Par-delà la nécessité d'améliorer le cadre de vie et la protection de l'environnement, il y a principalement l'urgence de sortir de la croissance zéro. En clair, la reconstruction de la péninsule du Sud représente une option viable pour offrir un projet pilote de territoire et développement économique cohérent qui pourra être reproduit dans les autres régions. Le miracle haïtien est encore à notre portée si l’émergence d’un pôle de développement méridional, selon une vision cohérente, régionale et globale, se matérialise. En ce sens, la globalisation des échanges renforce la conviction que les ports et les aéroports représentent des infrastructures indispensables pour supporter une fonction d’intermédiation.
Par-delà la nécessité d'améliorer le cadre de vie et la protection de l'environnement, il y a principalement l'urgence de sortir de la croissance zéro. En clair, la reconstruction de la péninsule du Sud représente une option viable pour offrir un projet pilote de territoire et développement économique cohérent qui pourra être reproduit dans les autres régions. Le miracle haïtien est encore à notre portée si l’émergence d’un pôle de développement méridional, selon une vision cohérente, régionale et globale, se matérialise. En ce sens, la globalisation des échanges renforce la conviction que les ports et les aéroports représentent des infrastructures indispensables pour supporter une fonction d’intermédiation.
Les catalyseurs macroéconomiques régionaux :
L’absence de catalyseurs macroéconomiques régionaux confirme l’absence d’une feuille de route pour le reste du pays et nuit au développement équilibré d’une économie nationale. Il importe de signaler que la première étape de la création des pôles de croissance est la décentralisation du budget par régions regroupant les départements. Il s’agit, d’un point de vue radical, de définir de nouveaux périmètres devant aboutir à une meilleure ventilation du budget national. Dans le cadre du projet d’aménagement et de développement durable des régions, l’inévitable révision constitutionnelle ne peut faire l’impasse sur ces enjeux ni faire l’économie de s’attaquer à ces défis.
Evidemment, le chantier des réformes constitutionnelles doit être assujetti aux recommandations d'une Conférence nationale. Parmi les objectifs à poursuivre, on peut citer une plus grande autonomie administrative et fiscale des régions, les nouvelles autorités coiffant de nouvelles entités de coopération interrégionale, les compétences de ces nouvelles autorités de développement et la mobilisation des ressources domaniales pour insuffler une régionalisation effective. Toutefois, par anticipation par rapport au processus de reconstruction de la péninsule du Sud, il est pressant d’adopter des mesures concrètes et de mettre en place un ensemble de dispositifs et d’outils dont :
▪ un nouveau cadre juridico-légal sur le partenariat public-privé (PPP), la production de l’énergie, l’urbanisme et le zonage pour créer un nouvel environnement référentiel ;
▪ le fonds de reconstruction (FRP) de la péninsule du Sud avec une enveloppe de plus de 250 millions de dollars pour financer entre autres :
▪ la recapitalisation des entreprises, industries, filières et secteurs affectés par le double cataclysme d’août 2021 ;
▪ une aide financière et des prêts hypothécaires à un taux d’intérêt spécial aux ménages sinistrés pour la reconstruction du patrimoine bâti ;
▪ l’expansion de l’aéroport Antoine Simon en aéroport international ;
▪ la phase opérationnelle du port de Saint–Louis;
▪ la zone économique méridionale (ZEM) dans laquelle les lois économiques doivent être nettement plus avantageuses et libérales. C'est en créant de telles zones qu'on attirera les investissements : l’Autorité de développement de la péninsule (ADP) pour répondre aux impératifs d’optimisation de la dépense publique, de recherche d'efficacité au moindre coût, d'action partenariale et consensuelle, ou encore de mutualisation des moyens. Cette entité de planification et de coopération régionale s'impose comme l’outil territorial le plus adapté pour la reconstruction, la stimulation de la croissance, l'action en matière de développement économique, le rassemblement de tous les acteurs économiques et institutionnels autour d'une vision commune.
Pour assurer le succès de cet ensemble de dispositifs, des mesures permettant aux entreprises de voir leurs coûts d'implantation, d’investissement, de financement et d'exploitation notablement réduits doivent être adoptées. Ces mesures sont le plus souvent des réductions fiscales, mais peuvent aussi être des aides directes à l'installation ou l'implantation. Parmi les plus courants, figurent les incitatifs suivants : instauration d'une prime à l'investissement, terrains et locaux à prix réduit ; création de zones franches sans taxes ni droits de douane sur une période initiale suivant l’implantation, etc. Le projet pilote du territoire de la péninsule du Sud doit prioriser un cadre propice sur le plan de la sécurité, de la lutte contre la corruption et de la réforme et la modernisation du cadre légal des affaires.
Les équipements infrastructurels portuaires et aéroportuaires :
Selon une conception directrice, port et aéroport, en tant qu’attributs essentiels de la fonction urbaine, doivent être idéalement localisés pour promouvoir l’intégration d’Haïti dans sa propre région. Aussi devient-il une exigence pour l’État haïtien d’honorer ses engagements par rapport à la CARICOM. Parce que les deux ports et aéroports internationaux d’Haïti ne répondent adéquatement ni aux urgences ni aux besoins de la péninsule du Sud après les cataclysmes qui jalonnent son histoire, il devient crucial de doter le pays d'un troisième aéroport international et d’accompagner les promoteurs du port de Saint -Louis dans la phase opérationnelle de l’unique port caraïbéen d’Haïti. Rappelons que la Jamaïque, dont la population est inférieure à celle de Port-au-Prince et dont la superficie représente moins que la moitié d’Haïti, ne compte pas moins de trois ports et trois aéroports internationaux.
En raison de son emplacement stratégique, le port de Saint-Louis est le plus proche des grands couloirs maritimes. Ce port peut devenir la plateforme intermodale reliant les marchés intérieurs à la région caraibéenne et au monde. Pour s'adapter au contexte économique international, la péninsule du Sud doit se transformer en une plateforme de commerce, de transformation et de distribution pour devenir un maillon logistique de la chaîne des transports. À proximité des voies maritimes les plus fréquentées, elle est idéalement située au centre de la Caraïbe, entre l'Amérique centrale, le canal de Panama, la Floride et l'Amérique du Sud. Si elle tourne le dos à la mer, c'est au monde entier qu'Haïti tourne le dos.
Dans ce même ordre d’idées, l’expansion de l'aéroport Antoine Simon des Cayes en hub passager et cargo caribéen peut contribuer durablement à la création d'un troisième pôle de développement en Haïti. Pour dire les choses autrement, ces deux catalyseurs macroéconomiques régionaux offrent une opportunité aux Haïtiens d’étonner le monde et au gouvernement une opportunité d'orienter positivement et de manière responsable la décentralisation par le développement d’un pôle méridional de croissance.