Chez nous en Haïti et dans d’autres coins du globe, le dernier dimanche de juin est consacré aux papas. C’est le jour de la Fête des pères. Une fête qui revêt beaucoup moins d’éclat que celle des mères. Il n’y a pas de fleurs sur les poitrines pour exprimer la joie de bénéficier de leur présence ou signaler la tristesse de leur grand saut dans l’au-delà.

Chez nous en Haïti et dans d’autres coins du globe, le dernier dimanche de juin est consacré aux papas. C’est le jour de la Fête des pères. Une fête qui revêt beaucoup moins d’éclat que celle des mères. Il n’y a pas de fleurs sur les poitrines pour exprimer la joie de bénéficier de leur présence ou signaler la tristesse de leur grand saut dans l’au-delà. Pas d’effervescence non plus dans les magasins où petits et grands se bousculent avec le souci de dénicher le cadeau qui leur ferait plaisir. Comme c’est le cas lors de la fête des mamans. Pas d’émission à la radio, ni à la télévision dédiée aux papas. D’ailleurs, très peu de chansons les honorent.

 Beaucoup d’hommes en sont attristés et n’hésitent pas à exprimer leurs frustrations allant parfois même jusqu’à la colère. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette différence témoignant une indifférence certaine envers les pères ?

Tout naturellement, les enfants semblent être attachés à leur mère. Serait-ce dû au fait que leur vie a commencé au creux de ses entrailles ? Le cordon ombilical serait-il un lien magique qui relie l’enfant à sa mère ?


 De plus, les hommes se comportent parfois comme de simples procréateurs. Ils réduisent la fonction de père à un géniteur, ne prenant aucune responsabilité envers leur progéniture. Entre autres, certains prennent la poudre d’escampette dès l’annonce de la grossesse. Ce n’est certes pas généralisé. Mais, les pères responsables souffrent du  triste sort de ne pas être l’objet d’autant de gratitude que les mères. Cela se comprend aisément, c’est humain. Dieu lui-même attend de nous reconnaissance et louanges ! 

Par ailleurs, les papas n’ont pas toujours le beau rôle dans le scénario et sont donc souvent incompris. Ils représentent l’autorité suprême dans la famille, ceux à qui on porte plainte. C’est l’obstacle majeur qui se dresse contre nos folles envies. C’est le dernier garde-fou, restreignant notre liberté. Le cas échéant, ils sont obligés de s’ériger en juges qui appliquent les sanctions.  «Car qui aime bien, châtie bien». Il s’avère que nous, les enfants, ne le voyons pas de cet œil. Pire encore, beaucoup de pères se confinent dans ce rôle.

On constate également que bien des hommes assimilent que prendre soin de la famille signifie seulement s’en occuper financièrement. Ils omettent alors de combler les besoins affectifs. Les plus aisés  achètent les jouets et  les vêtements les plus coûteux, ils offrent les cadeaux les plus luxueux et ne s’accordent pas le loisir de jouer avec leurs enfants , préférant la compagnie de leurs amis quand ils ont du temps libre. Ils laissent alors aux femmes la tâche d’en assurer le bien-être psychologique. Pourtant, ceux-là se soucient peu du prix de la nourriture, du coût de leur confort, de leur scolarité, des présents qu’on leur offre. Combien de fois a-t-on vu un enfant casser le jour même un jouet onéreux qu’il a reçu ? Ils accordent de l’importance plutôt à la valeur des moments de qualité qu’ils passent en famille. Ils apprécient beaucoup plus les baisers, les câlins de leurs parents. Devenus adultes, face aux difficultés de la vie, quand on leur fait des misères, ils puisent du réconfort dans les souvenirs heureux de leur enfance, la chaleur des mots qui leur ont été adressés. 

Messieurs, soyez pour vos fils leur principal compagnon de jeu. Jouez avec eux au ballon, apprenez-leur à faire s’envoler des cerfs-volants dans le ciel. Jouez à la poupée avec vos filles. Soyez le premier homme à leur offrir des fleurs, ne serait-ce qu’une petite sauvage cueillie dans un champ. Ne permettez pas que ce soit au petit copain de leur murmurer leurs premiers doux « je t’aime ». Gâtez-les avec des surnoms mignons. Soyez leur premier prince charmant et chevalier servant. 

Papas, choyez vos enfants. Baignez-les, c’est un moment privilégié. Nourrissez-les. Accordez de l’intérêt à leur babillage, même insensé. Donnez de l’importance à leurs petits chagrins. Partagez leurs petits secrets. Soignez-les quand ils souffrent. Travaillez, faites aussi avec eux leurs petits devoirs. Ce n’est pas exclusif aux mamans. Courez, sautez, chantez, dansez, riez avec eux. Ils s'enticheront de vous autant que de leurs mères. Ne vous astreignez pas à la fonction du père nourricier et punisseur. 

Malgré sa sévérité, je me souviens avec tendresse des moments passés avec mon père à compter les étoiles de nos belles nuits tropicales, à définir la forme des nuages et suivre leur voyage sur les ailes du vent, à écouter les oiseaux chanter. Il m'a appris à parler aux plantes, à converser avec les fleurs… Je le remercie de m’avoir écrit cette gentille correspondance lors de mes premières vacances loin de la maison dans laquelle il me disait combien mes éclats de rire lui manquaient. Je la considère comme ma première lettre d’amour. Si je n’en avais pas reçu d’autres, j’en aurais quand même eu une. Rires ! Merci Papa pour les innombrables compliments que tu m’as faits. Je n’oublierai jamais que je suis un rare diamant, que je suis d’une beauté inouïe, selon tes dire. Au fait, je penserai à t’imprimer ma photo que tu aimes tellement. Rire. Ainsi, tu as rendue sacrée la Fête des Pères.

Ne soyez plus jaloux, chers papas responsables. Montrez-vous aimants, ne cachez plus vos sentiments. Exprimez-les à grands coups de gestes et de mots tendres. La balle est à vos pieds. À vous de bien jouer !
 

Marie Johane Brinnius Banatte est née à Jacmel où se déroula sa petite enfance. Puis, elle vécut une grande partie de sa jeunesse à Port-au-Prince pour poursuivre ses études secondaires et universitaires.

Établie depuis environ 20 ans dans la métro…

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