Monseigneur, c’est donc un privilège de pouvoir vous écrire ouvertement et je suis sûr que vous comprendrez que la cause est commune et mérite d’être adressée.

Mgr Chibly LANGLOIS, premier cardinal haïtien,

Monseigneur, c’est donc un privilège de pouvoir vous écrire ouvertement et je suis sûr que vous comprendrez que la cause est commune et mérite d’être adressée. Monseigneur, encore petit, j’entendais ma mère parler de Mgr Collignon en de très bons termes. Mgr Agénor a marqué son temps en érigeant l’école normale et probablement le collège St Jean. Révérend Père R. Lussier a beaucoup contribué à l’assainissement de la ville des Cayes et les cités qu’il y a campées témoignent de son enthousiasme à participer à l’œuvre commune.

 

L’ultime but de mon initiative est de forger une heureuse opportunité de contempler votre dévotion, celle qui vous a engagé dans cette voie de vous approcher de plus en plus de notre Père céleste. Permettez que je vous félicite car ce n’est pas une faveur que Sa Sainteté le pape vous a tendue en vous nommant á cette honorable position dans le sacerdoce. Vous avez sans aucun doute étudié et travaillé durement afin de cultiver les aptitudes requises à l’obtention de votre grade. Cela révèle une ardeur et une détermination à toute épreuve. Tous ceux qui réussissent méritent de l’appréciation car les plus jeunes qui les observent sont encouragés, animés d’espoir qu’un jour leur persistance dans les études et le travail les conduira également au succès. 

Pour avoir réussi, Mgr, vous avez défriché la route au développement des valeurs éternelles qui font d’un individu un homme à part entière. 

 

Dès lors, Mgr, vous possédez une méthode remplie des étapes à appliquer pour structurer l’esprit et le mental d’une personne. Nos frères ont besoin de l’entendre de vous, Mgr. Peut-être, votre conviction se résume en ces trois mots : travail, science et organisation. Seule la volonté est absente dans le cas haïtien. Du haut de son trône notre Père ne fait pas de parti pris ; il a muni tous ses fils des grâces nécessaires à la réussite. Il suffit de le savoir, mais Mgr, il parait que nos frères les Haïtiens ont complètement perdu la notion qu’ils sont comme vous et qu’ils tiennent seulement à eux de réaliser le miracle. N’est-ce pas la meilleure façon de rendre gloire à Dieu que de nous développer individuellement et de pourvoir à celui des autres aux alentours.

C’est indéniable qu’il y a là un travail de plusieurs générations à accomplir. Les différentes couches de cette société vont à la dérive. Que comptez-vous faire, Monseigneur, pour redonner confiance au peuple Haïtien ? Fort heureusement, votre chaire couvre tout le territoire. Les choses ont changé ; nous devons aussi changer notre mentalité et utiliser l’intelligence pour sortir de ce marasme et accéder au progrès individuel et collectif de notre peuple. Quand on s’y met, les idées affluent. Il ne reste donc qu’à les ordonner et voir à l’action des résultats positifs se matérialiser peu à peu. Notre tâche est encore plus ardue parce qu’elle affecte le long terme. Il ne s’agit pas de donner du pain mais surtout d’inciter á gagner son pain à la sueur de son front. Semble-t-il que certains de nos compatriotes ont perdu ce goût de l’effort et de l’essence qui en découle.

En vérité, Mgr, nous voulons surtout arracher un sourire à vos lèvres et implanter en votre esprit que vous n’êtes pas seul. Encore bien des gens attendent le secours spirituel pour ouvrir la trajectoire au Divin. Cette route est parsemée d’abondance destinée á la jouissance du royaume paternel. Cependant la parabole des talents nous enseigne que nous avons la charge de fructifier les semences mises à notre responsabilité. Ne pas en prendre soin c’est faire preuve de manque d’initiative de notre part. Heureux sommes-nous de vous avoir en éclaireur ! Nous voulons simplement vous dire que nous avons encore faim de votre leadership et nous espérons que vous manifesterez davantage votre charisme de sorte que la prise de conscience se généralise. Monseigneur, notre félicité est vôtre et la misère du peuple haïtien ne s’explique que par ignorance ou absence de saine gestion.  

Bien á vous, Mgr Langlois !