aspirations citoyennes reposent sur des valeurs universelles, celles des Droits de l’homme, de la démocratie et de la République.
Mais l’histoire et la géographie ne sont réellement formatrices que si elles ne s’enferment pas dans des territoires finis et des identités closes. La dialectique entre le local et le régional d’une part et l’universel d’autre part doit constamment se mettre en défi. Et, puisque l’histoire est toujours en prise avec l’avenir, la nouvelle façon d’enseigner l’histoire aura donc pour souci unique de développer le savoir et l’esprit critique des élèves. Elle doit leur inculquer - sans violer leurs consciences - un sentiment d’unité et d’appartenance. « Fabriquer » la Nation tout en forgeant des esprits libres est un projet éminemment politique dont la République ne peut faire l’économie si elle ne veut pas voir se développer les réflexes désordonnés que nous avons hérités depuis 1986 et les replis communautaristes qui la divisent. Il faut que l’enseignant puisse donner aux jeunes esprits cet atout de mieux comprendre son histoire pour mieux se comprendre soi-même. C’est la condition sine qua non qui doit contribuer à cette ambition civique dont nous rêvons tous. Ce formateur qui prendra un bon training de 80 heures de formation suivi d’un diplôme apprendra á ne pas tomber ni dans le culte nostalgique des héros, ni dans la repentance mémorielle et l’autodénigrement national.
Il n’est pas superflu de rappeler que les termes du débat se rapportant á l’enseignement de l’histoire seront autre á l’université vu que l’éducation supérieure est le lieu de l’approfondissement permanent du savoir et du recul critique, tandis que les écoles primaires et secondaires sont soumises au double objectif de :
• Rendre « la raison populaire »
• Former des citoyens
ISTWAM SE PAM, SE FOS MWEN, SE CHIMEN IDANTITE’M
MON HISTOIRE EST MIENNE, C’EST MA FORCE, C’EST MA VOIE VERS L’IDENTITE
Et, á partir de là introduire des fiches rapides de lecture sur les notions d’histoire du peuple haïtien via des topiques tels que :
♦Genèse de l’esclavage (commencement, but, fin, etc.… á travers les siècles modernes) : relations avec Haïti ; comment nos aïeux ont changé les perspectives européennes sur le sujet.
♦Présentation des héros de 1804, la nécessité de leur entente, les luttes fratricides, les moments de gloire, le Panaméricanisme, les services rendus a l’Amérique espagnole, a l’Amérique du nord (Savannah) ; les réalisations des différents gouvernements avec un bref aperçu de ce qui s’est passé au cours des différents périodes : L’affaire du capitaine Batsch, Amiral Killick, l’Affaire Luders, Création de la Banque Nationale, etc.… ; parler des personnages singuliers tels que : Pierre Toussaint, Jean-Baptiste Pointe du Sable, etc.…
Histoire des institutions politiques du pays : ministères, palais national, musée d’art, MUPANAH, cathédrale ND de Port-au-Prince, Senat et autres endroits d’importance ; l’esprit qui prévalait á leur érection.
♦Histoire de la musique savante haïtienne : Occide Jeanty, Ludovic Lamothe, Justin Elie, Carmen Brouard, Micheline Laudun-Denis, Lina Mathon-Blanchet, Anton Jaegerhuber, et tous les autres noms que nous ne pouvons pas citer ici mais que nous consignons pour un livre avec des détails biobibliographiques. L’essor de la musique populaire avec l’érection du Parc du bicentenaire en 1949.
♦Histoire du vodou en Haïti, les gouvernements sur lesquels on y a vu un élément de régression du peuple haïtien : la campagne du rejeté, les grands acteurs. Identification des grands Lakous du pays.
♦ Les artistes importants : présentation de leurs œuvres en images.
