Il pleuvait hier soir. Presqu’Imperceptiblement, mais il pleuvait. Tu es revenue à la maison. Tu m’avais laissé, il y a plus d’un mois, pour retrouver ce grand homme qui te faisait frémir.

À une passante !
Il pleuvait hier soir. Presqu’Imperceptiblement, mais il pleuvait. Tu es revenue à la maison. Tu m’avais laissé, il y a plus d’un mois, pour retrouver ce grand homme qui te faisait frémir. Il est beau et fort, disais-tu. Mais te revoilà, assise sur le canapé à regarder dans le vide. Qu’est-ce qui s’est passé, je me demande. Aurais-tu, en si peu de temps, trouvé et perdu la parfaite luxure ? Je savais que Jean n’était pas l’homme pour toi. Il est sculpté comme un dieu, je sais, et ses performances au lit ont dû te faire grimper aux rideaux. Mais je sais aussi que c’est un con, bête comme un âne. Et je suis certain qu’il n’a pas pu, même dans ses rares moments d’intelligence, converser avec toi tard dans la nuit. Je suis content de t’avoir près de moi et j’ai peur aussi. 

Ce mois passé loin de toi m’avait rendu ma liberté, ma joie de vivre. J’oubliais, petit à petit, la douceur de ton corps divin. Le fantôme de ton corps nu, enveloppé dans les draps fatigués, disparaissait doucement. Et la musique de tes reins valsant sur mon corps dénudé perdait sa mélodie. Mais te revoilà ! Il n’y a pas eu de tendresse à ton retour ; tu es rentrée avec violence, me blâmant de ne t’avoir pas envoyé ton chapeau de paille que tu aimais tant. J’avais envie de te dire que je n’étais pas facteur. Mais je t’aurais mise un peu plus en colère. Et je suis un lâche quand je te vois. J’ai vainement cherché dans tes mots les traces de notre amour passé. Et vaincu, j’ai voulu savoir si, entre deux parties de jambes en l’air, tu avais pensé à moi. Tu m’as avoué que j’effleurais ton esprit uniquement quand tu pensais à ton maudit chapeau. 

Ta désinvolture me crevait les yeux, mais je n’y voyais rien. Je ne sais pas pourquoi, après une petite phrase de rien du tout, je suis sorti de mes gonds, j’ai crié. Ce cri, c’était le cri d’un mou qui cherchait les dernières traces de son courage perdu. J’aurais aimé que nous fassions l’amour hier soir pour que je puisse retrouver la chaleur de nos nuits effacées. J’aurais aimé redessiner l’amour sur ton corps souillé par des assauts étrangers. J’aurais aimé que tu me caresses pour te faire pardonner ces actes que tu ne regrettes pas. 

Mais on s’est retrouvé, à trois heures du matin, à parler comme au bon vieux temps. Tu m’as demandé de répondre à la question que tu m’avais posée trois heures plus tôt, à savoir si tu m’avais manqué. J’avais préparé ce moment ; je m’étais dit que j’allais finalement prétendre que tu ne me faisais plus grand-chose, que j’avais tourné la page. Mais j’étais heureux de ton retour, alors je t’ai conté mes nuits et mes jours hantés par ton absence. Mais tu t’en foutais visiblement. Cette question semblait être un dernier hommage à ma faiblesse. 

Je me réveille ce matin et tu n’es plus là. Je pense être heureux que tu sois partie. Hier soir, je me disais que je sortais de l’hiver, que ta présence annonçait la venue du printemps de nos retrouvailles, que nous passerions un été éternel d’amour. Mais, me revoilà en hiver ; tu es repartie. J’avais oublié qu’il existait en hiver des lueurs trompeuses de printemps. Il est fort probable qu’ayant gouté aux ardeurs de Jean, tu ne reviennes jamais dans mon lit de simple mortel. Mais tu reviendras peut-être, pour une nuit, combler tes envies de conversations intelligentes. Et tu m’empêcheras de t’oublier, car tu es la croix que mon amour devra porter.  Je te déteste tu sais, mais je t’aime aussi. 
 

A propos de

Alain Ménélas

Alain Ménélas est un natif des Cayes. Après des études primaires à la Nouvelle Ecole Primaire, Il compléta ses études classiques aux Cours Prives Edme à Port-au-Prince. Quelques années plus tard, Alain reçut son diplôme en Sciences Economiques avec une spécialité en…

Biographie