Une certaine croyance nous inculque que tout élément humain joue spécifiquement un rôle dans ce monde qui paraît chaotique parfois. Il ne reste qu’à savoir les détails de cette mission inconnue. Un tas de questions en cascade peuvent nous obstruer le chemin dans le seul but de nous confondre et de masquer l’objectif là encore obscur.

Une certaine croyance nous inculque que tout élément humain joue spécifiquement un rôle dans ce monde qui paraît chaotique parfois. Il ne reste qu’à savoir les détails de cette mission inconnue. Un tas de questions en cascade peuvent nous obstruer le chemin dans le seul but de nous confondre et de masquer l’objectif là encore obscur. Cependant, certains savent profiter de ces mystères pour creuser et même inventer l’impossible en vue d’atteindre l’apogée. Calmes, ils s’avancent avec une bravoure héroïque, à pas sûrs, et d’un ton ferme. Comme pour s’assumer de leur mission dans cette société qui, déjà, attend beaucoup d’eux, en espérant qu’une quelconque voix salvatrice surgit de ce silence pourtant bruyant et tumultueux.

Souvent, on critique, à tort et à travers, le mode de vie qui a généré l’aisance avec laquelle une catégorie de gens opère et fonctionne comme si rien d’autre n’existait. Cette même catégorie qui arrive parfois à piétiner les droits fondamentaux et inaliénables de ceux-là dont les aspirations sont pourtant nobles. Ce coin de terre du sud d’Haïti que nous autres considérons comme notre berceau, est aussi la scène d’une hégémonie sociopolitique à outrance. Toutefois, à l’horizon, une ombre semble émerger  timidement avec une voix de commandeur mais rassurante. Certes, plus les jours s’écoulent, plus nette est la définition de cette ombre qui se dessine et plus retentissante est devenue sa voix. De l’espoir, dit-t-on partout, en entendant cette voix forte. L’origine de cette voix est désormais connue et celle-ci est dévoilée par la détermination marquée à son visage virtuel et par les engagements décisifs transmis par ses traits, réclamant sans cesse l’unité. 

Tout soldat dissident et désengagé n’a qu’un objectif : abandonner son camp au beau milieu d’un affrontement. Ses plans sont strictement cachés, de peur qu’on ne le soupçonne, sachant les conséquences fâcheuses, individuelles et collectives qui pourraient sanctionner ses actions. En public, son hypocrisie est à peine perçue, mais bien présent est son désengagement empreint d’égoïsme et d’égocentrisme. Pourtant, ce moment crucial est aux engagements. Les enjeux sont si monstrueux et catastrophiques qu’on ne peut se permettre de se comporter en soldat rebelle. À remarquer qu’avec tout engagement profond, le niveau infectieux est si élevé qu’il est quasi impossible de ne pas atteindre les autres passants et voyageurs sur cette longue route. S’engager, cependant, doit faire partie d’une stratégie qui conduira vers le but fixé.

Cette démarche exige des cibles bien précises. Il faut se demander pourquoi vouloir s'engager et savoir identifier les bénéficiaires d’un tel engagement. Les défis quotidiens auxquels la société est confrontée ne seront pas résolus par eux-mêmes. S'ils ne sont pas corrigés, ils auront tendance à s'aggraver jour après jour. Par conséquent, parce que membre de la société, on souffrira de ne pas s’engager pleinement pour tenter de résoudre des problèmes qui perdurent depuis des générations. Les victimes de cette hégémonie sociopolitique comptent sur cette ombre émergée pour venir à bout des injustices socio-économiques qui sillonnent cette route vallonnée.  Et si, en retour, des opportunités étaient acquises ou données, les faveurs devraient être distribuées d’une façon telle qu’ils produisent un mieux-être également dans cette région que nous chérissons tous.  Ces bienfaits dont nous avions été témoins en grandissant semblent avoir disparu. Néanmoins, le cycle peut toujours recommencer si on  peut compter sur une participation pleine et authentique de tous ceux qui sont concernés.
 
Un véritable sens du devoir doit être prôné entre nous, pour mettre en valeur cet engagement auquel nous faisons référence depuis le début. Ainsi pourrons-nous démontrer notre attachement à la beauté et notre volonté de la perpétuer, ainsi que notre détermination de générer, une fois de plus, la prospérité. Prospérité qui ne peut être garantie que par le recours à l’énergie individuelle ou collective, assez active cependant pour résister aux énergies passives et excessives visant à détruire toute initiative positive. Dans un tel contexte, l’usage de forces physique et psychologique s’avère nécessaire pour atteindre des résultats qui, autrement, pourraient sembler relever de l’impossible. L’engagement constant à l'égard du but fixé constitue le seul carburant viable pour maintenir la force à un niveau de service acceptable. 

Il y a, certes, différentes façons d'offrir ses services à une communauté. Néanmoins, il y en a une seule pour assurer la qualité dans ce qui lui est servi : viser l’intérêt collectif. En effet, bien que l'intérêt individuel puisse parfois se confondre avec l’intérêt collectif, il est conseillé de ne toujours rechercher que l’intérêt de la majorité. Ainsi, les récompenses ne seront plus personnelles quand bien même les avantages pour chaque individu demeurent personnels. Nous avons donc besoin de véhiculer le message clair que s’engager n’implique pas nécessairement une rémunération ni une gratification instantanée. Par ailleurs, le volontariat doit être encouragé dans notre pays en général, et dans notre département en particulier. Cette ombre naissante à l'horizon requiert notre service inconditionnel; nous devons être prêts à l’offrir chaque fois qu’il nous est possible de le faire, dans la mesure de nos capacités. Une des causes, entre autres, du déclin de notre ville, de notre région et notre chère Haïti est le fait que personne n'est plus disponible ni disposé à offrir un coup de main de façon désintéressée. C'est plutôt, depuis quelque temps, du "chak koukouy klere pou je yo". Pour changer notre destin et notre avenir, nous devons impérativement quitter la voie de l’égoïsme et de l’égocentrisme. Nous devons rebrousser chemin.

Nous rebrousserons chemin quand, ensemble, nous réaliserons que cette voie, que nous avons empruntée jusque-là, est autodestructrice. Alors engageons-nous, unissons notre voix, rassemblons notre force, notre énergie, pour mieux nous servir les uns les autres, pour mieux visualiser et prioriser les intérêts de la communauté en nous efforçant d’incorporer l’avantage commun dans le nôtre. Nous devons être prêts à sacrifier notre temps pour en créer pour les autres, à réduire notre espace pour en concéder un peu plus aux autres, à diminuer nos revenus pour permettre aux autres d’en gagner un peu plus. 

Le temps est aux actions qui profiteront à la majorité. Ces actions doivent être concrètes, rationnelles, audacieuses et décisives. Ce faisant, au moment où cette ombre, qu’est Xaragua Magazine, apparaîtra complètement sur la route pour montrer sa véritable identité et confirmer sa potentialité, tout le monde verra enfin jaillir la lumière brillante qui poignait à l’horizon. Notre cher Sud d'Haïti va alors être transformé, montrer son vrai visage de prospérité et devenir une vraie source de fierté. 
 

A propos de

Frantz Pinet

Frantz Pinet est originaire des Cayes. Il a complété ses études classiques aux Cayes. Après un boycott politique sans succès des examens du bacc, il s'est dirigé sans perdre de temps vers une formation technique et professionnelle en électronique d'abord au Canado à Port-au-P…

Biographie