Il est difficile de croire que les acteurs tant haïtiens qu’étrangers sont de mauvaise foi par rapport à la situation infrahumaine d’Haïti, pays qui a fait l’histoire à travers un geste historique qui a changé l’humanité en 1804. Ce fait explique les raisons pour lesquelles l’occident a gardé dans son âme les tares que laissent cet élan d’union des esclaves de Saint Domingue qui a donné la leçon de détermination et de liberté au monde entier. Nous ne voulons pas non plus croire que les amis déclarés d’Haïti qui sont des champions de la démocratie, nous embrassent pour mieux nous étouffer dans l’hypocrisie et la perfidie, ou tout simplement, ils agissent comme des lions sadiques assoiffés de sangs. Il n’est pas superflu de croire en revanche, que les détracteurs de la nation ont lu à l’envers cette phrase tirée du livre Le Prince de Nicholas Machiavel (1515) :

Il est difficile de croire que les acteurs tant haïtiens qu’étrangers sont de mauvaise foi par rapport à la situation infrahumaine d’Haïti, pays qui a fait l’histoire à travers un geste historique qui a changé l’humanité en 1804. Ce fait explique les raisons pour lesquelles l’occident a gardé dans son âme les tares que laissent cet élan d’union des esclaves de Saint Domingue qui a donné la leçon de détermination et de liberté au monde entier. Nous ne voulons pas non plus croire que les amis déclarés d’Haïti qui sont des champions de la démocratie, nous embrassent pour mieux nous étouffer dans l’hypocrisie et la perfidie, ou tout simplement, ils agissent comme des lions sadiques assoiffés de sangs. Il n’est pas superflu de croire en revanche, que les détracteurs de la nation ont lu à l’envers cette phrase tirée du livre Le Prince de Nicholas Machiavel (1515) :

Sur cela, il est à observer que celui qui usurpe un État doit déterminer et exécuter tout d'un coup toutes les cruautés qu'il doit commettre, pour qu'il n'ait pas à y revenir tous les jours, et qu'il puisse, en évitant de les renouveler, rassurer les esprits et les gagner par des bienfaits. Celui qui, par timidité ou par de mauvais conseils, se conduit autrement, se trouve dans l'obligation d'avoir toujours le glaive en main, et il ne peut jamais compter sur ses sujets, tenus sans cesse dans l'inquiétude par des injures continuelles et récentes. Les cruautés doivent être commises toutes à la fois, pour que, leur amertume se faisant moins sentir, elles irritent moins; les bienfaits, au contraire, doivent se succéder lentement, pour qu'ils soient savourés davantage.

L’État haïtien a été kidnappé par un groupe d’audacieux qui ont installé en moins de 15 ans un régime de terreur dirigé par des bandits bien endimanchés. Haïti aujourd’hui se trouve au carrefour de la cruauté extrême qui extermine lentement mais surement cette population qui ne sait à quel saint se vouer autant qu’elle est traumatisée comme le diable devant l’eau bénite. Les bourreaux du peuple exercent sans scrupule un forfait contre un peuple sans défense, sans âmes, sans armes et sans dirigeants. C’est la destruction massive d’un peuple en phase d’extermination.

Nous croyons dur comme fer que ces acteurs qui vivent de la misère des pauvres dans un système démoniaque et démagogique, ne veulent pas voir mourir Haïti. Ils ont pu gagner la première manche de la bataille en installant depuis une quarantaine d’années; un régime de bandits qui ont légalisé le mal et la criminalité. Il s’agit d’une lutte très longue et fastidieuse.  

Comprendre la crise haïtienne

C’est une crise multiforme et pluridimensionnelle. Pour comprendre sa profondeur, il importe de bien analyser le rôle des acteurs dans le système. Michel Grozier en 1977 en dit long dans son livre : l’acteur et le système. Il explique à travers une analyse stratégique, les relations de pouvoir entre acteurs et des règles implicites qui gouvernent leurs interactions. Les actions individuelles engendrent une capacité collective propre, irréductible à celle de chacun des acteurs, de maîtriser les conflits et de se rapporter à un système d'action concret.

Dans le cas d’Haïti nous sommes en présence des acteurs politiques qui sont infantilisés et qui attendent la bénédiction d’un PATRON qui pourrait les protéger quand le peuple demande des comptes. Les partis politiques sont aussi faibles dans une société civile qui est complètement déboussolée en vivant au quotidien un traumatisme qui influent à la fois sur leur santé physique et mentale.

Le pays n’est pas gouverné pour le bien commun mais est géré pour l’intérêt mesquin d’un petit groupe sans scrupule. Roromme Chantal, professeur de science politique à l’Université de Moncton croit que :

Sans élus et livré à des gangs meurtriers, Haïti vit une crise politique et sécuritaire qui est « dans sa phase la plus avancée de toute l’histoire bicentenaire » du pays. Celui qui a grandi en Haïti présente quatre sources pour mieux comprendre l’ampleur de la débâcle dans ce pays que certains qualifient de « voyoucratie ». (La Presse, 22 janvier 2023).

