On dit souvent que la vie en Haïti n’est pas facile, que le respect ne se gagne pas du jour au lendemain. Depuis notre enfance, nous avons étudié que les hommes naissent libres et demeurent égaux en droit. Un concept qui, l’on pourrait dire, n’est plus à l’ordre du jour. Le sens de l’égalité entre les hommes est rejeté et le mépris envers nos semblables ne cesse de croître.

On dit souvent que la vie en Haïti n’est pas facile, que le respect ne se gagne pas du jour au lendemain. Depuis notre enfance, nous avons étudié que les hommes naissent libres et demeurent égaux en droit. Un concept qui, l’on pourrait dire, n’est plus à l’ordre du jour. Le sens de l’égalité entre les hommes est rejeté et le mépris envers nos semblables ne cesse de croître.

De jour en jour, tant par ignorance que par refus d’accepter de prendre en compte cette déclaration des droits de l’homme, nous dressons sur nos têtes le voile de supériorité reniant ainsi ses principes fondamentaux. Et malheureusement, nous voici aujourd’hui plus libres qu’égaux.

Libres de faire ou de dire ce que nous voulons sans en payer les conséquences à cause de notre position sociale ou politique, ou encore parce que nous sommes proches du gouvernement d’une quelconque manière. Nous voici libres de circuler, comme bon nous semble, avec l’argent du peuple opprimé, libres de faire monter les taxes pour les intérêts des uns à l’encontre de ceux de la majorité. Le fait d’être libre ne devrait pas nous autoriser à faire tout ce qui nous plaît jusqu’à en perdre la raison. Cette liberté de mouvement et de parole doit pouvoir s’appliquer à tout le monde en vertu du principe d’égalité. Comme dit le dicton : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît à toi-même. » ou encore « Traite les autres comme tu voudrais être traité ». Cela va de soi, c’est la règle d’or de l’éthique.

Aujourd’hui, tous ces dictons, tous ces principes ne se traduisent plus dans les comportements adéquats qui y correspondent. Nous sommes remplis de préjugés dans nos propres rangs. Nous sommes plus enclins à servir les étrangers que nos compatriotes. Par ailleurs, en matière de service à la clientèle, on assiste davantage à des considérations basées sur le statut économique et social. On utilise toutes sortes de couverture pour nous berner et nous mener aveuglément dans l’abîme. Les véreux prennent place parmi les hommes d’église et les pudiques deviennent des ensorceleurs. Ceux qui prétendent défendre une cause juste parlent à haute voix, mais, face à eux-mêmes dans un miroir, ils reproduisent ceux qu’ils dénoncent. 

Nous ne serons jamais vraiment libres si nous n’acceptons pas de nous donner la main pour des lendemains meilleurs. Pourquoi manifester un sentiment de rejet envers ceux qui ont une forte mélanine au point de les amener à ne pas s’accepter. Voilà que chez eux, s’installe une forme de panique qui les pousse du même coup vers un besoin de pigmentation de la peau afin de se faire accepter et de se sentir valorisés. Nous ne serons jamais libres si nous ne luttons pas pour nos droits sociaux. Ne devrait-on pas tous avoir les mêmes privilèges en matière de santé ? Pourquoi nos enfants ne peuvent-ils pas avoir une éducation de qualité comme celle dispensée dans les établissements privés ? Pourquoi la sécurité n’est-elle pas la même pour tous et partout ?

Où en est l’égalité si certains font face à certaines exigences et que d’autres jouissent d’un privilège de clan pour obtenir ce qu’ils veulent, même si ce n’est pas légal. Dans un pays où les services publics sont perçus comme presqu’inaccessibles, nous sommes en droit de nous demander pourquoi certains obtiennent quand même des services alors que d’autres sont carrément ignorés. Est-ce qu’on peut parler d’égalité quand il est question de clans partout ? Peut-on parler d’unité si je décide d’aider un frère en me basant principalement sur la manière dont il s’habille ? 

L’unité ne peut se baser sur ces fondements inexacts. Trop de disparités et de jalousies de toutes sortes nous rongent et nous empêchent d’avoir une nation florissante. Jusqu’à quand garderons-nous ces préjugés et quand est-ce qu’enfin nous assisterons à l’émergence d’un peuple uni à tous égards ?
 

Maryns-Starline Labossière, née aux Cayes le 22 Juin 1992, est mariée et mère de famille. Elle a fait ses études classiques chez les sœurs de l’Externat Saint Joseph, puis en 2011 a été admise à l’université épiscopale d’Haïti, BTI (Business and Technology Institute) où elle …

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