Je me souviens que le jour du drapeau avait une place importante dans la ville des Cayes. C’était un événement de choix. Les écoles de la ville choisies par la direction du MJSAC se mettaient en branle afin de faire de ce jour une réussite.

Je m’en souviens encore…
    Je me souviens que le jour du drapeau avait une place importante dans la ville des Cayes. C’était un événement de choix. Les écoles de la ville choisies par la direction du MJSAC se mettaient en branle afin de faire de ce jour une réussite. De ce fait, elles n’hésitèrent donc pas à sacrifier les heures consacrées à l’instruction. En commençant par les uniformes pour finir au fanfare, on en avait pour nos yeux ainsi que pour nos oreilles. Le cœur aussi en prenait pour son compte. On pouvait sentir le sentiment de patriotisme présent dans chacun des élèves présents. Même les spectateurs se sentaient emportées et de ce fait chantaient de concert avec les enfants. A travers ces démonstrations, Haïti souriait dans son coin pour ne pas dire pleurait des larmes de joie. Anba anba te gen yon ti konfli tou piti. Elev estena di se yo ki pi bien anime. Tandiske elev ka fre odil poze nan yo menm paske yo konnen se yo ki pi byen pase. Ce qui était intéressant c’était la manifestation de couleur, ceux de gaieté et de la joie. C’était si plaisant à voir !!!

    Puis vint le jour de la fête des mères. Le matin tout le monde allait à l’église revêtu de leur plus bel habit. Ma grand-mère m’a dit que : Moun ki pa gen manman met blan ou krem pou yal legliz epi sila yo ki gen manman met rad rouj. De ce fait, si j’avais eu le malheur d’enfiler une robe même teintée de blanc elle s’est dépêchée de me faire l’enlever. Quelques années plus tard, elle me fit remarquer que cette tradition tendait pour ne pas dire disparaitre complètement dans la culture haïtienne. Kado manman achte an konplisite ak papa. Papa ba manman lajan poul achte poul. Anfen pil manje, pil fet. Chez d’autres personnes il y eu une fête a l’honneur de la maman de la maison. N’oublions surtout pas les émissions sur certaines radios ou on laissait les enfants déclamer des poésies ou chanter pour leurs mamans. La plus célèbre : Maman je t’aime, mon doux poème…

    Où sont passées ces valeurs ? Disparus. La COVID-19 ne serait en rien dans la non-réalisation de ces événements. Ce fut un bout de temps qu’il n’y eu aucune parade dans la ville. Seulement les écoles préscolaires qui rappelaient que le lendemain c’est la fête du drapeau. Ils donnaient des drapeaux de fortune aux enfants. Puis c’est au tour des réseaux sociaux. La bougie de sentiment patriotique s’allume pour ce jour puis s’éteint le lendemain. Même chose pour la fête des mères, tous postaient leur mère. Puis les autres jours silence radio RAS. Les émissions de radio s’efforcent de grader cette tradition mais en vain. Peyi sa se pa bak lap fe selman. Les mœurs américaines et européennes empiètent sur les nôtres sous prétexte nap vin eklere. Dans pas très longtemps, si ce n’est pas déjà en train d’arriver on assistera à une déculturation. On met généralement l’accent sur la décadence politique tout en négociant le déclin socio-culturel. Tradisyon yo fin ale dit-on. Certes, les réseaux sociaux jouent un rôle non négligeable vers cette chute culturelle. Mais, dans d’autres pays la culture, les traditions, les mœurs restent. Il n’y a qu’à prendre cette fameuse fête le Thanksgiving célébré aux Etats-Unis dont les pratiques demeurent. Les Haïtiens laissent tout simplement le moderne influencer sur l’ancien qui n’était pas si mal du tout.  Tan ale, tan pa tounen. Le temps des parades du 18 mai et de la fête des mères est révolu malheureusement. C’est triste de constater ce déclin. Haïti quant à elle regarda avec tristesse ce déclin et reste impuissante à cette odieuse situation. Que pourrait donc être le comportement de ses fils et filles à l’égard de cette dégradation ? On ne saurait le dire. Pour le moment, se chak koukouy klere pou je yo. Cependant, Haïti doit revivre et peut revivre. Mais, Comment ? Voilà la grande question.

Elizabeth Luvia PIARD naquit en 1998 dans la ville des Cayes. Après ses études primaires à l’Ecole Nationale La Providence des Cayes, elle a intégré le College Frère Odile Joseph pour y faire ses études secondaires. En terminale, elle a été appelée à coordonner les publicatio…

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