Notre histoire de peuple est tellement incroyable qu’elle sonne pour certains comme une légende. Comment ce peuple a-t-il pu échapper à une extermination quasi totale ? Comment ce peuple, arraché de sa terre natale, transporté dans des conditions atroces, pêle-mêle de familles différentes, de tribus différents, cachés çà et là sur l’île d'Haïti, comme esclaves au rang de déchets putrides de l’humanité a-t-il pu vaincre la grande armée impérialiste ? Peuple d’hommes et de femmes, nés de sang royal et humiliés dans leurs corps et leurs esprits, de la pire des manières, par des races d’homme et de femmes à peau claire, ayant agi au nom de la religion et de la civilisation.
Notre histoire de peuple est tellement incroyable qu’elle sonne pour certains comme une légende. Comment ce peuple a-t-il pu échapper à une extermination quasi totale ? Comment ce peuple, arraché de sa terre natale, transporté dans des conditions atroces, pêle-mêle de familles différentes, de tribus différents, cachés çà et là sur l’île d'Haïti, comme esclaves au rang de déchets putrides de l’humanité a-t-il pu vaincre la grande armée impérialiste ? Peuple d’hommes et de femmes, nés de sang royal et humiliés dans leurs corps et leurs esprits, de la pire des manières, par des races d’homme et de femmes à peau claire, ayant agi au nom de la religion et de la civilisation.
Des générations d’hommes et de femmes à la peau d’ébène ont souffert les plus atroces des martyrs. Ils et elles ont connu le fouet de l’évangélisation, le joug de l’oppression, l’enfer de la colonisation, le calvaire de l’exploitation, les abîmes de l’acculturation.
Mais un jour, les cœurs de ces hommes et de ces femmes, de ces nègres et de ces négresses, se sont mis à se parler, à se connaitre, à se reconnaitre. Les cœurs ont fait le dialogue des « Lwa » contre la loi des colons. Depuis lors, toutes les actions de ces hommes et de ces femmes unis par le cœur, ont été guidées par la rage de retrouver la liberté et de léguer aux générations futures une vie de dignité et de fraternité.
La cérémonie du « Bois Caiman » a constitué un autel pour la rencontre des cœurs. Et de cette symbiose des forces, des ardeurs révolutionnaires a jailli le serment le plus noble mais aussi le plus tranchant : « vivre libre ou mourir ». Il y a eu la connexion des cœurs dans les racines africaines, les racines de notre identité. Et voilà pourquoi notre lutte a pu aller jusqu’au bout, pour une victoire sans précédent, une histoire qui continue à faire couler beaucoup d’encres et à servir de rempart aux groupes oppressés partout à travers le monde.
La rencontre des cœurs leur a fait découvrir qu’au-delà de leurs petites différences et divergences, ils souffraient des mêmes injustices, que les douleurs des uns et des autres étaient pareilles et qu’ils devaient se battre ensemble contre l’ennemi commun, l’ennemi qui avait fait de de leurs vies un enfer. Ainsi, les esprits étaient devenus très clairs, pour forger des plans libérateurs, des plans d’une révolte massive, impérieuse, invincible. Tous les lambis ont résonné pour un rassemblement avec des forces unies pour la liberté.
Dans les rangs, il n’y avait pas d’incertitudes, pas de division. Il fallait en finir une fois pour toute. Plus de replis, plus de découragement. Le glas avait sonné, les dignes fils et filles dans les veines desquels coulait un sang d’Afrique fier et belliqueux sont passés à l’assaut du fort ennemi et ont remporté une victoire qui a pris un caractère multidimensionnel. Ce n’était pas simplement la défaite d’une armée face à une autre armée, mais c’était la victoire de la lumière sur l’obscurantisme, d’un système d’inclusion sur un système d’exclusion.
Aujourd’hui, nous qui habitons cette terre, nous sommes des descendants authentiques de ces hommes et de ces femmes qui ont donné un autre tournant à l’histoire des peuples. Nous sommes des fils et des filles avec un passé glorieux. Nous avons hérité d’une épopée sans pareille. Nous allons provoquer à nouveau la rencontre des cœurs. Nous allons ériger un nouvel autel, sur nos querelles sans fondements, sur les jeux de nos enjeux, sur les bases de nos coups bas.
Nous allons nous remettre ensemble pour parler un langage franc et ouvert. Nous allons aussi avec nos cœurs, partir à la rencontre des cœurs de nos ancêtres pour retrouver la voie qui est la nôtre. Pour une redistribution équitable des ressources, pour une gouvernance éclairée, pour une démystification de l’Etat central, pour que le citoyen se retrouve au cœur du processus de changement.