♦ Les relations entre le peuple et la bourgeoisie au pouvoir ; entre les classes ouvrières et la bourgeoisie mulâtre ; entre les paysans et les citadins á un point tel que la différence est certainement marquée dans leur sort et fixé dès le départ par l’Etat qui, sur leurs actes de naissance respectifs fait mention de leurs origines : « paysans », « citadins ». Il est désolant de croire que la plupart de nos grands hommes qui ont gouverné le pays ont vécu ou poursuivi leurs études á l’étranger et qu’ils aient continué á traiter leurs frères comme des esclaves, á la manière de « Ti Saintanise ».
♦L’Histoire des syndicats des travailleurs, des paysans, des ouvriers , des enseignants et autres de ce pays.
♦ L’histoire des dictatures haïtiennes ; les coups d’état
Les occupations américaines 1915-34 ; 1995-2009
L’économie haïtienne de l’indépendance á 1915, de 1915 á 1934 ; de 1934 á 1957 ; de 1957 á 1986 ; de 1986 á 2009.
♦ Visite des hauts lieux historiques et mystiques du pays
Relations historiques avec la république dominicaine : grands moments, affronts et déceptions.
♦La pensée haïtienne comme expression de l’expérience humaine de notre pays avec l’étranger et entre les haïtiens eux-mêmes.
♦La cuisine haïtienne ses rapports avec les mets qu’on dégustait pendant la colonie et en souvenir de l’Afrique de nos aïeux et arrière-grands parents.
Ces topiques pourraient servir de points de repères pour des émissions de télévisions et de radios où des experts en histoire et en géographie mettraient leur savoir au service du grand nombre. Il faudrait partir aussi d’une séance de formation des professeurs de sciences sociales. Il faudrait initier des conférences qui pourraient être patronnées par les ministères de la culture, de l’éducation nationale, du plan, des finances, etc. selon les sujets qui doivent être traités par des experts en économie, en religions, en littérature, en histoire, etc. Utilisation des moyens complémentaires observations sur le terrain expérimentations, mesures recherche documentaire, enquête (au niveau des lycées et universités) pour que le citoyen de demain puisse vraiment se rendre compte que l’histoire est un processus continu d’apprentissage pour soi-même et de soi-même.
Dans chacune des séquences, les auteurs des ouvrages qui seront utilisés par le MENFP doivent tenir compte du public en présence, victime d’un laxisme scolaire trop longtemps encouragé dans le domaine de l’enseignement de l’histoire et pédagogiquement aux questions centrales qu’impliquent leur sujet : fonction de l’histoire, finalités sociales, périodes et thèmes enseignés, supports et diffusion des contenus, profils des enseignants. Même si les réactions du public et les témoignages des maîtres pourraient faire défaut, si les analyses emportent la conviction par le dosage maîtrisé de l’érudition et des problématiques, on ne pourra que gagner á ce projet de formation du nouveau citoyen.
Maintenant, il faut savoir á quel niveau certains de ces topiques seront introduits.
Quelques conseils pour une stratégie pédagogique.
♦ S’appuyer sur l’expérience des élèves : recueillir leurs conceptions initiales des faits (ou leur ignorance) et provoquer une confrontation des différents points de vue pour les faire douter.
♦Poser des problématiques environnementales et ses rapports avec l’histoire et la géographie.
♦ S’appuyer, le plus possible, sur des situations concrètes locales.
♦Avoir une approche pédagogique variée : cognitive, émotionnelle, comportementale, participative, systémique… en fonction du contexte et de l’âge des élèves.
♦Développer des démarches actives d’investigation, de sensibilisation, de problématisation, et de structuration.
♦ Faire comprendre la complexité des problèmes d’environnement par une initiation à une approche « systémique » : accent sur les relations, sur la globalité, recherche des causes multiples, recherche des solutions envisageables diverses voire alternatives ou contradictoires, idées de conflit et d’incertitude.
♦ Habituer l’élève/l’étudiant à la clarification des valeurs.
♦ Développer les capacités d’analyse critique en l’éduquant au débat argumenté : travaux en groupes, ateliers pour une habitude de la communication orale et entre pairs.