Le passé nous rend souvent nostalgiques… et conduit parfois

à la mélancolie... petite fleur délicate qui retient ses larmes...

au bonheur d'être triste.

Le passé nous rend souvent nostalgiques… et conduit parfois 
à la mélancolie... petite fleur délicate qui retient ses larmes... au bonheur d'être triste. Mais le passé est révolu, démodé, dépassé, suranné, rendu désuet, inapproprié, inadéquat, relégué aux calendes grecques, oublié… On doit s’y faire... se consoler, se résigner pour vivre le moment présent et aller de l’avant. C’est ainsi... l’humble, l'immuable, l'inexorable condition de l’humain... déficient et corruptible mortel.

En effet !

Le passé est bel et bien mort… et c’est ma foi raisonnable de se le rappeler… Je voulus remonter le temps, rétrograder l’ombre au cadran solaire, renverser le sablier, retarder les clepsydres, retourner les aiguilles à l'envers, remettre les pendules à l’heure des aurores argentées, regarder en arrière, différer, décaler les horaires, compter à rebours, marcher à reculons, inverser l'ordre des choses… pour le réanimer, retrouver alors mon univers réconfortant d’antan et faire revivre les disparus.

Je m’engageai à reconstruire des ponts appendus délabrés, dé- membrés, ensevelis sous le sable du temps… m’activai à raviver de joie et de beauté de vieilles flammes du bord de mer… m’obs- tinai à restaurer de nobles vestiges, des ruines éternelles… m’étant mis en orbite pour voyager dans la mémoire et ressasser d'inoubliables souvenirs heureux... précieux attribut d'un système limbique compétent.

Je m’attelai à réparer les pots cassés, les œufs fissurés... corriger au mieux du savoir-acquis les erreurs du passé dont l’emprein-te reste désespérément, irréfutablement indélébile… m’acharnai à rafistoler des voiliers décrépits prenant l’eau de tout bord; à recoudre les voiles déchirées par des vents contraires; à re- nouveler des vœux pieux exaltants, expirants, expirés… m'obsé- dai à faire vibrer d’illusoires et obsolètes amours… m’efforçai à rajeunir, à prolonger des amitiés périmées, évanouies, dissipées à jamais... désagrégées, désintégrées dans l'air vicié du temps, aspirées par des tornades intempestives... et la vanne grégaire.

Je voulus sauver des biens précieux emportés par des furies, d'irascibles et violentes crues… et, j'ai piteusement, lamentablement galéré… en essayant de recoller les éclats épars du miroir brisé par des cataclysmes pervers… dispersés çà et là sur le par- cours du nègre itinérant... en mal d'un inestimable mieux-être psycho-somatique, identitaire et anthropomorphique millénariste.

Si imprudent, j’ai péché contre l’Esprit ? Si inconscient, j’ai contesté le plan céleste, dénué de la gnose divine ? L’Éternel-Dieu, juste et miséricordieux, m’absoudra volontiers !

Jean Stanley Augustave, Haïtien, est de la Plaine du Fond des Cayes, du Sud
d’Haiti.

Études :
Jardin d’enfants chez les Soeurs de Sainte Marguerite d’Youville aux Gabions.
Écoles Primaire et Secondaire des F.I.C. : -Collège Frère Odile …

Biographie