Dans cette chanson qui, depuis un certain temps, joue en boucle et dont les lyrics portent sur la nécessité d’un changement de système et d’une refondation de notre pays, devra être greffé, à notre humble avis, un couplet prônant particulièrement une nouvelle diplomatie haïtienne.

Dans cette chanson qui, depuis un certain temps, joue en boucle et dont les lyrics portent sur la nécessité d’un changement de système et d’une refondation de notre pays, devra être greffé, à notre humble avis, un couplet prônant particulièrement une nouvelle diplomatie haïtienne. S’entend une diplomatie moderne, une diplomatie dynamique, une diplomatie qui s'affirme, une diplomatie qui s'affranchit, une fois pour toutes, des dictats de toutes formes, qui nous affaiblissent comme peuple et qui, sournoisement, font de notre chère Haïti un protectorat sans le nom. Bref, une diplomatie du développement !

S'il est vrai que la diplomatie est la science et la pratique des relations entre États et que le diplomate a particulièrement pour mandat d'appliquer la politique étrangère du pays qu'il représente, il est aussi vrai cependant que notre chère Haïti s'est engagée, au cours de la dernière décennie, sur une voie où la diplomatie n'a de science et de pratique que le nom. Elle est réduite à de basses manœuvres pour la défense des intérêts d'un petit groupe ou pour le maintien au pouvoir d'une clique qui n'a de légitimité que sa capacité à se compromettre avec certaines grandes métropoles du monde.

Il en résulte que nos diplomates sont désormais, pour la plupart, des individus qu'on veut récompenser pour des services rendus ou qu'on nomme en raison uniquement de leurs accointances politiques. Ces derniers, loin de représenter fièrement et dignement notre pays, se retrouvent, par ignorance ou par pure goujaterie, à donner un piteux spectacle qui fait des Haïtiens la risée dans les grands événements diplomatiques. Quels sont donc les modèles que nous offrons à la jeunesse haïtienne si celles et ceux choisis pour représenter le pays à l'étranger sont des individus ayant la plus grande misère à s'exprimer dans l'une ou l'autre de nos deux langues officielles et n'ayant aucune triture de la pratique diplomatique et de l'étiquette ? N’est-il pas inconcevable, voire révoltant, d’être témoin de l’incapacité de nos représentants à faire bonne figure, à bien parler au nom d’Haïti, à défendre ses intérêts, et, pire, à manier correctement les couverts au cours d’un repas en public ?
 
Ainsi, notre diplomatie, loin d'être cet instrument qui pourrait nous aider à sortir de situations embarrassantes dans lesquelles nous nous sommes retrouvés empêtrés, se transforme de plus en plus en un véritable boomerang dans la mesure où, mal utilisée, elle contre-agit et n'aide nullement le pays. Au contraire, elle menace sa place dans le concert des nations. À cet égard, n’avons-nous pas assisté récemment à des décisions diplomatiques qui vont à l’encontre des alliances de toujours constituant depuis longtemps le fondement de notre politique étrangère ? 

La refondation de notre pays passe, sans contredit, par l’adoption d’un nouveau système éducatif à même de former l’homme haïtien du XXIe siècle de manière à pouvoir faire face aux nouveaux grands défis et enjeux mondiaux. Elle passe tout autant cependant par, entre autres, la refondation de sa diplomatie. La réalisation des objectifs de toute diplomatie est aujourd’hui mesurée en termes des gains acquis en matière de développement économique et social. Ainsi, Il faut arriver à faire de notre diplomatie un véritable instrument au service du développement. Pour ce faire, nous devons très vite passer d’une diplomatie inefficace caractérisée par des nominations exclusivement clientélistes à une diplomatie plus efficace pouvant compter sur un personnel diplomatique choisi selon le principe de la méritocratie. Il faut donc identifier les personnes les plus compétentes sans considération de leurs couleurs politiques. Il faut procéder à la fermeture des représentations diplomatiques qui sont de peu d’intérêt pour l’avancement du pays. Il faut enfin rationaliser l’effectif du personnel dans nos missions diplomatiques en fonction des besoins réels.  

Toute diplomatie est, à court terme, condamnée, si elle n’est l’expression de pointe d’une volonté nationale, confortée de la base au sommet par le consentement commun.