Pour le commun des Haïtiens il y a un nom, une date qui signifie la dernière bataille de nos ancêtres pour la liberté définitive des esclaves de Saint-Domingue.

 

Pour le commun des Haïtiens il y a un nom, une date qui signifie la dernière bataille de nos ancêtres pour la liberté définitive des esclaves de Saint-Domingue.

Après plus de deux siècles, ce mot trouve enfin une place dans un dictionnaire français pas le plus banal, mais celui de l'Académie Française grâce au célèbre écrivain et académicien Haïtien, Windsor Klébert Laferrière plus connu sous son nom d'artiste Danny Laferrière. 
Situé dans le département du Nord, non loin du Cap-Haïtien, ci-devant appelé Cap-Français ou Cap Henri, dans les faubourgs de la 2ème ville du pays, ce nom : Vertières est l’un des lieux qui a marqué l'histoire de notre pays.

La nuit précédant le jour qui marqua un tournant décisif pour les nègres de Saint-Domingue, le vaillant Jean-Jacques Dessalines encouragea ses hommes les incitant à visionner et saluer la liberté même au péril de leur vie, pour eux, pour leurs frères, pour devenir une nation à part entière.

De son côté, le général Donatien Rochambeau ne manqua pas de fouetter l'orgueil des soldats de la puissante armée française, sûr de battre cette petite armée indigène. 

Mais à sa grande surprise, au cœur de l'affrontement, il fût lui-même étonné et admira la bravoure du général François Capois. Celui-ci n’abandonna pas ni ne se replia pas lorsqu'à trois reprises il se trouva encerclé et pris de court par la défense française qui l’empêcha d'avancer.

J'ai en souvenir cette partie de l'histoire d'Haïti quand étudiant, mon père, avec passion me stoppa en vue de me fournir des explications. Il me raconta qu’à un premier coup de canon, le général Capois l'échappa belle d’une mort certaine mais qui  lui coûta son noble destrier. Se relevant son épée à la main, il cria à ses combattants : « en avant, en avant ».

Plus intrépide qu'avant, il ne lâcha  pas de vue son objectif et continua à faire face au camp ennemi. Une seconde fois un autre  boulet de canon fut lancé pour en finir avec lui mais emporta le beau chapeau du général. Ce qui ne l'ébranla pas mais servit à redoubler sa détermination et sa fougue pour remporter la victoire. 

A ce moment là me disait mon père, jeneral la di : « ah, se pou pouse mouch», « ah, ce n'est que pour chasser les mouches ». Cette 2ème frappe, au lieu de lui faire baisser les bras lui fit encore motiver encore plus ses guerriers avec un « en avant, en avant » bien plus sonore que les précédents. Dès cet instant on le surnomma Capois-Lamort. Pendant toute cette difficile journée, la bataille fût acharnée, sans plainte venant des hommes de l'armée de Saint-Domingue quoiqu’ils fussent exténués. Mais du renfort leur fut envoyé par le général Dessalines.

Tout à la fin du jour, l'envoyé de Napoléon, loua  la bravoure de Capois-Lamort et lui offrit en cadeau un cheval pour remplacer celui qui fut tué par l'armée française. Celle-ci capitula, avec plus de 2/3 de soldats de la défense morts ou gravement blessés.  Le général Rochambeau se résigna à entrer en pourparler avec le général Dessalines qui lui demanda après une journée de discussion de quitter l'île avec son armée et ses français pour ne plus jamais revenir.

C'est cette bataille du 18 novembre 1803 qui nous a valu le titre de Première République noire libre du monde. La jeune nation fût rebaptisée Haïti lors de la proclamation de l'indépendance le 1er Janvier 1804.

Elle n'a pas seulement été un grand affrontement entre les esclaves de Saint -Domingue et l'armée française mais une lutte pour la liberté physique mais aussi celle de l'esprit. 

Puissions-nous nous en servir pour accomplir des actes prodigieux à la manière de nos héros.