Je viens d’une famille nombreuse. Nous avons eu et avons des rêves plein la tête. À l’adolescence, nous faisions nos petites conversations dans notre cercle d’amour pour les partager.

Je viens d’une famille nombreuse. Nous avons eu et avons des rêves plein la tête. À l’adolescence, nous faisions nos petites conversations dans notre cercle d’amour pour les partager. Les dire et les imaginer nous incitaient à nous battre pour les réaliser. Et il le fallait, car nos parents, durant les conseils et les soirées familiales chaque lundi soir, nous disaient toujours que l’éducation est la seule pièce d’or pour acheter un avenir meilleur. Je me sers de cette exhortation depuis quelque temps maintenant.

Aujourd’hui, je me prépare à franchir une autre étape dans ma vie, après de maintes courbatures et de nombreuses nuits passées devant mon ordinateur. Des sacrifices, je suis sûre que nous en avons tous faits. Nous avons tous un jour dépassé notre limite, quitté notre zone de confort et nous sommes dit “on n’a rien à perdre, pourquoi pas?”. Tout a commencé lorsque j’ai simplement cliqué sur un lien qui allait m’entraîner dans une aventure vers l’inconnu. Des terres étrangères au début qui sont devenues, par la suite, des mères adoptives ! 

Il y a deux ans, j’avais décidé de tout laisser derrière moi pour acquérir des connaissances pouvant m’aider à concrétiser ces rêves tant nourris depuis mon enfance. Ma première destination était à 12 634 km de la mère patrie Haïti. Me voilà accueillie sur la terre de “Bula”, mot de bienvenue pour les Fidjiens. Je me rappelle, comme si c’était hier, mon arrivée à “Suva”, cette ville humide où il ne cessait de pleuvoir quotidiennement. C’était pour moi une première de toujours me balader avec un parapluie. Cependant, j’aimais ressentir la pluie sur ma peau. C’était mon moment de communion avec la nature fidjienne. Et cela me manque aujourd’hui. 

Fidji est une île paradisiaque, connue pour ses belles plages et sa biodiversité très riche. Bien que située à l’autre bout du monde, Fidji est une île effervescente où les touristes affluent par milliers annuellement. L’énergie que dégage cette terre volcanique est incroyable. J’ai appris à l’aimer avec ses 30° C. Je me disais que c’était le meilleur endroit pour commencer mon aventure. Durant mon séjour de dix mois, j’avais emmagasiné de la matière grise avec des professeurs de différentes nationalités. Mon rêve se réalisait au fur et à mesure que les jours passaient. S’étaient mariés à mon état d’âme des sentiments en montagnes russes qui, souvent, m’ont guidée vers le bureau du psychologue pour souffler un bon coup. Mon expérience était agrémentée par les échanges avec les autres boursiers du Trinidad et Tobago, de Bélize, de Guyana et des États-Unis.  Le contact avec ces différentes cultures me donnait l’envie de voyager dans le monde, pour entre autres danser le carnaval des Trinidadiens et surtout manger le riz aux pois des Béliziens. 

Plus tard, je m’étais envolée pour Samoa où j’ai découvert le “Manu Siva Tau”, un “haka”. C’est une danse de guerrier souvent exécutée durant les cérémonies historiques, privées (dans un village) ou dans les matchs de Rugby (sport régional). Contrairement à d’autres danses, le haka ressemble davantage à un karaoké. Aucun instrument n’est utilisé. Le plus souvent exécuté par des hommes, le haka est rythmé par des mots dans un enchaînement de mouvements énergétiques dirigés par un chef de file. J’y ai assisté pour la première fois durant la célébration du cinquantenaire de l’université.

Apia, capitale de Samoa, était tout à fait différente de Suva en termes de développement économique.  Les besoins primaires étaient à la portée de tous. Je la comparerais à Torbeck vers la fin du 20ème siècle. Ville tranquille où abonde l’air frais, où tout le monde connait tout le monde et où les maisons sont assez espacées entre elles. Samoa constituait pour moi le pays où tout devenait réalité. À peine arrivée et déjà les réunions s’enchaînaient : le sujet de ma thèse, une présentation de celle-ci, la rencontre avec les leaders de l’université…Tout se défilait tellement vite que je n’avais pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. C’était l’ultime étape où il fallait éviter de multiplier les erreurs, car je me devais d’honorer mon pays et ceux qui ont cru en moi. 

Pendant ces 2 ans, je n’ai jamais cessé de rêver, rêver de mon retour, rêver de la ville des Cayes, rêver du futur et de la prochaine décision à prendre. Combien de fois n’ai-je pas voulu tout arrêter? Combien de fois n’ai-je pas été insatisfaite de mon travail ? Combien de fois n’ai-je pas dû recommencer à zéro? Mais cette terre qui m’a dit “Talofa”, pour me souhaiter la bienvenue, m’a permis de mettre un nom sur ma voie professionnelle.
 

Randy C. Pierre-Louis est  mariée et a une petite fille d’un an, est née à Port-au-Prince en 1991 mais pour des raisons personnelles, sa famille avait déménagé aux Cayes en 2000. Elle a fait ses études primaires chez les Soeurs de La Providence et les frères Odile Joseph…

Biographie