Tu me quittes et je le sais ; je le sens. Il y a désormais, dans tes mots, une certaine violence passive que tu ne retiens plus. Tu ne m’aimes plus, tu ne m’aimes pas. J’aimerais sur le coup te chanter inutilement Brel, que les feux des volcans trop vieux rejaillissent souvent.
Tu me quittes et je le sais ; je le sens. Il y a désormais, dans tes mots, une certaine violence passive que tu ne retiens plus. Tu ne m’aimes plus, tu ne m’aimes pas. J’aimerais sur le coup te chanter inutilement Brel, que les feux des volcans trop vieux rejaillissent souvent. À bien y réfléchir j’ai dû, inconsciemment le savoir ; il y a une semaine, je te promettais Paris, les Champs-Élysées et cette montre, inspirée de la côte d’azur, que tu ne porteras jamais.
Maintenant que tout se termine, je ne pense qu’aux choses que nous ne ferons plus jamais : qu’en est-il de Gelée; de Camp-Perrin; tu te fiches à présent du lambi qui grille; des flots interminables du canal. Hier encore, tu me disais que tu aimerais voir le Bas-Camp avec moi, pas Vienne, et surtout pas l’Amérique du sud. A présent que tu vas partir, je sens que nous deviendrons, malgré nous, de parfaits étrangers qui se connaissaient. Je veux croire en tes désirs d’amitié. Mais comment peut-on être ami quand on s’est aimé avec tant de passion, et accepter de ne plus se connaître, de ne plus se toucher. Comment pourrai-je te regarder, dans les bras d’un autre, sourire et aimer pour de bon ? Comment pourrai-je, moi qui n’aime que toi ? Je regarde par la fenêtre du salon et mes désirs d’exil me reviennent. Il faudra bien que je retrouve ma liberté, loin de toi, dans une prison que je construirai pour mieux t’oublier. Qui sait, peut-être sourirai-je un jour dans les bras d’une inconnue qui ne te ressemble pas ? Un jour, qui sait ?
Mais que s’est-il vraiment passé ? Hier, au plus profond de mes doutes, je voulais croire que tu m’aimais encore, juste un peu. N’est-ce pas toi qui avais du mal à me regarder sans sourire ? Oui, aujourd’hui tu me dis que tu souris ainsi à tout le monde. Je me suis toujours cru un peu spécial tu sais, particulier. Excuse mon arrogance, s’il te plait. Je t’ai parlé de la primauté de mes sentiments; de cette impression que je suis le seul à t’aimer; le seul à penser à toi toute la journée; le seul à te déclarer ma flamme à longueur de nuit. Pardonne-moi mon ignorance. Le plus dur à accepter est que tu as raison de me quitter. Tes croyances et ta morale ne te permettent plus de m’aimer. Tu penses que ces sentiments que tu refoules finiront par te détruire, si tu les laisses éclater au grand jour. Je ne voudrais jamais te blesser et encore moins te détruire. Alors, je te laisse partir comme si j’avais le choix, comme si tu n’avais pas déjà pris ta décision. Je sais à présent que mes écrits te manqueront. Il te faudra trouver un autre poète, comme tu dis. Une femme aussi belle que toi est condamnée à être la muse d’hommes faibles, comme moi, qui ne comprendront jamais les mécanismes du majestueux.
J’écrirai encore et encore la vie que je construirai sans toi. Je laisserai à ton nouveau poète le droit de conter tes silences, tes soupirs, tes cris de joie qu’il noiera sous des baisers volés. J’accepterai que j’aie raté notre histoire comme on rate une poésie; trop de fautes. Plus j’écris et plus je m’enferme dans ma mélancolie. Qui m’écrira au petit matin ? Qui se foutra de moi avec ses phrases partielles ? J’ai froid, tu sais. J’ai très froid. Je te perds, toi qui n’as jamais été à moi. Moi qui n’ai jamais été à la hauteur de ton amour.