Le rara fait partie de notre patrimoine immatériel. Il serait directement issu du vaudou et aurait pris naissance aux fins de divertissement pour les « Lwa » dans les « Lakou ». La grande ferveur de rara se retrouve d’abord à Léogane, ensuite, dans certains endroits de l’Artibonite, et un peu moins dans la Grand Anse, le Sud, le Sud Est.

 

Le rara fait partie de notre patrimoine immatériel. Il serait directement issu du vaudou et aurait pris naissance aux fins de divertissement pour les « Lwa » dans les « Lakou ». La grande ferveur de rara se retrouve d’abord à Léogane, ensuite, dans certains endroits de l’Artibonite, et un peu moins dans la Grand Anse, le Sud, le Sud Est.

Une manifestation populaire ancienne qui tirerait son origine dans une fête précolombienne où les Indiens célébraient l’équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature, pour vénérer des certains éléments :  le maïs, l’or et le soleil. Cependant, certains historiens ont établi une relation entre le rara, et une traditionnelle danse des esclaves d’Haiti, qui avait lieu les trois derniers jours de la semaine sainte, après le carnaval des « maitres ». D’autres récits porteraient plutôt à croire que le rara serait le fruit d’un mélange de la culture indienne et de celles des noirs venus d’Afrique.

La bande rara, originellement est une société bien organisée avec des membres conventionnellement établis : un président, un vice-président, un gouverneur, un commandant et un colonel. Il y a aussi le Samba, et le jongleur communément appelé major-jonc. Ce dernier, personnage mythique, avec pour rôle d’embellir et de caractériser le devant de la scène ne se retrouve plus que dans de rares bandes de rara.

Les instruments essentiellement organiques du rara sont d’une part, les instruments des messages (Tambours, Tchatchas, Banbous, etc.), et d’autres part, les instruments d’accompagnement (Vaccines, Cornets, etc.). 

Aujourd’hui, on retrouve l’hélicon, la trompette, le saxophone. La décadence va jusqu’à voir des spectacles de rara avec système de sonorisation « Hightech ». Les assauts d’une modernisme débridé et délétère menacent sérieusement l’avenir du vrai rara haïtien. 

Carole Demesmin -Maroule, à travers le texte de la Chanson « Men Rara » nou parle de cette manifestation populaire essentiellement non technologique dans ses racines. Dès les premières paroles, un instrument organique du rara est cité : « Lè rara pral leve, se vaksin ki kòmanse/ Apre sa s on banbou, yon kata tonbe woule… ».

Puis, une scène est décrite avec l’apparition d’une Samba : « Larenn Chantrèl leve/ Li lanse yon chante/ Tout moun tonbe rele se konsa rara leve… ». Tout au long de cette méringue épique, c’est le rara qui est peint sans fard, sans éléments externes. C’est aussi toute la mouvance de cette cérémonie réjouissante qui est dévoilée. On retrouve aussi une pratique du rara qui consistait à créer un charivari autour des faits insolites dans la communauté. Nul n’échappait aux satires pimentées à souhait, sur un rythme entrainant. « Tout eskonbrit, nenpòt ti enkondit/ Depi yo fèt nan nwit, se sa rara chante….Te mèt se pè, te mèt se monseyè, depi w son bakonyè, yap mete w nan konde ». Ainsi donc, le rara influençait les habitudes et les coutumes et aidait à la bonne garde des valeurs. Tout fait scandaleux était mis en musique pour être chanté à plein poumon par une foule sans retenue de langage. L’ambiance était conçue pour être grivoise et tapageuse. Aucune censure, si ce n’est celle imposée par les traditions et les mythes ancestraux. 

Le rara est un héritage à notre identité de peuple. Son originalité est sans cesse agressée par l’interférence des « décibels » insipides et superficiels. Même les initiatives promotionnelles son versées dans cette tendance désobligeante. 

L’avenir du rara est d’autant plus hypothéqué qu’il est perçu par une couche importante de la population, comme un vecteur de pensée et d’idéologie diaboliques. Les potentiels adhérents à un plaidoyer pour la protection du rara traditionnel seraient peu nombreux et aussi peu écoutés. Cependant, l’enjeu est de taille. Ce serait bien malheureux de devoir parler du « bon rara » au passé. Il faut d’abord apprendre plus du rara pour mieux le comprendre et le défendre. Il s’agirait du début d’une longue et inlassable lutte. Si rien n’est fait, le rara s’en ira, sans bruit.

« Rara pa dwe sispann chante pou solèy leve »

Bibliographie :
Alexis, Gerson. « Les danses Rara », Bulletin du Bureau d’ethnologie, série III, Port-au-Prince, mars 1959.
Paul, Emmanuel C. Panorama du folklore haïtien, Port-au-Prince, Imprimerie de l’Etat, 1962.
Carole Démesmin- Men rara

 

A propos de

Fonie Pierre

Fonie Pierre est médecin avec une spécialisation en médecine communautaire, préventive et sociale.
Elle détient aussi un diplôme d’Etude avancée en Population et Développement/ Genre.

Elle est, par ailleurs, membre fondatrice de la Chambre de C…

Biographie