Nous avons tant de rêves oubliés, tant d’espoirs piétinés, mais nous survivrons…

Aux tréfonds de notre âme, nous caressons un rêve, celui de voir des jours meilleurs. Nous avons atteint un tel niveau de décadence que seuls les battants peuvent arriver à garder la tête hors de l’eau.

 

Nous avons tant de rêves oubliés, tant d’espoirs piétinés, mais nous survivrons…
Aux tréfonds de notre âme, nous caressons un rêve, celui de voir des jours meilleurs. Nous avons atteint un tel niveau de décadence que seuls les battants peuvent arriver à garder la tête hors de l’eau. L’idée que la vie ne nous réserve pas grand-chose nous sert de prétexte pour ne pas nous battre vraiment pour ce que l’on veut. 

Ma ville que j’admire depuis mon plus jeune âge, je l’ai vue rire, je l’ai vue debout, je l’ai vue dévouée, je l’ai vue sourire, je l’ai vue rajeunir, je l’ai vue à genoux, je l’ai vue à nue. Mais elle ne s’était jamais repliée. Aujourd’hui, rien n’est plus pareil.  Elle qui suscitait l’envie et qui se laissait conquérir est soudain devenue sinistre. Le monde a changé autour d’elle. La noirceur s’installe et la purification s’éloigne. Elle pleure, elle chiale, ses cris retentissent. Elle s’agenouille, elle crie à l’aide. Elle respire mal, les coups lui tombent en rafale. En attendant, notre inconscient drape nos corps, nos yeux vêtus du bandeau de silence habillent nos réflexes, le sérieux tourne au ridicule et le ridicule remplace le bon sens. Le rikiki se met au sommet et les yeux sont obstrués par le c’en est trop.

L’envie me prend parfois de me mettre à genoux dans les rues, et même devant les caméras pour supplier mes pairs de se décider enfin à choisir une meilleure destinée pour ma ville mère. C’est ce que je voudrais faire à chaque fois que j’ouvre les yeux le matin. Mais je passerais sans doute pour une schizophrène qui a perdu la tête. Tout ce que je peux faire, c’est espérer. Espérer, à tous coups, qu’ils prendront les bonnes décisions, espérer que la bataille ne les dressera plus l’un contre l’autre. Espérer qu’ils seront capables de se tenir la main sans chercher à porter des coups bas. Espérer qu’ils aient finalement une entente, favorable à tous, et qu’ils disent adieu aux complots. 

Ce que je souhaite, est-il impossible ? Est-ce trop demander que de donner aux enfants une chance de vivre vraiment la vie qu’ils méritent ou aux vieillards de partir loin, là-bas, en toute quiétude d’esprit. Vous me direz que je suis en train de déblatérer sur une idéologie qui n’atteint pas le niveau de volonté des responsables, mais moi je vous dis que leur conscience s’est juste assoupie et qu’il n’en faut pas beaucoup pour la réveiller. Ils refusent seulement de faire ce qui est simple et nécessaire pour résoudre leur petit problème.  

Je ne suis pas en train de rêver, ni coincée dans le passé; je vois juste un monde meilleur. Je contemple tout simplement l’ambiance d’un nouvel avenir pour ceux qui viendront cent ans après. Je persiste à croire que c’est possible. Je crois que d’autres jeunes, comme moi, rêvent de cette magnifique ville et sont prêts à se donner corps et âme pour qu’un tel rêve devienne réalité. Nombreux sont ceux qui en ont assez d’assister à ce pénible spectacle que nous offrent, à tous les niveaux, ces assoiffés de pouvoir.  De nombreux parents souhaiteraient que leurs enfants puissent avoir accès à toutes ces infrastructures que leur montrent le cybermonde et la télévision. 

Je crois que nos artistes pourront offrir quelque chose de meilleur pour relever notre culture combien riche et variée.  Je crois aussi que les décideurs, eux qui peuvent se donner les moyens de leurs politiques, devront fournir à nos jeunes les encadrements nécessaires pour avancer dans leurs projets et remettre cette ville sur son piédestal. Je crois également que nos écoles pourront donner aux enfants de cette ville une éducation adéquate qui fera d’eux des hommes et des femmes dignes et capables de porter bien haut notre fierté nationale. 

Je sais que ma ville survivra, je sais qu’elle se tiendra encore debout. Elle est le lieu de mes plus beaux souvenirs, elle m’a vu naître. J’ai grandi avec elle et je me battrai toujours pour elle. 

Vive le Sud ! Vive la fraternité cayenne !
 

Maryns-Starline Labossière, née aux Cayes le 22 Juin 1992, est mariée et mère de famille. Elle a fait ses études classiques chez les sœurs de l’Externat Saint Joseph, puis en 2011 a été admise à l’université épiscopale d’Haïti, BTI (Business and Technology Institute) où elle …

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