On est le samedi 15 juin 2024.  C’est bientôt le solstice d’été, démarrant la saison estivale. Il est 17:00 heures. J’ai terminé mes activités de plein air au Jardin Labo Solivermont. Je voulais me détendre un peu, après une journée ayant le mercure plutôt en hausse inhabituelle pour un Vallois. Allongé sur le ventre dans mon lit, en train de prendre un massage tout en écoutant un documentaire vidéo très intéressant sur la mort, j’ai regardé à travers la porte donnant sur la galerie de ma chambre, en face et au loin, les montagnes éclairées à l’est par les derniers rayons de soleil qui caressent leur manteau vert, mais aussi gris aux endroits dénudés avec des veines ouvertes. 

Je sentais subitement l’envie de me détacher du poids de mon corps pour m’envoler, à travers l’air et l’espace, toucher physiquement ces montagnes comme le font mes yeux à la vitesse d’un cillement. 

Je sentais aussi qu’il y a une vie merveilleuse qui existe dans cet espace brumeux, non perceptible à l’œil habituel mais qui est bien là, sans révéler son nom et, donc, laissant le soin à chacun ayant un septième sens de le deviner et de lui donner la couleur de son fantasme.  

Le soleil peu à peu s’est éclipsé, faisant progressivement place à une sorte de mélancolie de la nature, pendant qu’un bref éclair déchirait l’horizon rappelant qu’en ce mois de juin débute la phase active de la météo, tant avec sa chaleur pour certains et sa canicule pour d’autres, qu’avec le grondement du tonnerre et éventuellement avec des phénomènes extrêmes.  

Le crépuscule annonce bientôt la nuit et la pause de la vie active des humains et des animaux dans les montagnes, en absence d’activités nocturnes régulières.  L’horizon est mal défini au loin par des nuages blancs et grisâtres que tutoient les lignes de crête. 

Le décor est aussi fait du ronflement des motos qui grimpaient, transportant à deux ou trois des personnes qui rentraient de la ville pour retrouver la maison et la famille après une courte absence : « Abitan pa mize lavil ». 

La route est aussi occupée par des gens qui marchaient seuls ou avec d’autres rivalisant de conversation entre eux et échangeant des salutations avec les passants qu’ils croisent ou des familles dont la maison longe leur parcours. 

Ainsi, j’ai reçu un coup de pied aux fesses pour vous raconter ce p’tit instant magique à Vallue.

A propos de

Abner Septembre

Sociologue (Diplôme de maîtrise de l'Université d'Ottawa); Diplôme de Licence en Études Africaines, Afro-Américaines et Caribéennes (Université d'Haïti) ; autres études en Sciences du Développement, en archéologie préhistorique, en tourisme et en design de projet communautair…

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