Perspectives pour 2020

Malgré les turbulences qui l’ont marquée, l’année touche à sa fin et en laisse entrer une autre. On se dit tous : « Enfin, c’est la fin de ce long cauchemar ». On espère tous également que tout sera différent l’an prochain, car Haïti a plus que jamais besoin d’une nouvelle vague d’espoir. En d’autres termes, elle doit revivre. En effet, cette situation intenable qui y sévit depuis trop longtemps déjà ne peut plus durer. Chaque année, de vains espoirs sont formés et des résolutions prises non tenues. L’année qui suit se doit d’être différente en tout point. Des efforts doivent être consentis de part et d’autre et par tout un chacun (jeunes et vieux).

Pour ce faire, l’unité nationale est impérative. Eh oui, cette unité nationale prônée par plus d’un semble être devenue une utopie en Haïti. On se demande bien pourquoi. Le grand écart socio-économique existant dans le pays semble constituer un obstacle insurmontable dans la réalisation de cette unité. Dans un autre registre, il ne faut pas laisser certaines divergences politiques interférer dans la concrétisation de ce rêve qu’est l’unité nationale. L’union entre sœurs et frères d’une même nation est absolument nécessaire.  “Depi nan Ginen ti nèg rayi nèg parèy li. Ou pa kon n poukisa. Poukisa lè yon moun reyisi an Ayiti se tankou yon defi pou vwazen’l ?”. Cette haine nourrie l’un contre l’autre n’est pas du tout justifiée et n’a pas sa place surtout à l’heure où Haïti a plus que jamais besoin de l’apport de toutes ses filles et de tous ses fils. La situation conflictuelle entre ces derniers devient de plus en plus inacceptable, d’où la nécessité d’une convergence vers un objectif commun.

La classe bourgeoise devrait cesser d’exploiter la classe ouvrière du pays. En effet, les bourgeois ont tendance à regarder la masse comme moyen de lutte contre tout pouvoir en place qui les empêcherait d’agir à leur guise. Ils doivent plutôt s’allier dans un but positif. Au lieu de se liguer contre le pouvoir en place, ils devraient créer plus d’emplois pour les jeunes de ce pays. Bref, ils ont un rôle déterminant à jouer dans le développement du pays. « Lòk yon peyi pandan plizyè mwa pap itil anyen. Se mizè lap plis kreye. Okontrè se laboujwazi kap anrichi li plis. » Dans un pays lock, l’inflation qui croît davantage profite uniquement à l’élite et à elle seule. C’est ce que la grande masse ne semble pas comprendre. 

Sur le plan politique, l’État devrait mettre en place des structures pouvant améliorer les conditions de vie (santé, éducation, eau potable, électricité…). « Quand on met l’homme dans une situation qui ne peut convenir qu’à la bête, il ne lui reste plus qu’à se révolter ou à succomber à la bestialité. » pour citer Aimée Césaire. Nous espérons que les autorités en auront pleinement conscience et ne tarderont pas à mettre tout en œuvre pour aider les plus démunis de la population. 

Et vous, jeunes, sachez que vous êtes l’avenir du pays. Certains tenteront de vous écarter de la vie nationale, mais vous devez vous battre pour vous y faire une place. Comptez sur vous-mêmes. Exigez plus de vous-mêmes. Suivez l’exemple de vos aînés et inspirez-vous de leurs expériences positives. Vous rencontrerez certainement des obstacles sur votre route, mais, si vous croyez vraiment en vos capacités, vous obtiendrez tôt ou tard des résultats. Accrochez-vous fermement à vos rêves. Continuez d’avancer sans broncher. « Toujou sonje ke se chwa ke w fè kap detèmine reyisit ou». Sur ces mots, nous vous souhaitons une bonne et heureuse année 2020 !