Il est vrai que les crises pourraient être génératrices d’espoir dans la mesure qu’elles pourraient pousser les antagonistes à la recherche des nouveaux paradigmes. L’idée qu’une crise est un processus qu’il s’agit d’abord de « suivre avant de vouloir l’expliquer » s’est développée conjointement au déplacement du regard du « pourquoi », pour aller vers le « comment », c’est-à-dire vers l’observation « pas à pas » de l’enchaînement des événements et des mécanismes causaux internes aux situations dans la perspective de Dobry (2009)  

Dans la situation d’Haïti la crise semble être une crise bien entretenue par des mains savantes. Elle peut être considérée comme un capharnaüm, un véritable Tyaka. Dans ce contexte, il importe de se demander pourquoi les acteurs sérieux ne veulent pas se mettent ensemble pour apporter des solutions négociées à cette crise qui itérative sans fin? Il est fort probable que la solution aux maux d’Haïti pourrait être un handicap pour plus d’un dans un contexte de médiocrité et corruption généralisée car :

  1. L’ordre et la discipline en Haïti pourraient servir de contrainte aux acteurs qui vivent du vol, de l’injustice et de la corruption;
  2. Un État fort est appelé à travailler au développement social, économique et politique du pays. Or un État faible facilite le commerce illicite, le commerce des armes et des organes en plus de la dilapidation des caisses de l’État;
  3. Un État responsable ne va pas accepter les sinécures dans l’administration publique ni le despotisme. Il faut admettre aujourd’hui que ces faits sont devenus monnaie courante en Haïti.

La crise qui ravage le pays est quand même profitable à presque tous les acteurs tant internes qu’externes qui essayent dans tous les cas de tirer leurs marrons du feu.

Une révolution est-elle possible en Haïti?

Une révolution avant tout un changement en profondeur qui demande à ses propres acteurs de renoncer à certains privilèges. Le concept révolution a été utilisé de différentes façons et dans certains cas de manière contraire à l’esprit du concept pris dans le sens sociologique. Pour un géographe, la révolution est un retour à la place initiale. La terre effectue un mouvement de révolution autour du soleil en 365 jour ¼. Autrement dit, elle retourne à son point initial.

Sur le plan politique, il s’agit d’une rupture radicale, de la remise en question des fondements de l’État, de sa continuité. Par définition, elle s’oppose à différents intérêts et tradition. La finalité est de provoquer le renversement de l’ordre existant. Les mondes utopiques peints dans les ouvrages de Thomas More (L’Utopie, de Swift (Gulliver) ou de Georges Orwell (1984), décrivent des ruptures par lesquelles les États sont écartelés, imaginairement détruits, où un nouveau monde advient, totalement différent de l’ancien.

« Marx a dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Peut-être que les choses se présentent autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire le frein d’urgence. ». Marx et Engels y affirment avec force que : « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours et l’histoire de la lutte des classes », et que la résolution du conflit entre deux classes sociales antagonistes se fait par l’intermédiaire d’une révolution. La révolution est ainsi identifiée, par Marx et Engels, à la résolution d’un conflit social.

En analysant ce concept sur le plan sémantique, il est évident qu’Haïti est loin d’une situation révolutionnaire qui serait une conversion « accomplie d’un seul coup » comme exprimé dans le livre de Rosa Luxemburg, La Crise de la Social-Démocratie [1915], traduit de l’allemand par Raymond Renaud, L’Altiplano, 2009, p. 29. Toutefois, la situation d’Haïti avec cette longue crise sociale, économique et politique ressemble à une bombe à retardement qui pourrait solder par un génocide préparé par les nouveaux maitres du pays.

Il ne peut y avoir de révolution dans un pays sans révolutionnaires. Or il est évident qu’il faut longtemps chercher nos révolutionnaires à lueur d’une lanterne. A ce niveau, il semblerait que la révolution dont parlent les acteurs locaux, elle aussi, est en crise.

Face à cette situation, il convient de trouver une alternative devant faciliter une sortie de crise sans toutefois parler de révolution. A ce sujet, il y des évidences, des éléments sur lesquels nous pouvons nous entendre et pour lesquels on en est certain. Par exemple:

  1. Aucunes élections ne peuvent avoir lieu dans les conditions actuelles d’insécurité du pays où les gangs armés font la loi et contrôlent plus de 80% de l’aire métropolitaine de l’Ouest et une partie du département de l’Artibonite,
  2. Aucun premier ministre en Haïti, même légitime, ne peut, dans un journal officiel de l’État, publier un arrêté pour convoquer le peuple en ses comices;
  3. Toutes élections réalisées dans les conditions actuelles du pays ne pourraient être ni libres, ni crédibles ni honnêtes encore moins démocratiques considérant que les pouvoirs trois pouvoirs n’existent plus dans un pays chaotique.

