Dans ce pays qui est le nôtre, en Haïti où l'impossible devient souvent possible et le possible est presque toujours impossible, la seule avenue possible que peut emprunter la population quasiment laissée à elle-même face aux aléas de la vie, qui affligent et alourdissent son quotidien, la seule avenue, c'est celle de la solidarité dans son expression la plus simple.

Dans ce pays qui est le nôtre, en Haïti où l'impossible devient souvent possible et le possible est presque toujours impossible, la seule avenue possible que peut emprunter la population quasiment laissée à elle-même face aux aléas de la vie, qui affligent et alourdissent son quotidien, la seule avenue, c'est celle de la solidarité dans son expression la plus simple.

L'absence d'une bonne gouvernance à tous les niveaux de la gestion de la chose publique, doublée de la cupidité de nos dirigeants corrompus et incompétents, a ouvert et continue d'ouvrir bien grande la voie vers une situation chaotique qui ne cesse de se détériorer depuis trop longtemps déjà. D'un petit larcin au vol organisé, d'un enlèvement de petit voleur à un kidnapping d'état, d'un dysfonctionnement institutionnel de certaines entités à la disparition quasi totale de toutes les institutions étatiques, la table est bien mise pour la proclamation ou, mieux, pour la confirmation d'un état failli. Notre chère Haïti, malheureusement, s'inscrit sans contredit et depuis un bail dans le registre des états déstructurés, des états en échec, justifiant ainsi la notion d'état en déliquescence qui lui est affublée au gré des variables caractéristiques d'un état qui ne parvient pas à assurer ses missions essentielles, particulièrement le respect de l'état de droit.
 

Appliqué au tout début, dans les années 1970, à l'exemple somalien, le concept d'état failli ou d'état en déliquescence a très vite quitté le cadre des guerres civiles pour s'étendre aux zones de crise humanitaire intense comme Haïti, le Libéria et le Rwanda. Dans le cas précis d'Haïti, entre autres, cela s'est justifié par le constat de paramètres précis témoignant de sa réelle incapacité à gérer des problèmes qui compromettent sa cohérence et sa pérennité. Cette incapacité se traduit dans un état central faible et inefficace qui n'exerce plus aucun contrôle sur son territoire, dans la contestation de toutes les décisions prises par le gouvernement soi-disant légitime, dans l'absence des services publics essentiels, dans la corruption généralisée à tous les échelons de la fonction publique, à quelques rares exceptions près,....Quand, de surcroît, aux crises socio-politiques ou socio-économiques viennent se greffer l'éventualité et la fréquence assez constante de catastrophes naturelles, il ne reste d'espoir pour la grande masse défavorisée, celle constamment exploitée par ce petit clic détenant la totalité de la richesse, il ne reste de réel espoir que celui de la prise en charge, par la société civile ou par de simples individus, d'opérations ponctuelles pouvant redonner aux victimes un minimum de dignité.
 

C'est justement dans la logique du choix de cette dignité à sauvegarder, par opposition à un comportement basé sur l'assistanat, et convaincu de l'impact et du poids de la solidarité agissante que je viens vous lancer un appel bien précis au profit du Collège Saint-Jean des Cayes, cette institution cinquantenaire ayant formé de nombreux jeunes femmes et hommes, mais qui n'a pas su résister aux assauts de ce séisme dévastateur du 14 août dernier.

 

En tant qu'Haïtiennes et Haïtiens, partageant la même fierté de notre passé glorieux et révoltés, les uns autant que les autres, par notre impuissance face aux diverses catastrophes qui mettent notre pays à genoux pour une nième fois, que nous vivions à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, nous avons un devoir social, nous avons une obligation de solidarité avec celles et ceux qui, moins fortunés, sont frappés de plein fouet par ces catastrophes. L'expression de notre solidarité se doit d'être l'obligation, pour nous toutes et tous, de faire cause commune et d'agir dans l'intérêt de celles et de ceux qui sont dans le besoin.

 

Dans un pays en totale décrépitude, le premier des besoins n'est-il pas celui de l'éducation, cette cause noble à laquelle s'est toujours dédiée cette institution qui, aujourd'hui, vous prie de l'aider à retrouver son état minimal de fonctionnement ? Faire cause commune, devant cet état de fait, ne signifie-t-il pas tout simplement de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que des jeunes ne tombent pas, malgré eux, dans le piège de l'oisiveté et ne soient, du coup, entraînés dans toutes sortes de situations ne pouvant, en fin de compte, les amener qu'à leur perte. Leur place est sur les bancs de l'école. Offrons-leur donc ce qui désormais semble être un autre grand privilège dans ce pays qui, malheureusement, par la faute de ses dirigeants, a développé rapidement une "certaine expertise" de faire disparaître les quelques principes et valeurs qui nous restaient, poussant certaines personnes avisées à maugréer qu'en Haïti, l'impossible devient souvent possible et le possible est presque toujours impossible.

Saint-Jeannaises et Saint-Jeannais, le même lien qui nous unit est aussi celui qui doit nourrir notre sentiment d'entraide face à la situation dans laquelle se retrouve notre alma mater. Je vous invite donc toutes et tous à la solidarité, ce lien fraternel, cette valeur sociale qui nous unit au-delà de la distance. Je vous invite à contribuer au GoFundMe en faveur du Collège Saint-Jean des Cayes et, ce faisant, à faire la démonstration formelle que la solidarité, loin d'être un leurre, est en fait la vraie solution, si ce n'est l'unique, à prescrire face à cette situation de crise. Des situations de crise qui, à juste titre, nous révoltent puisqu'elles s'inscrivent indubitablement au chapitre des risques que nous imposent les conséquences, non pas nécessairement des catastrophes naturelles qui nous affectent, mais surtout celles des inconséquences des dirigeants qui n'ont rien appris du passé et qui, à la place du vrai mandat du peuple, se sont donné le seul mandat qui vaille à leurs yeux et à ceux de leurs proches, celui de se mettre plein les poches.

Saint-Jeannaises et Saint-Jeannais, le train de la solidarité est lancé. Nous devons désormais l'aider à atteindre sa vitesse de croisière. La route est longue, celle qu'avec dignité nous avons choisie et qui nous mènera à destination. Cependant, un kilomètre à la fois, avec persévérance, nous pouvons ensemble parcourir des milliers, des centaines de milliers de kilomètres, en comptant sur nous-mêmes, nos proches et nos véritables amis.

Que vous soyez de la première ou de la dernière promotion que le CSJ a formée au cours des 51 dernières années, que vous ayez été / soyez élèves, parents, professeurs, amis.amies de ces derniers, cette cause est VÔTRE ! Aucune contribution n'est trop petite, aucune n'est trop grande ! Donnez ! Donnez avec joie ! "Donner c'est aussi recevoir, parfois sans s'en apercevoir".

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