La Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH) tire la sonnette d’alarme sur la situation des personnes victimes du tremblement de terre du 14 août dernier. Selon un rapport d’observation dont Xaragua Magazine a eu copie, l’organisation dit constater l’absence de l’État en termes de secours d’urgence malgré les grandes annonces faites par les autorités.

La Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH) tire la sonnette d’alarme sur la situation des personnes victimes du tremblement de terre du 14 août dernier. Selon un rapport d’observation dont Xaragua Magazine a eu copie, l’organisation dit constater l’absence de l’État en termes de secours d’urgence malgré les grandes annonces faites par les autorités. «Dans certains endroits, des camps d’hébergement se constituent. Tandis que dans d’autres, les victimes s’organisent chez elles. Mais, l’assistance de l’Etat fait cruellement défaut dans les deux cas », souligne la POHDH constatant que les les secours d’urgences annoncés tardent encore à arriver dans de nombreuses habitations.

Dans les 6 communes visitées par l’organisme de droits humains, la situation est critique. L’École Nationale de Solon à St Louis du Sud loge un camp de déplacés. 108 abris constitués de draps troués, de bois, de sacs, de cartons y sont retrouvés. «Dans chacun de ces abris, il y a entre 6 jusqu’à 10 personnes de familles différentes » informe la POHDH. Quand il pleut, c’est l’enfer total pour ces déplacés qui n’ont aucune assistance de l’État ni en nourriture, ni en eau potable ni en tentes qui pourraient les protéger contre le soleil et la pluie, dénonce l’organisation. 

La commune de Cavaillon n’est pas mieux lotis avec entre autres le camp Sylvio Cator où 440 familles se sont réfugiées. On y trouve 15 femmes enceintes et 5 personnes vivant avec un handicap, rapporte l’institution. Sur la place d’Armes de cette municipalité, 20 familles se sont logées. Plusieurs ONG interviennent dans ce camp mais la population crache sa colère par rapport aux mécanismes de distribution de l’aide. Les distributions de cartes se font dans la nuit et pour bénéficier de l’aide, «certains distributeurs demandent aux femmes d’offrir leur sexe en échange ou de payer 2500 gourdes» dénonce une victime, selon le rapport publié en octobre 2021.

3 secteurs touchés par l’observation de la POHDH

La Plateforme des Organisations de Défense des Droits Humains a mis l’emphase sur trois secteurs touchés par le séisme du 14 août 2021. Ce sont les secteurs agricole, éducation et santé. Selon les responsables, «le séisme a basculé la situation économique des paysans. Des denrées alimentaires produites dans les vallées et dans les mornes sont disparues. Ainsi que des têtes de bétails des paysans». Les conséquences du séisme sur les jardins des paysans sont difficilement réparables et exposent la population à la faim dans les jours à venir, prévoit l’organisation. 

Quant au secteur de l’éducation, la POHDH rappelle qu’environ 106 écoles publiques et non publiques sont variablement affectées dans les Nippes, 90 écoles nationales endommagées et 74 autres partiellement dans le Sud. Plus de 70 écoles sont détruites dans la Grande Anse. Alors que la réouverture des classes pour les départements touchés a été programmée le 4 octobre par le  gouvernement, l’organisme de droits humains dit constater que les travaux de réparation de bâtiments et /ou d'aménagement d’autres espaces pour recevoir les élèves se font encore attendre dans la grande majorité des cas. Même les débris ne sont pas levés dans bon nombres de cas, observe-t-elle. 

Pour le secteur de la santé, les rares infrastructures sont endommagées ou détruites. Les interventions des organisations humanitaires pour prodiguer des soins aux victimes ne sont que des palliatifs. «Les défis en matière de soins de santé se multiplient à chaque catastrophe. La pénurie de médicaments, d’oxygène, de sang, du matériel médical à de graves conséquences sur la vie de nombreux survivants du séisme qui ont besoin d’être soignés», souligne la POHDH dans ce rapport d’observation concernant les communes de Saint-Louis du Sud, Cavaillon, Cayes, Maniche, Camp-Perrin et Petite-Rivière des Nippes. 

Recommandations

Pour faire face à la situation actuelle, l’organisme de droits humains fait un ensemble de recommandations tant au gouvernement qu’aux acteurs humanitaires. Elle recommande au gouvernement d’adopter des dispositions concrètes et urgentes pour pallier au défi de la réouverture des classes; d’implémenter un programme d’appui psychosocial public avec la participation des étudiants en Travail Social et en Psychologie de l’UEH; de prendre des dispositions concrètes et adéquates pour accompagner les paysans planteurs dans le secteur de l’agriculture. 

La Plateforme des Organisations de Défense des Droits Humains (POHDH) est une association de droit privé à but non lucratif fondée en 1991 regroupant 7 institutions du secteur des droits humains dont le RNDDH, CRESFED, CE-JILAP, GAJ, ICKL, PAJ et Sant Kal Levèk.