Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont offert un spectacle unique en son genre, mêlant tradition et modernité. La décision d'organiser la cérémonie d'ouverture sur la Seine, au cœur de Paris, a marqué une rupture avec les cérémonies traditionnelles dans les stades. Ce choix audacieux a permis de mettre en valeur le patrimoine architectural de la ville et d'offrir un spectacle inoubliable aux milliards de téléspectateurs.

La cérémonie d'ouverture, s'étendant sur 6 kilomètres à travers le cœur de la capitale française, a marqué les esprits. Avec des chiffres qui donnent le tournis : 3,000 artistes ; 10,500 athlètes ; 326,000 spectateurs sur place et plus d’un milliard de téléspectateurs sur les télé et réseaux sociaux. Malgré les intempéries, des milliers d'artistes et de participants ont offert un show époustouflant, célébrant la diversité et l'héritage olympique.

Les athlètes des délégations de tous les pays concourants, munis de leurs drapeaux prennent place sur des bateaux mouches, des péniches autres embarcations de différentes tailles qui se suivent sur la Seine ; ces 85 bateaux de capacité diverse transportent une à plusieurs délégations sportives, selon la composition de chacune. Le nom de chaque pays s'affiche alors sur une banderole violette, en français sur la face visible côté tribord et en anglais sur celle à bâbord, placée à côté des délégations qui saluent avec enthousiasme malgré la pluie dont beaucoup se protègent à l'aide de capes transparentes

La participation de Céline Dion et la présence de Marie-José Pérec et Teddy Riner comme derniers porteurs de la flamme ont ajouté à l'émotion de l'événement. Des symboles forts, tels que le cheval d'argent représentant Jeanne d'Arc et la vasque olympique (un chef d’œuvre d’innovation) reliant passé et présent, ont renforcé l'émotion de la cérémonie.

Une cérémonie empreinte de controverses

Si la cérémonie a été largement saluée, certaines séquences ont suscité des débats. Les choix artistiques, notamment l'hommage à Marie-Antoinette et la représentation de la diversité, ont divisé l'opinion publique. Ces controverses ont mis en lumière les défis liés à la représentation de l'histoire et de la culture dans un événement d'envergure internationale.

Haïti à l'honneur

Pour les Haïtiens, ces Jeux ont été une source de fierté immense. La délégation haïtienne, vêtue de tenues conçues par Stella Jean, s'est distinguée par son élégance et son originalité. Inspirées de l'art haïtien, notamment de l'œuvre de Philippe Dodard, ces tenues ont mis en valeur la richesse culturelle du pays. Elles ont également suscité l'admiration de la communauté internationale, remportant même des distinctions dans la presse spécialisée.

Un héritage olympique à redécouvrir

Les Jeux de Paris 2024 ont été l'occasion de (re)découvrir l'histoire de la participation haïtienne aux Jeux Olympiques. Constantin Henriquez, originaire de Port-de-Paix dans le Nord-Ouest d'Haïti, a été mis à l'honneur en tant que premier noir et premier Haïtien à participer aux Jeux en 1900. Il a remporté une médaille d'or avec l'équipe française de rugby, ouvrant ainsi la voie à la participation des Noirs dans ce genre de compétition, à une époque où le racisme était très  

prégnant. Deux autres Haïtiens ont également participé aux Jeux de 1900 : Léon Thiercelin, originaire de Pétion-Ville, et André Corvington, originaire des Cayes, tous deux en escrime. À son retour en Haïti, Henriquez a introduit le football dans le pays et est devenu le premier président du comité olympique haïtien.

Haïti a participé à 14 éditions des Jeux Olympiques d'été, sans jamais prendre part aux Jeux d'hiver. Le pays a remporté deux médailles dans son histoire olympique : une de bronze en tir par équipe en 1924 et une d'argent en saut en longueur en 1928.

En 1924, Haïti a envoyé une délégation de onze athlètes et deux officiels à Paris. L'équipe masculine de tir, composée d'Astrel Rolland, Destin Destine, Eloi Metullus, Ludovic Augustin et Ludovic Valborge, a marqué l'histoire en devenant les premiers médaillés olympiques haïtiens. Ils ont décroché le bronze dans l'épreuve de carabine libre par équipe le 27 juin 1924.

