Depuis l'aube des temps de l'histoire D'HAÏTI, on a toujours eu trois grandes régions dont le Nord, l'Ouest et le Sud. Toutes les grandes batailles ayant conduit à l'Indépendance le premier Janvier 1804 se sont déroulées dans ces grandes divisions géographiques avec, après l’assassinat en 1806 de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines par des généraux complices, le général Henri Christophe dans le Nord, le général Alexandre Pétion dans l'Ouest et le général André Rigaud avant sa défaite contre le gouverneur général Toussaint Louverture, puis à son retour en 1806 dans le Sud qui comprenait à ce moment là : le Sud Est, les Nippes, la Grande Anse et Les Cayes. Des changements se sont opérés tout le long de l'histoire notamment avec le long règne de 29 ans, des Duvalier Père et Fils, qui ont remanié en profondeur la structure administrative du Grand Sud en délimitant le Sud et la Grande-Anse. Les Nippes et le Sud'Est ayant été soustraits depuis le général président Paul Eugène Magloire qui en fit deux Départements géographiques.

 

Mais, à partir du gouvernement de Jean Claude Duvalier, la Grande-Anse est élevée au rang de Département, laissant ainsi le Sud isolé comme un autre Département ayant Les Cayes pour chef lieu. Ce qui a donné une certaine autonomie administrative à chacun de ces Départements. Mais, le principal objectif visé par les autorités d'alors était loin, très loin d'être atteint. C'était le développement économique qui constituait la gageure. 

Dans le Sud, aux Cayes, existait déjà l'usine sucrière Centrale Dessalines qui, à elle seule faisait bouillir la marmite à plus de cinquante mille familles à travers le pays. À elle s'est adjointe, créée sous Jean-Claude Duvalier, la Banque Nationale de Développement Agricole et Industrielle (BNDAI) qui constituait une fierté pour le Sud et le pays tout entier qu'elle nourrissait de ses produits d'une finesse exquise dont le beurre de table, le beurre de cuisine, le yogourt,  le fromage simple, le fromage tête de Maure, la saucisse, les pâtes de foie, la mortadelle, le hot dog, le jambon et, j'en passe. 

À Cavaillon, la FACOLEF à vu le jour, mettant en valeur tous les lopins de terre avec la culture de la tomate. Sé yo ki vini ak tomat TI JOCELINE ke nou konnen jouk jodi'a nan tout peyi ya. Cette tomate était transformée en ketchup, en jus et en pâte de tomate. Tous les paysans de tout le département cultivaient la tomate et gagnaient honnêtement ainsi leur vie. La FACOLEF expérimentait aussi le pois congo et le maïs en boîte de conserve. 

 

Le citoyen Louis Déjoie, Ing. agronome, futur candidat à la présidence en 1957, de son côté, exploitait les plantes odorantes qu'il transformait dans ses usines d'huiles essentielles. Le vétiver, les feuilles d'oranger, la basilique, le ilang-ilang, la citronnelle, et toutes les feuilles aromatiques étaient plantées, cultivées, récoltées et vendues à cet industriel ingénieur-agronome. Il fut le premier à implanter des usines de vétiver dans le Sud. Il encourageait les gens à cultiver cette plante dont il achetait la racine pour la transformer en huile de vétiver qu'il expédiait à l'étranger. Il avait des usines aux Cayes, à Ducis, et sur la zone côtière. Il disposait de quatre-vingt carreaux de terre à Perrigny, sur la Route de Ducis. Il était encore pourvu d’une superficie d'environ soixante carreaux à l'île à Vaches. Tout cela, cultivé par des paysans qui gagnaient ainsi leur pain quotidien.

Vers les années 2012, un projet d'agrandissement de la piste d'atterrissage à Laborde pour en faire un aéroport international vit le jour à la grande la joie de tous les habitants du département du Sud. Il était question pour l'État Haïtien d'exproprier les habitants de la zone qui avaient consenti positivement à ce projet. Beaucoup d’entre-eux ont déjà été dédommagés. D'autres ne le sont pas encore. Et l'État devra leur payer un plus-value. Les travaux avaient même débuté. Le Premier Ministre d'alors, Son Excellence Monsieur Laurent Lamothe était même présent pour poser la première pierre. C'était un baume d'espoir pour les investisseurs du département qui y voyaient déjà constructions d'hôtels, de magasins, de bâtisses de markets, de factories… avec des lignes de trafic Cayes - Jérémie, Cayes - Tiburon, Cayes - Aquin pour les touristes de l'étranger; il faudra penser à augmenter la production de l'élevage, créer des abattoirs modernes, faire plus de serres d'élevage, car il faudra beaucoup plus de poulets, beaucoup plus d'oeufs pour les touristes qui vont venir pour s’installer dans nos hôtels et nos plages. Le projet s'est arrêté en son parcours, sans explications aucunes.

De nos jours, à cause de la situation d'insécurité que connaît le pays, nos belles plages de Gelée, de Port-Salut, au sable fin et blanc, de l'île à Vaches, de Mme Bernard, de l'Abacou ne sont plus grandement fréquentées. Chardonnières au sable fin et aux raisins délicieux, sucrés et juteux n'est plus fréquentée. Les grottes de Counoubois à Camp-Perrin et Marie-Jeanne à  Port-à-Piment ne sont plus visitées. Le fort de Grosse Caille vis-à-vis d'Aquin sont jetées aux oubliettes. On a éventré le tourisme. On a tout perdu. Mon Dieu. Que faire ? 

Aujourd'hui, dans le Sud, seule l'usine FRAGER du très regretté industriel l’agronome Edmond Pierre qui nous a quittés bien trop tôt est fonctionnelle. Nous voulons croire que la succession est bien assurée et que le département du Sud n'aura pas à se plaindre bientôt de la non-fonctionnalité de cette usine de renommée internationale qui assure le pain quotidien à tant de familles dépendantes.

L'arrivée de cette nouvelle équipe présidentielle et gouvernementale bicéphale devrait nous donner un regain d'espoir ; car ils ne devraient pas être insensibles à ces graves problèmes auxquels le pays est confronté. Cependant, il y a tant de pains sur la planche qu'ils ne savent sûrement pas par où commencer ? Souhaitons seulement qu'il y ait un ou deux d'entre-eux qui se donneront pour tâches de dresser un inventaire exhaustif des besoins du Département du Sud pour les remettre à Qui de droit avec les moyens et les directives nécessaires pour redonner au Sud son visage d'antan. 

Jean William GUILLAUME


NÉ AUX CAYES. 


PROFESSEUR DE FRANÇAIS, D'ANGLAIS, D'ESPAGNOL, DE LATIN ET D'HISTOIRE. PRÉFET DES ARRONDISSEMENTS DES CAYES ET DE PORT SALUT. SUPERVISEUR DÉPARTEMENTAL DU CEP DANS LE NORD OUEST( ÉLECTIONS…

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