Avec la modération de la cruauté et le perfectionnement des armes de destruction massive comme en parle Jean Ziegler dans le livre écrit en 2011 sur la géopolitique de la faim qui porte le ce nom. Il explique que toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim, tandis que des dizaines de millions d’autres, et leurs parents avec eux, souffrent de la sous-alimentation et de ses terribles séquelles physiques et psychologiques.

Haïti va vers cette destruction massive qui casse l’élan d’une population affamée, traquée jours et nuits par des bandits de tout acabit. Les séquelles et le traumatisme entrainés par la crise, tuent des centaines d’Haïtien chaque jour. Malgré tout, nombre de nos compatriotes ne prennent pas conscience des dimensions exactes du désastre et de l’ampleur des conséquences sur la population qui oublie le sens de l’histoire.

Il y a lieu de stopper la cruauté, car la cruauté engendre la cruauté. La solution est simple : Laisser les Haïtiens résoudre le problème d’Haïti. Aujourd’hui, Haïti n’a pas besoin d’amis, elle a besoin de partenaires, Haïti n’a pas besoin de pains, elle a besoin de paix, Haïti n’a pas besoins de miettes, elle a besoin de programmes de développement.

Il est évident que la révolution dont parlent les politiciens haïtiens n’est qu’un simple slogan qui ne fait que galvauder le vrai concept REVOLUTION. C’est un enfant mort-né.

Conclusion provisoire

La crise en Haïti est dénoncée par de nombreux intervenants et chercheurs du monde. Les analyses qui sont sorties de la situation mettent à nue la responsabilité des dirigeants du pays. Il est temps, d’enlever la botte meurtrière sur le cou du pays puisque le cri des haïtiens n’est pas suffisamment entendu à travers le monde. Il semble que les écrits et les déclarations ne font pas d’effets et les laissent indifférents les assassins sans vergognes qui sucent san cesse le sang du peuple. Face à un tel tableau, n’importe quel slogan pourrait donner de l’espoir au peuple. Pour qu’il y ait révolution des conditions objectives et subjectives doivent être réunies. Toutefois, ces sont des hommes et des femmes qui sont artisans des grands changements.

Haïti a besoin d’abord d’une grande RÉVOLUTION de l’esprit, une révolution avec et pour  le peuple pour qu’il devienne avant tout des citoyens pragmatiques, responsables, capables de porter les germes du changement véritable. Au stade où nous sommes, les citoyens et citoyennes ne doivent plus continuer à se renfermer dans le cercle des petits intérêts domestiques en prêchant pour leur chapèle, et à s'y agiter pour demander le changement d’un homme et d’une femme ou d’un gouvernent dans le seul but de les remplacer et continuer avec le statuquo. Les partis politiques doivent se mettre d’accord sur ce que Haïti doit être dans le 50 prochaines années, plutôt de défendre des postes dans un gouvernement sans avenir. René Philoctète, par ces propos trace la voie pour refaire la patrie : Quand nous parviendrons à dépasser l’individuel et que l’un saura qu’il est la part de l’autre, sans hargne et sans basse rétribution, simplement pour un pays, le nôtre! Et par delà à suivre la voie humaine jusqu’à l’extrême limite de la terre, nous aurons reconquis en pleine bonne foi Verrières, leçon du jour lustral à la nuit meurtrière. Il est urgent de travailler ensemble à mettre en place un grand MOUVEMENT de réveil pour une prise de conscience chez les Haïtiens et à ce titre, l’Université a pour devoir d’accompagner, de soutenir et d’orienter ce mouvement en vue de sortir Haïti de la situation chaotique dans laquelle elle s’enlise depuis déjà quatre décennies.

 

Quelques documents consultés

Benjamin. W. (2012). Critique de la violence [1921], Payot & Rivages, 2012, p. 100-102.

Dobry M. (2009). Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 2009

Kervégan J-F(2016). Révolution sans la révolution ? Dans La Pensée 2016/2 (N° 386), pages 78 à 87

Machiavel N. (1515). Le Prince   

Marx, K. (2018) Lettre à L. Kugelmann, 12 avril 1871 ; Disponible sur : https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/kug/km_kug_18710412.htm 

Michael L.(2011).  Ecosocialisme. L’alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, Mille et une nuits, 2011, p. 110.

Timothée B. (2018). Le concept de révolution, Publié le 15 octobre 2018 

Éducateur  de carriere, Dr Jean-Michel Charles est professeur associé à l’Institut Supérieur des études avancées en Haiti ( STEAH) et membre du Conseil d’Administration de l’Université Providence  d’Haiti et du CREFI. Il travaille sur la question de citoyenneté en l…

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