Le racisme n’a pas commencé avec les couleurs de la peau. Il a commencé avec la volonté de certains d’établir les fondements des inégalités raciales.
Le racisme n’a pas commencé avec les couleurs de la peau. Il a commencé avec la volonté de certains d’établir les fondements des inégalités raciales. La nature a voulu que nous soyons différents les uns et les unes des autres, dans nos apparences et aussi dans ce qui nous habite très profondément comme pensée, comme sentiments, comme émotions, pour produire une merveilleuse mosaïque colorée, inspirante, bouillonnante de diversité, féconde en harmonie.
Malheureusement, le racisme a émergé quand des groupes d’individus, mal intentionnés, ont établi leur supériorité sur la base de ces différences. On a beau écrire des lois, signer des conventions, parapher des traités, énoncer des articles de droits humains, il n’en demeure pas moins que l’obscurantisme a gagné et continue de gagner les esprits pour maintenir les inégalités et conforter des utopies viles et macabres. De nombreux oppresseurs ont émergé un peu partout à travers le monde. Leurs discours ont fait école parmi des hommes et des femmes dénaturés-ées. Pire, des oppressés-ées se sont dressés en face de leurs pairs (oppressés) pour se mettre du côté des « forts » et devenir des bourreaux encore plus cruels porteurs de l’absurde évangile de l’«exploitation de l’homme par l’homme ». Des fils et des filles de renégat ayant immolé leur âme sur l’autel de la cupidité et de l’avarice. Des sous-êtres, des avortons de la race humaine. Au lieu de se relever, ils se sont rabaissés, ont provoqué la déliquescence de leur humanité.
Le côté réjouissant, ou, disons-le, le côté valorisant de l’histoire, c’est qu’au cœur de la débandade mégalomane, des consciences avisées se sont démarquées catégoriquement. Nous n’irons pas chercher loin. Feu Anténor Firmin, brillant diplomate et politicien Haïtien eut à publier « De l’Egalité des Races Humaines », en réponse aux élucubrations vides de sens de ceux qui prônaient ouvertement le concept de l’Inégalité des Races Humaines. Dans cette Anthropologie Positive, il réaffirme avec force, le « rôle essentiel des cultures africaines dans l’histoire de la civilisation, des Égyptiens à la première République noire d’Haïti ».
Des hommes et des femmes ont aussi dénoncé jusqu’à le payer de leur vie, les tares et les stéréotypes sociaux. L’exclusion est intolérable, inadmissible. Tout comme la discrimination et ses corollaires d’injustice. La vraie nature humaine les rejette et les condamne sans façon. Nos ancêtres ont juré de vivre libres ou de mourir. C’est au nom de ces valeurs innées qu’ils se sont lancés corps et âme dans la lutte pour l’indépendance et l’égalité sociale. Cet héritage n’a pas de prix et, pour en être dignes, il nous faut, au quotidien, dans les plus infimes choses, dire non à l’inacceptable. Il nous faut avoir sans cesse, ce miroir critique de notre conscience intègre devant nous, pour nous rappeler notre vraie identité d’homme et de femme. Et aussi, nous démarquer des tendances de complaisance à une société en décadence. Car, les valeurs fondamentales sont immuables. Elles se dressent en juge implacables, contre les dérives fallacieuses des minorités dominantes contre les masses exploitées. Elles ont animé l’élan de soulèvement général du bois Caïman, elles ont resserré les rangs pour le renversement de l’apartheid en Afrique du Sud, elles ont animé la militance de leaders influents contre le racisme.
La réalité de chaque jour envoie des interférences trompeuses, comme des images d’hommes et de femmes honorés pour des exploits condamnables, qualifiés à tort de réussite : richesse mal acquise, propagande d’obscénités, pouvoir obtenu à force d’intimidation. Il devient de plus en plus difficile de distinguer les vertus des vices. Les convictions sont ébranlées, les compromis attaquent les consciences.
Toutefois, tout au fond de nous, la flamme de notre humanité est allumée, parfois tourmentée par les turbulences de nos déceptions, de nos incertitudes, de nos hésitations. Mais, toujours digne et fière, elle nous harangue, au nom de nos illustres ancêtres, au nom de notre passé glorieux, nous mes frères et sœurs haïtiens et haïtiennes. Elle nous pousse vers les sommets de l’honneur et des dimensions du cœur, elle nous dicte les paroles de notre hymne à la jeunesse à l’égard de notre chère Patrie :
« Pour te laver, pour te défendre,
De toute injure à ton renom,
À tous ceux-là qui veulent tendre,
À te salir on dira NON! »