Voici venue encore une fois cette journée de l'année où on célèbre les mamans de la société Haitienne. Des centaines et même des milliers d’adjectifs sont utilisés pour la décrire. Beaucoup disent qu’elle est une fleur, une pierre précieuse, un rayon de soleil ou encore le paradis.

Voici venue encore une fois cette journée de l'année où on célèbre les mamans de la société Haitienne. Des centaines et même des milliers d’adjectifs sont utilisés pour la décrire. Beaucoup disent qu’elle est une fleur, une pierre précieuse, un rayon de soleil ou encore le paradis. Tous ces attributs révèlent ce qu’une maman représente dans la vie de ses enfants. Les artistes la chantent, les poètes l’invitent dans leur ballade poétique. Cependant, l’existence de ces femmes, quant  à elle, n’est pas toujours une partie de plaisir.

Tout  commence ce jour où la femme ne voit pas ses Lunes, premier signe qu’un nouveau chapitre vient s’ajouter à son histoire pour la marquer à tout jamais.  Pour certaines, elle y inscrit un heureux événement, pour d’autres la maternité est une source d'anxiété et parfois même de chagrins. Pour celles qui désirent être mère, elles réagissent avec enthousiasme malgré les situations catastrophiques souvent dénoncées par leur entourage. Des affirmations comme: “M’ap pran responsabilite m se pou mwen yo ye; Se chay manman gen pou pote pandan l sou tè a; Tout imiliyasyon sa yo se pou pitit” marquent leurs complaintes et leur détermination. Mais, pourquoi tant de douleur pour ce qui devrait être une source de bonheur? Les enfants ne devraient-ils pas apporter que des éclats de rire?  Pourtant, des bouleversements majeurs liés à leur apparition, poussent quelques mères jusqu’au suicide car brisant  des milliers de rêves, des carrières et  effaçant des perspectives. Chez nous, les mamans se sacrifient pour le bien-être de leur progéniture. Est-ce la raison pour laquelle notre société les qualifie   de battantes, de “fanm djanm”, de “poto mitan”.

La principale cause d’une vie pareille est la gente masculine qui n’accepte pas cette accusation attestant pourtant une triste réalité. La femme se retrouve à remplir de multiples fonctions. Elle est à la fois  secrétaire, aide-soignante ou encore gardienne. On s’entend dire toujours tout ce qu’on doit faire pour garder son homme. On doit être élégante et en même temps toujours prête à se salir dans le travail ménager. Là ne serait pas le problème. Il se situe plutôt dans l’absence d’aide. La femme se force à tout terminer avant la fin de la journée tandis que l’autre s’excite en regardant un match de foot à  son retour du travail ou joue à la console toute la journée. Est-ce aussi difficile de participer aux tâches ménagères pour supporter sa femme/sa compagne dans l’une de ces corvées? Ah j’oubliais! Ils disent: “Sa se travay fanm; Depi w komanse ede l’ l’ap toujou kite l ba w fè; Talè li pap respekte w pou sa la”. Et les fameuses phrases: “Je n’ai pas le temps” ou encore “je suis épuisé". Toutefois, il existe quelques exceptions. Ces respectueux gentlemen assument qu'à la maison, ils sont deux à en prendre soin. 

Une autre cause serait l’image projetée. Notre culture  inculque à la femme ce sentiment de prouver que tout va bien à la maison. “Ranje kò w pitit, tout moun pa bezwen konnen sa w ap travèse”. Il faut bien se présenter devant les voisins. Ainsi l’on saura que cette femme-là est une bonne épouse et une bonne mère. Les vêtements sont bien lisses et propres; les enfants bien coiffés et le mari a pris du poids (parce que c’est le signe qu’il est bien soigné). Durant la nuit, seuls les oreillers savent toute la tristesse et la frustration  accumulées de chaque regard et commentaire réprobateur.

À rappeler que ces femmes ne sont pas que des mères. Elles sont des ingénieures, des cheffes d’entreprise, des infirmières, des femmes de ménage, des mannequins et même des pères… Tout le respect leur est dû quelque soit leur fonction dans la société.
 

Randy C. Pierre-Louis est  mariée et a une petite fille d’un an, est née à Port-au-Prince en 1991 mais pour des raisons personnelles, sa famille avait déménagé aux Cayes en 2000. Elle a fait ses études primaires chez les Soeurs de La Providence et les frères Odile Joseph…

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