Xaragua, un nom qui rappelle bien de bonnes choses. Ceux qui pensent qu’il est ici question de ce magazine mensuel réalisé par des natifs du Sud d’Haïti, détrompez-vous. Le sujet se rapporte de préférence à l’une des cinq subdivisions géographiques ou caciquats de l'île d’Hispaniola avant la découverte d’Haïti.

Xaragua, un nom qui rappelle bien de bonnes choses. Ceux qui pensent qu’il est ici question de ce magazine mensuel réalisé par des natifs du Sud d’Haïti, détrompez-vous. Le sujet se rapporte de préférence à l’une des cinq subdivisions géographiques ou caciquats de l'île d’Hispaniola avant la découverte d’Haïti. Le Xaragua constituait toute la partie du Sud-Ouest d’Hispaniola, du département de l’Ouest en passant par le Sud-est et le Sud, jusqu’à la Grand’Anse. Ce qui fait que ce caciquat était le plus étendu de tout le pays aux côtés des quatre autres dont le Marien, la Magua, la Maguana et le Higuey. 

Cette subdivision géographique conçue et établie par une population inculte n’avait rien à envier à ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le domaine. Même à travers le monde. Les habitants des caciquats ne se battaient pas entre eux pour les limites de leur territoire. L’organisation politique de l’époque pourrait servir de modèle aux Haïtiens d’aujourd’hui. Les autorités hiérarchiques étaient respectées et même adulées.

La vie était agréable dans les caciquats (ou royaumes) où les pratiques quotidiennes des habitants se résumaient à cultiver la terre, à chasser les volailles ou les mammifères  sauvages et  à adorer leurs dieux en toute tranquillité. Faire la fête autour des feux de camp, danser avec leur parures dorées, jouir des bienfaits de la nature constituaient leurs meilleurs moments de détente. 

Ils vivaient en harmonie avec la nature et ne manquaient quasiment de rien. Les enfants mangeaient à leur faim; ils savaient jouer sous la pluie, sous le vent. Le soleil ne brulait ni n’abimait leur peau, car les arbres, très adorés et protégés par les habitants de l’époque, les protégeaient à leur tour contre les coups de soleil.  Ces derniers avaient également au-dessus de leur tête le spectacle hallucinant d’oiseaux divers qui chantaient de jour comme de nuit pour le bonheur d’une communauté vivant en parfait amour avec son paysage. 

Vous diriez que je rêve peut-être. Mais non pas du tout. Voyons cela plutôt comme une page de notre histoire vue à travers les lunettes de mon imagination quand je pense combien cette parcelle de terre, aujourd’hui dénudée, faisait la joie de ses habitants et attisait la convoitise des étrangers.  

Qu’est-il advenu de Xaragua aujourd’hui? 

Le nom a changé. Avec le temps, l’espace géographique qui se rapproche le plus de Xaragua  est celui que tout le monde se plait à appeler le Grand Sud  plus le département de l’Ouest.  La luxuriance naturelle et la beauté sauvage qui caractérisait Xaragua  a cédé la place à une faune moribonde et une flore décrépie et martyrisée.  La couverture végétale est remplacée par le pullulement  des matières en plastique. 

Désormais la terre, nos rivières et nos mers reçoivent plus de plastique que d’arbres et d’eaux. Les besoins insatiables de richesses matérielles de certains compatriotes les ont poussés à condamner à mort  le pays. Les oiseaux comme les hommes sont partis sous d’autres cieux plus attirants; l’eau des rivières devient malsaine. On craint même d’y mettre les pieds voire la boire. La mer est devenue un enfer pour ses locataires. Les animaux doivent parcourir de longs chemins pour trouver de l’herbe fraîche. Le Pic Macaya, l’une des grandes réserves de la biodiversité mondiale reconnue par L'UNESCO, est en train de subir actuellement  les contrecoups du double  phénomène de l’érosion   et de la déforestation. 

Devant un tel drame, nous ne pouvons pas continuer à faire la politique de l’autruche. Il y a encore moyen de recréer notre paradis perdu. Il est temps de reprendre cette vieille et bonne habitude de nous battre pour tout ce qui est cher à nous, comme de protéger notre terre contre ceux qui veulent nous la prendre, où nous obliger à l’abandonner. Pourquoi désirer ce qui se fait ailleurs si chez nous on peut trouver mieux ? Pourquoi vivre dans la crainte de sortir à cause du risque d’être victime de braquage, de vol ou de viol? Jusques à quand peut-on continuer à vivre dans un pays sans espoir, sans lendemain? Est-ce si utopique que ça de rêver d’un Grand Sud aux allures du caciquat Xaragua ?

Non. Ce rêve n’est pas utopique. Il suffit d’un peu de conscience pour porter tout un chacun à remplir comme il se doit son devoir de citoyen pour le bien-être de toute la communauté.

 Espérons que XaraguaMag saura être le phare qui nous guide sur la voie de la rédemption du Sud!