Pauvre de moi! Comment, sur un si vaste thème, convaincre le peuple, qui, de 1492 à 1804, a mis sa force de travail au service des autres, que c’est maintenant le moment de le faire pour son propre bien-être? Du stade de bête de somme à l’émergence de l’homme haïtien, on a fait bien du chemin.

Pauvre de moi! Comment, sur un si vaste thème, convaincre le peuple, qui, de 1492 à 1804, a mis sa force de travail au service des autres, que c’est maintenant le moment de le faire pour son propre bien-être? Du stade de bête de somme à l’émergence de l’homme haïtien, on a fait bien du chemin. Pourtant, maintenant que la perle est nôtre, devrait-on se faire prier pour l’épousseter, la faire briller davantage? Même s’il est besoin d’humaniser, de moderniser et de rentabiliser les méthodes, le travail ni le rythme ne sauraient cependant disparaitre. C’est la sauvegarde d’une nation, le trésor de sa dignité.

Personnellement, j’ai fait l’expérience des deux rives. Je ne savais vraiment pas ce que c’était de travailler dans le sens large du mot. Je jouissais de la vie mais, en fin de compte, j’ai dû m’y mettre. En tout cas, la seconde rive est de loin la plus fertile. Faut-il, pour changer de rive, que l’urgence se fasse sentir au préalable? Face à cette interrogation, répétons après nos parents que la situation crée l’action. En d’autres termes, la nécessité est la mère de l’invention. Mais jusques à quand? Gare aux frais pour les privilégiés, car on ne tient pas aux commandes si on n’est pas de bonne fabrique. Et, en toute justice, leur sort, quoique fâcheux, justifierait les efforts autrement consentis et démontrerait aux réticents qu’il n’y a pas d’autre choix. 

Néanmoins, la grande question demeure le moment du réveil. Compatriotes, hors de cette phase d’émancipation, il n’y a pas de salut. Toutefois, d’où peut venir le déclic et comment le provoquer? On dit que le plus tôt est toujours le mieux ou encore mieux vaut tard que jamais. Maintenant, nous sommes entre le marteau et l’enclume. Ayant raté cette marche cruciale, le citoyen se retrouverait à quémander son pain si la reprise en charge n’avait eu lieu.  Le revirement vient peut-être du lien entre un idéal social de vie et l’immanence d’une dose d’honnêteté et de sincérité au niveau de la conscience. Bref, cette renaissance peut venir aussi d’observation de meilleurs résultats obtenus par d’autres compagnons de route qui ont continué à meubler leur temps de travail, d’études et aussi de récréations appropriées. 

Les modes d’apprentissage sont multiples: les manuels, les études, l’observation, les sports, la musique, le théâtre… De plus, il y a une théorie valorisant tout corps de labeur : Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. Dites-vous que certains refuseront toujours de l’admettre. Par ailleurs, il est recommandé à tout un chacun de faire quelque chose de ses mains. D’un autre côté, ceux qui ont des yeux exercés finissent toujours par trouver autour d’eux quelque chose de valable à faire. Voilà un bon réflexe à adopter ! La paresse et l’oisiveté ne sont pas de mise. Le rôle d’un agent de développement est sans doute d’exercer et de stimuler les autres jusqu’à les rendre alertes et responsables.

Que l’on utilise la voix ou le doigt pour indiquer la voie revêt une allure de noblesse à encourager.  Le travail est la solution. L’impact est positif à tous les niveaux. Cela rend les gens plus intelligents, dévoués et industrieux. Le plus grand bénéfice du travail pour les hommes réside dans la responsabilisation, la productivité et l’indépendance. Comme une glu, il rattache le travailleur au temps et à l’éternité à travers ses œuvres. Et que dire de son impact sur la santé mentale et physique de l’individu!

En fin de compte, c’est la conscience qu’il reste à activer pour que toutes ces transformations s’opèrent.  C’est sur cette piste que l’œuvre doit s’établir. Vu les bienfaits disséminés çà et là sur le parcours, naturellement, le peuple s’y engagerait pourvu qu’une clique ne complote pour lui arracher les fruits de sa sueur. Moyennant une organisation empreinte d’intégrité, le rendement du labeur permettrait d’instaurer les rails du développement au fur et à mesure sur le territoire national.