Ariel Henry : Mode avion activé

Déterminé pour le déploiement d’une force multinationale en Haïti, le premier ministre Ariel Henry s’est rendu au Kenya le 29 février 2024 sur invitation du président de la République du Kenya, Monsieur William Ruto. Cette visite avec des autorités kenyanes vise la finalisation des modalités du déploiement de la mission multinationale de soutien à la sécurité. A l’aéroport international Jomo-Kenyatta, Ariel est accueilli par des honneurs militaires pendant qu’Haïti, de son côté, connait des moments de panique. En cette même date, des civils armés ont semé la pagaille dans plusieurs villes de la capitale. Un policier et un employé sont sortis blessés à l’aérogare Guy Malary alors qu’une balle perdue a touché un avion à l’aéroport Toussaint Louverture. Cette situation a contraint les lignes aériennes d’annuler leurs vols. Cette journée d’agitation a été aussi marquée par une attaque perpétrée par des bandits contre le commissariat de Bon Repos. Les multiples demandes d’appel à l’aide des policiers sur place n’étant pas agréées, cette attaque a coûté la vie à quatre d’entre eux qui sont des 26e, 31e et 32e promotion de l’institution policière et un inspecteur. La liste des victimes de la Police Nationale d’Haïti ne fait que s’allonger et comme toujours, le gouvernement n’a fait qu’exprimer son indignation face à ces actes et adresser ses sympathies aux familles endeuillées à travers une note.

Dans la soirée du samedi 2 mars 2024, le plus grand centre carcéral d’Haïti a été assiégé par des bandits. Les policiers qui assuraient la sécurité du pénitencier national de Port-au-Prince n’ont pas pu tenir tête aux envahisseurs et selon les autorités pénitentiaires, environ 3 600 prisonniers se sont évadés dont Dimitri Hérard, Marcelin Myrtil dit Arab, Jouma, Bout Janjan, etc. Toutefois, 99 prisonniers sont restés dans leurs cellules. Nous pouvons retenir le nom de Joseph Félix Badio, Cholzer Chancy, et les colombiens accusés d’avoir participé dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise le 7 juillet 2021. Durant la nuit du 2 au 3 mars, les gangs se sont dirigés vers la prison de la Croix-des-Bouquets pour reproduire le même schéma. Il est à noter que ces scènes se sont déroulées en absence du premier ministre et de la ministre de la justice, Emmelie Prophète. Cette dernière était à Paris pour un évènement social.

Comme on s’y attendait, le gouvernement a publié une note pour demander à la population d’être prudente et de continuer de soutenir la Police nationale qui mettra tout en œuvre pour traquer les prisonniers en fuite, arrêter les responsables de ces actes criminels et leurs complices pour un retour à l’ordre public. Quelques heures plus tard, le gouvernement a décrété l’état d’urgence sécuritaire sur toute l’étendue du département de l’Ouest pour une période de soixante-douze heures renouvelables afin de rétablir l’ordre et de prendre les mesures appropriées aux fins de reprendre le contrôle de la situation. Un couvre-feu a été imposé pour les 3, 4, 5 et 6 mars.

A la suite de sa visite au Kenya, le premier ministre de facto devrait rentrer au pays depuis le lundi 4 mars puisque la CARICOM a annulé la rencontre prévue à la Jamaïque pour les 5 et 6 mars 2024 autour de la crise que connait Haïti. A cause de la situation critique actuelle du pays, tous les vols réguliers sont annulés. Le gouvernement aurait donc opté pour un vol charter permettant au Dr Henry de quitter les Etats-Unis pour rentrer en Haïti. Malgré la mise en place d’importants dispositifs de sécurité, l’avion a été interdit de voler en réponse aux incidents autour de l’aéroport. Le gouvernement américain a répondu négativement à la demande du PM qui consiste à lui faciliter son retour sur sa terre natale. Entre temps, dans le Nord et à Port-au-Prince, des protestataires se sont rendus devant les aéroports de ces villes pour manifester contre le retour d’Ariel Henry au pays.

Après que le gouvernement dominicain a refusé l’atterrissage de l’avion privé au bord duquel le PM a laissé New Jersey, il a fini par atterrir à Porto-Rico. Les vols entre Porto-Rico et Haïti sont également interdits. Le premier ministre flâne dans les airs sans jamais rentrer dans son pays dominé par les gangs armés. Au final, il veut se rendre à la Jamaïque afin d’atteindre la ville des Cayes, une autre démarche qui n’a pas pu être entreprise.

Selon Miami Herald, les autorités américaines ainsi que la CARICOM ont lâché Ariel Henry. Cependant, une rencontre est prévue entre lui et la CARICOM à la Jamaïque ce mercredi. Après tant de résistance, acceptera-t-il d’entendre raison et de remettre sa démission ?