Quatre ans plus tard, aux Jeux d'Amsterdam en 1928, Sylvio Cator a remporté la médaille d'argent en saut en longueur. Originaire de Cavaillon dans le Sud d'Haïti et ancien footballeur du Racing Club haïtien, Cator est devenu maire de Port-au-Prince en 1946. Il est décédé en 1952, l'année même où le stade portant son nom a été inauguré.

D'autres athlètes haïtiens ont également marqué l'histoire olympique du pays. André Théard, issu d'une famille du Sud d'Haïti, a participé aux Jeux de 1924, 1928 et 1932 en sprint (100m et 200m). René Ambroise, originaire de Jacmel dans le Sud-Est, a concouru aux Jeux de Berlin en 1936. Bien que n'ayant pas remporté de médailles, ces athlètes ont ouvert la voie à de nombreuses générations de sportifs haïtiens.

Ces exploits olympiques, célébrés à l'époque et ravivés récemment sur les réseaux sociaux, témoignent de la riche histoire sportive d'Haïti et de sa contribution aux Jeux Olympiques.

Il convient également de souligner que des athlètes d'origine haïtienne ont brillé sous les drapeaux d'autres nations. Parmi eux, Jennifer Abel, qui a remporté deux médailles pour le Canada en plongeon synchronisé à Londres et à Rio. Naomi Osaka, quant à elle, a eu l'honneur d'être la dernière relayeuse de la flamme olympique et d'allumer la vasque lors des Jeux de Tokyo en 2020. Plus récemment, aux Jeux de Paris 2024, Ilionis Guillaume représente la France en athlétisme, tandis que Fred Richard, un Haïtiano-Américain, fait partie de l'équipe américaine de gymnastique. Ces performances illustrent le rayonnement du talent haïtien sur la scène olympique internationale.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 accueillent une délégation haïtienne diverse et prometteuse. Parmi les athlètes représentant Haïti, on compte :

  • Lynnzee Brown, étoile montante en gymnastique
  • Philippe-Abel Metellus, le "Champion du Tatami" en judo
  • Christopher Borzor, surnommé "l'Éclair Caraïbéen" sur la piste de sprint
  • Cedrick-Belony Duliepre, le "Poing de Velours" dans l'arène de boxe
  • Maya Chouloute, jeune prodige de la natation
  • Alexandre Grand'Pierre, considéré comme le "Roi du 100 mètres" en natation
  • Emelia Chatfield, la "Sprinteuse Lumineuse" sur la piste d'athlétisme

Cette équipe diversifiée incarne l'espoir et le talent sportif d'Haïti sur la scène olympique internationale.

Un potentiel inexploité et des perspectives d’avenir

Malgré ces réussites individuelles, Haïti dispose d'un potentiel sportif encore largement inexploité. Pour permettre au pays de briller sur la scène olympique, le comité olympique haïtien doit mettre en œuvre une stratégie ambitieuse. Cette stratégie doit s'articuler autour de plusieurs axes :

  • Développement des talents locaux : Il est essentiel d'identifier et de former les jeunes talents haïtiens, en leur offrant des infrastructures d'entraînement de qualité et un encadrement sportif adapté.
  • Amélioration des infrastructures sportives : La construction et la rénovation d'infrastructures sportives sont indispensables pour permettre aux athlètes haïtiens de s'entraîner dans des conditions optimales.
  • Renforcement des partenariats : Le comité olympique haïtien doit renforcer ses partenariats avec les fédérations internationales, les gouvernements et les entreprises privées afin d'obtenir les financements nécessaires à la mise en œuvre de ses projets.
  • Promotion des valeurs olympiques : Il est important de promouvoir les valeurs olympiques (excellence, amitié, respect) auprès de la jeunesse haïtienne afin de susciter des vocations et de développer une culture sportive de haut niveau.

Pour finir, les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été une source d'inspiration pour le monde et devrait l’être pour Haïti. En mettant en valeur le talent et la détermination des athlètes et l’espoir de voir briller des athlètes haïtiens dans le futur, ces Jeux peuvent ouvrir de nouvelles perspectives pour le sport haïtien. Il appartient désormais à chaque Haïtien de s'impliquer pour que les prochaines générations puissent écrire de nouvelles pages glorieuses du sport haïtien tant en Haiti que dans les compétitions internationales.

Andre Prospery Raymond is an agro-economist with a master in economic development in rural areas and studied law in Haiti and had some extensive post-graduate certificated in the UK, USA and India on Managing People, Leadership, Building a better response, Safeguarding, Gender, Humanitarian respo…

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