En 1804, au moment de la naissance de la nouvelle nation, nos ancêtres ont expressément choisi les mots « l’union fait la force » en témoignage de leur accomplissement jusque-là considéré irréalisable et irréaliste. Après avoir été, pendant de nombreuses années sous le joug des occupants qui les ont asservis, le moment était venu pour eux de tenter d’expérimenter une nouvelle façon de vivre.

En 1804, au moment de la naissance de la nouvelle nation, nos ancêtres ont expressément choisi les mots « l’union fait la force » en témoignage de leur accomplissement jusque-là considéré irréalisable et irréaliste. Après avoir été, pendant de nombreuses années sous le joug des occupants qui les ont asservis, le moment était venu pour eux de tenter d’expérimenter une nouvelle façon de vivre. On peut imaginer combien difficiles furent les préparatifs de la lutte devant les amener à cette liberté tant rêvée. Ils ont sûrement nourri de sérieux doutes sur leur projet.  Un fait certain par contre, des messages d’assurance des leaders galvanisaient les esprits vacillants ou défaillants.

Un survol du passé nous présenterait peut-être le tableau de nos ancêtres entassés et enchaînés durant des jours, à peine nourris et mal vêtus pour des températures extrêmes jusqu’à leur destination finale à partir des côtes d’Afrique. On sait aussi que dès leur arrivée, de mauvais traitements corporels leur ont été infligés, stratégie pensée par leurs bourreaux pour créer les effets psychologiques nécessaires pour les mettre en état de soumission totale. Ainsi, les conditions de vie quotidiennes de ces esclaves se détérioraient alors que s’instaurait une colonie très prospère, mais basée sur les exploitations inhumaines de ces Noirs venus d’Afrique. Des générations ont ainsi péri jusqu’à la prise de conscience collective qui, plus tard, suscitera ce besoin urgent de prendre des actions unifiées, spécifiques et précises pour être libres.

Passer à l’action collective requiert toujours un ensemble d’idées les unes plus diverses que les autres. Un certain dépassement de soi facilite l’acceptation et le traitement de ces idées à leur juste valeur pour des résultats signifiants et représentatifs. En outre, un tel processus ne saurait être teinté d’arrogance individuelle, mais plutôt être de nature à reconnaitre, sans préjugés ni discriminations, la valeur et la pertinence des différentes sources d’idées sous quelle que forme qu’elles puissent paraitre. C’est assurément cet exemple d’union d’esprits et d’idées que nos ancêtres ont valorisé pour arriver à faire abolir l’esclavage sur cette terre d’héritage qu’ils considéraient dorénavant comme la leur. Cette union pure, disciplinée et authentique dans leurs rangs a pu générer cette force si puissante à laquelle ne pouvaient résister les blancs. 

Tout au cours de notre histoire de peuple, l’on a vécu des moments d’union qui, malheureusement, n’ont pas produit des effets similaires à ceux de notre indépendance. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces échecs répétés et il y a lieu de souligner en particulier l’une de celle-ci. Seule peut réussir une union naturelle et homogène, basée sur l’intérêt commun, semblable à celle à laquelle étaient parvenus nos ancêtres dans leur soif de liberté. Une pareille union ne saurait s’apparenter à un mélange chimique dans lequel les différents éléments conservent leurs propriétés au point où à tout moment ils pourraient être séparés à nouveau ; non plus que cette union puisse être mécanique où les composantes sont clairement identifiables. Durant ces dernières années, l’on a connu pas mal de tentatives d’union connues sous les noms de G8, G7, G184, pour ne citer que celles-là. Où sont-elles donc passées ? Volatilisées ! Pourtant, nous parlons encore de la rencontre de nos héros au Camp Gérard des Cayes qui aura résulté en un véritable engin constituant une force galvanisatrice et qui représentait l’union parfaite ayant conduit aux batailles de l’indépendance.

À ce carrefour où Haïti semble baigner dans une mer d’incertitudes et d’instabilités de toutes sortes, et où l’on assiste à une valse d’étrangers se disant désireux d’aider à trouver une solution à nos problèmes, une solution nationale s’impose. Si nous ne sonnons pas nous-mêmes la cloche de l’urgence, nous n’arriverons jamais à cette union pouvant faire la force capable de multiplier ces petits pas nécessaires à notre premier rebond. Sinon, donnons-nous tout au moins la tâche de générer la force sur laquelle nous devons nous appuyer pour engendrer cette union si longtemps désirée et si  vainement cherchée. 

Cette force pourrait résulter de l’union de nos intellectuels et de nos cadres formés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, de qui on attend encore des formules en guise de solutions à nos barricades sociétales. La richesse de l’histoire de notre nation est si colossale qu’elle pourrait en elle-même constituer la force qui nous propulse dans l’ère moderne. Au contraire, on ne fait que contempler sans cesse avec des regards divisés et déchirés la beauté de cette histoire qui, pourtant, honore l’union de nos ancêtres. D’autre part, nous pourrions nous inspirer des rapports globaux sur la santé, l’éducation, l’environnement, la pauvreté, et autres qui placent toujours Haïti parmi les nations les moins performantes pour en tirer des motifs qui nous fouettent l’orgueil et nous poussent à nous dépasser. Souvent, ces rapports nous passent sous le nez et nous continuons à patauger dans nos conneries. 

Alors que nous célébrons le 216ème anniversaire de notre indépendance, Xaragua Magazine nous rappelle tous que notre ADN de peuple doit nous propulser vers l’accomplissement de grands projets de société. Servons-nous une fois de plus des motifs d’union de nos ancêtres pour faire la force et en conséquence, améliorer nos conditions de vie et de survie. Si ça ne tient pas, inversons l’ordre des éléments en constituant une force pour atteindre l’union.
 

A propos de

Frantz Pinet

Frantz Pinet est originaire des Cayes. Il a complété ses études classiques aux Cayes. Après un boycott politique sans succès des examens du bacc, il s'est dirigé sans perdre de temps vers une formation technique et professionnelle en électronique d'abord au Canado à Port-au-P…

Biographie